À écouter Gary Bettman, mardi soir, et Bob Goodenow, mercredi soir, sur les ondes de CBC, les propriétaires et les joueurs devront éventuellement s'arrêter à une question.

Les deux hommes ont-ils vraiment l'esprit assez ouvert pour régler ce conflit?

Parce que n'allez pas croire que l'un a été supérieur à l'autre. Bon, d'accord, le commissaire jouissait d'un certain avantage puisque les amateurs en ont au rez-le-bol des hockeyeurs gâtés, jamais satisfaits de leur sort, incapables de réaliser que leur sport est en train de prendre le champ.

Mais, Bettman n'a rien dit pour réconforter le public. Rien du tout. Il a été assez intelligent pour miser sur le contexte et le fait que les propriétaires obtiennent la faveur populaire par une très forte majorité. Mais qu'a-t-il dit de concret? Quelles solutions propose-t-il pour une reprise des négociations? Aucune.

Quant à Goodenow, il est fait de glace. Il ne sourit jamais, il a un mal fou à faire bonne impression à la télé ou encore en conférence de presse. Ses propos sont ceux d'un avocat et non ceux d'un défenseur du hockey. Qu'a-t-il proposé pour une reprise des négociations? Rien du tout. J'imagine que les deux clans ont développé des stratégies dans le but de dérouter l'adversaire mais, entre-temps, ils sont sur le point de détruire leur sport.

Pas d'appuis des amateurs

Si les amateurs américains ont empêché les propriétaires et les joueurs de baseball de déclencher un autre arrêt de travail, il y a deux ans, le hockey ne mise pas sur de tels appuis, bien au contraire. Les chiffres sont alarmants et ils devraient faire réfléchir autant les propriétaires que les joueurs. Ils devraient les ramener au bon sens des affaires. Plus de 90% des Américains n'en ont que cirer du conflit de travail qui paralyser le hockey actuellement. Plus de 65% affirment qu'ils ne seront aucunement dérangés par la perte d'une saison complète. Ils s'en moquent éperdument.

Hier après-midi, je discutais avec Pat Brisson, un agent fort influent, campé à Los Angeles, et qui ne cachait pas son inquiétude devant la tournure des événements. " Ici, la majorité des gens ne savent même pas qu'il y a un conflit de travail dans le monde du hockey, dit-il. L'autre jour, j'étais au gym et parce que les gens connaissent bien mon milieu de travail, on me disait tout bonnement : nous avons entendu dire que ça n'allait pas bien dans le hockey, qu'il y aurait un arrêt de travail. Que se passe-t-il? "

Ça faisait cinq jours que les propriétaires avaient décrété un lock-out. Donc, ce ne sont sûrement pas les Américains qui vont forcer les deux clans à trouver un terrain d'entente, à forcer les deux entêtés avocats à une repris des négociations, si jamais il y a eu un dialogue sérieux au cours des derniers mois.

Du hockey au soccer

"Écoute, le hockey a tellement amenuisé sa cote de popularité au fil des ans, poursuit Pat Brisson, que pendant le tournoi de la Coupe du Monde, on croyait que c'était un tournoi de soccer, ici en Californie. Tu vois, c'est ça le problème, le hockey a besoin d'un " lifting " au niveau du marketing, au niveau de son identification. "

Et ce n'est pas en gardant les stades fermés qu'il y parviendra. Le présent conflit risque d'ailleurs de causer un tort irréparable au hockey professionnel aux Etats-Unis. Le baseball, après 1994, a échappé au pire avec cette course enlevante entre Mark McGwire et Sammy Sosa. Sinon, il aurait encore des plaies à guérir, 10 ans plus tard.

J'imagine que les propriétaires ont applaudi la performance de Bettman devant les caméras de la CBC. Les joueurs ont également multiplié les appels pour dire à Goodenow qu'il a été excellent, qu'il a bien passé le message, qu'il a encore une fois défendu la cause des athlètes avec fermeté.

Mais, il y a une question que les deux organismes doivent se poser, une seule : Bettman et Goodenow, deux hommes avec de grandes aspirations, influencés par leur ego plus gros et plus important que le sport qu'ils sont en train de matraquer, peuvent-ils vraiment apporter au débat un sens réel de la situation? Peuvent-il dénouer l'impasse?

Pour le moment, il est permis d'en douter...Ils ne font absolument rien pour chasser les interrogations...