Je n'avais que dix ans mais je m'en souviens clairement. Je ne fais pas ici allusion à un passage sombre de ma vie. Je revois Mario Lemieux qui accepte la passe de Gretzky, à la tête d'un surnombre offensif, qui choisit sagement de ne pas remettre à Larry Murphy isolé à droite et qui bat le gardien soviétique d'un tir précis dans la partie supérieure.

Je me rappelle aussi la célébration derrière le but, l'euphorie dans le Copps Coliseum de Hamilton et la consécration du Canada. Je ne suis pas le seul à n'avoir que ce souvenir, pourtant bien précis, de la Coupe Canada 87. Après tout je n'étais que haut comme ça.

Pour tout dire, mes patrons l'apprennent en même temps que vous, je n'étais pas exaltant de bonheur lorsque l'on m'a informé que RDS rediffuserait, au goût du jour, six matchs du tournoi de Coupe Canada 87 et que je serais assigné à l'analyse à la description. Il y avait évidemment le fait que je préférais penser aux matchs du calendrier régulier 2012-13 de la LNH, mais ça c'est une toute autre histoire. Je n'étais tout simplement pas convaincu d'être l'homme de la situation. Je n'avais pas de souvenirs clairs des matchs, autre que le match ultime face à l'Union Soviétique. Je n'étais qu'un enfant à l'époque.

J'ai changé mon fusil d'épaule aujourd'hui à quelques heures à peine de la retransmission du match Canada-États-Unis. J'ai changé d'idée au fur et à mesure de ma progression dans ma recherche afin d'être adéquatement préparé. J'ai commencé par quelques recherches sur « Google ». S'en est suivi le visionnement de la télédiffusion originale du tournoi à la ronde où je me suis rapidement rendu à l'évidence que ce tournoi, tout comme la Série du siècle, par exemple, représente l'essence même de l'évolution du plus beau sport au monde. La succession des rencontres de l'équipe canadienne raconte une histoire qui transcende même la légende des 23 meilleurs joueurs jamais rassemblés.

Mon approfondissement sur chaque athlète de chaque formation m'a aussi permis de réaliser que mon parcours a croisé celui de certains d'entre eux. Claude Lemieux, Raymond Bourque, Alexei Gusarov, Valery Kamensky, Jari Kurri et Kevin Dineen ont été mes coéquipiers, ou n'était-ce plutôt pas l'inverse. J'ai affronté nombre d'entre eux, incluant Gretzky et Mario, qui ne s'en souviennent assurément pas mais qui, sans le savoir, ont forgé des souvenirs impérissables qui m'ont façonné comme athlète et comme analyste.

Ce que ce projet m'offre sur un plateau d'argent, bref, c'est un cours d'histoire du hockey en accéléré. C'est une formation spécialisée sur la culture générale du sport, son impact sur une génération et un style de hockey qui, même si impensable à soutenir en 2012 à cause d'une multitude de facteurs, est impossible à condamner aux oubliettes aussi vite.

Plusieurs pensent que le meilleur hockey de l'histoire s'est joué au mois de septembre 1987 sur certaines des patinoires les plus mythiques du Canada, il y a 25 ans déjà, lors du tournoi de la Coupe Canada 87. Je n'ai pas encore suffisamment d'années derrière moi pour y aller d'une telle affirmation, mais disons que depuis quelques semaines, j'adhère un peu plus chaque jour à cette école de pensée.

C'est maintenant à votre tour de juger