Je ne fais pas dans le sensationnalisme, par convictions. Pour moi, une opinion sensée est souvent teintée de gris. Rarement totalement noire, presque jamais entièrement blanche. Des exceptions viennent souvent confirmer la règle ou ébranler nos croyances.

Ce billet, j'y songe depuis la lecture d'un courriel troublant. Il ne m'était pas adressé. Je ne l'ai lu qu'à cause de la maladresse d'un bénévole bien intentionné, mais dépassé par les événements. Cette « réponse à tous » envoyée aux parents de jeunes de sept et huit ans était virulente. Mais beaucoup plus courageuse que le message initial rédigé par un de ces parents, de façon anonyme, en pointant même du doigt certains de ces enfants, je le répète, de sept et huit ans. Vous comprendrez que nous sommes, ma femme et moi, parents d'un de ces jeunes « novices ». En résumé, dans un environnement de hockey mineur, comme il y en a des centaines au Québec, des parents ont oublié la raison primaire de leur rôle : l'épanouissement de leur enfant.

Cet événement, quoique perturbant, s'apaisant au fil des heures dans ma tête a été relancé au front par une émission de radio qui, non sportive, dénonçait l'excès d'enthousiasme au hockey mineur. Je ne savais pas encore tout ce que j'en pensais, mais les ingrédients étaient maintenant tous en place.

Aujourd'hui, sans l'endosser, je ne dénonce pas l'excès. La mise en situation élaborée m'a fait réaliser que j'en ai contre les opportunistes qui dénigrent un sport qui m'a donné les valeurs qui font de moi l'homme intègre et rigoureux que je suis.

Je dois tout d'abord apporter les bémols qui sont de mise en ce qui a trait aux comportements excessifs d'un trop grand nombre de parents de petits hockeyeurs qui occupent nos patinoires. Il est inacceptable d'oublier leur bien-être. Des réactions émotives laissent des traces, positives ou négatives. Si mes années de joueur et mes dernières années à titre d'entraîneur au hockey mineur et au hockey junior m'ont appris quelque chose, c'est que l'influence sur les participants est directe et importante. Mais pas nécessairement au niveau hockey. Mes meilleurs « coachs » sont ceux dont je me rappelle leurs discours motivants, leurs interventions humaines. Les systèmes de jeu et les techniques d'entraînement changent; les leçons de la vie quotidienne demeurent.

Leur développement le plus important n'est pas celui du coup de patin ou du maniement de la rondelle, c'est le développement personnel et les valeurs qui s'y rattachent qu'ils ne pourraient aller chercher ailleurs. Le secret n'est pas dans la quantité des heures passées sur la glace, mais dans la qualité et l'accessibilité à des interventions appropriées.

Je dois cependant m'inscrire en faux contre ceux qui avancent que « Trop, c'est comme pas assez! » Je préfère voir des parents très, parfois trop, motivés que d'être témoin de négligence ou d'absence d'encadrement parental. Et tant qu'à donner dans l'excès, aussi bien au hockey; un monde imparfait, où j'y ai personnellement appris, entre autres, l'oubli de soi, la coopération et le dépassement, que dans autre chose où les conséquences peuvent être beaucoup plus fâcheuses.

En ce qui concerne les vire-vent qui sautent sur l'occasion de joindre un mouvement populaire afin de s'intéresser, ne serait-ce que le temps d'un énoncé afin de le rabaisser, à un sport auquel ils n'ont jamais participé activement, je ne les ai pas en grande estime. Comprenez-moi bien, je suis d'avis qu'il est impératif de trouver des moyens afin de réduire les risques de blessures graves et de réinstaurer un respect mutuel entre les compétiteurs. Je ne suis pas de ces dinosaures qui sont réfractaires au changement, mais je suis plus que reconnaissant envers un sport qui m'aura appris, parfois à la dure, ce que je tente moi-même aujourd'hui d'inculquer à mes propres enfants.

Ténacité, discipline, loyauté, persévérance, courage, altruisme, pour ne nommer que celles-là, sont des valeurs qui m'auront suivi pendant douze ans au hockey professionnel et pour le reste de mes jours dans la « vraie vie. »