VANCOUVER -- La présence des MAINEiacs de Lewiston, champions de la LHJMQ, et des Whalers de Plymouth, champions de la Ligue junior de l'Ontario, fait en sorte qu'on retrouve deux équipes américaines au tournoi de la coupe Memorial pour la première fois en près d'une décennie. Celles-ci s'affronteront d'ailleurs au Pacific Coliseum, mardi soir.

En 1998, les Chiefs de Spokane avaient été les hôtes d'une compétition remportée par les Winter Hawks de Portland.

La situation chatouille la fibre nationaliste de certains, qu'elle soit québécoise ou canadienne. Mais c'est là un faux débat, selon les MAINEiacs. Comme le souligne toujours l'entraîneur Clément Jodoin, de Saint-Césaire, son équipe compte 15 Québécois, de même que cinq autres Canadiens du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse.

"On est simplement basé à Lewiston", dit-il, laissant entendre que son équipe n'en est pas moins fière de représenter la LHJMQ.

"On reste l'équipe des Castors de Sherbrooke qui est déménagée à Lewiston", insiste Marc-André Cliche, le tout premier joueur repêché par les MAINEiacs, il y a quatre ans. "Et on a seulement deux Américains sur 24. Il y a au moins trois ou quatre équipes dans la LHJMQ qui en ont plus."

"Si on regarde dans l'ouest, ils ont plusieurs équipes américaines, souligne le gardien Jonathan Bernier. Alors on peut bien en avoir une dans la LHJMQ, surtout s'il y a des villes au Québec qui ne sont pas capables d'avoir de bonnes foules."

Quand aux Whalers, qui sont établis au Michigan, à environ 25 minutes de route de Detroit, ils comptent sept Américains mais 17 Canadiens, tous des Ontariens sauf Daniel Ryder, le frère de Michael, du Canadien, qui est originaire de Terre-Neuve-et-Labrador.

"Il y a des gens qui soulèvent la question un peu, mais en général, ils se sont rangés derrière nous parce qu'ils veulent voir la Ligue de l'Ontario remporter la coupe Memorial, pas le Québec ou l'ouest", explique l'attaquant des Whalers Joe Gaynor.

Les amateurs de hockey américains de Lewiston et Plymouth, eux, ne font pas de cas avec le fait que leurs équipes sont composées majoritairement de Canadiens.

"Ils sont simplement fiers qu'on représente leur ville, affirme Cliche. Il faut dire que les gens du Maine sont ouverts. Ils n'ont pas de préjugés par rapport aux nationalités."

"Les gens aiment les Whalers parce qu'on a plusieurs Américains, et des bons, mais ils encouragent tout le monde, peu importe leur origine", déclare Gaynor.

Plusieurs résidants de Lewiston ont appris à connaître le hockey junior canadien, et en sont même venus à l'aimer davantage que le hockey collégial américain.

"Ils trouvent que c'est excitant, ils aiment voir les futurs pros de la LNH, affirme Jodoin. On a eu Sidney Crosby une vingtaine de fois chez nous, ils viennent découvrir les joueurs les plus talentueux."

"C'est bon pour les jeunes aux Etats-Unis de voir une ligue élite", fait remarquer Bernier.

"Ils aiment le style plus offensif du junior, indique Cliche. Et aussi, parce qu'on porte seulement la demi-visière, il y a plus de batailles, et ils aiment ça je pense. Ils aiment le jeu combatif et en même temps, le fait qu'il n'y a pas de coups salauds. Dans le collégial (où les joueurs portent une protection complète au visage), il y a plus de bâtons élevés."

A Plymouth, où les équipes de différents niveaux sont légion - pas surprenant, le Michigan a été le berceau du hockey au sud de la frontière - bien des amateurs de hockey n'ont pas de préférés.

"Nos partisans sont souvent des connaisseurs de hockey junior, mais aussi de hockey collégial et des Red Wings", indique Gaynor.

La présence des MAINEiacs à Lewiston a par ailleurs fait plaisir à une Québécoise d'origine, Nathalie Roy, chez qui Bernier réside en pension.

"Son conjoint, Yves Lapointe, est un Américain qui a appris le français lorsqu'il l'a rencontrée. Elle était super contente de nous voir arriver, ça lui donnait l'occasion de parler français."