MONTRÉAL – Ève Gascon franchira, l’automne prochain, une autre étape dans son ascension vers les plus hauts sommets du hockey compétitif alors qu’elle défendra les buts des Patriotes du Cégep St-Laurent.

Elle deviendra du coup la première femme à défendre les couleurs d’un club de division 1 dans les rangs collégiaux masculins après avoir passé la dernière saison avec le Phénix du Collège Esther-Blondin en plus de joindre les rangs du Collège Français de la Ligue junior AAA du Québec.

«Nous avons des équipes masculines et féminines ici au Cégep St-Laurent. On avait donc beaucoup d’intérêt à l’endroit d’Ève que nous avons suivie l’hiver dernier alors qu’elle jouait avec le Phénix. Elle nous a vite convaincus qu’elle avait tous les atouts nécessaires pour défendre les couleurs de notre équipe masculine», a indiqué Hugo Lamoureux, directeur général des Patriotes lors d’un entretien avec RDS.ca en fin d’après-midi jeudi.

«J’ai un très beau défi devant moi», a lancé la jeune gardienne qui aura 17 ans en mai prochain, lorsque jointe au téléphone quelques minutes plus tard.

«J’avais plusieurs scénarios sur la table, mais j’ai tellement reçu de commentaires positifs sur les Patriotes et sur le Cégep St-Laurent que j’ai vite conclu qu’il s’agissait de la meilleure option pour moi», a indiqué la jeune femme qui aurait pu s’expatrier en Ontario pour terminer sa 12e année afin de sauter plus rapidement dans les rangs universitaires canadiens.

Mais voilà : Ève Gascon est déjà dans la mire de plusieurs universités américaines de division 1 (NCAA). Des universités qui ont déposé des offres qui font écarquiller les yeux. Des offres difficiles à balayer du revers de la main.

«J’ai eu pas mal beaucoup d’offres c’est vrai», a timidement confirmé la jeune femme.

Lorsque RDS.ca lui a demandé de chiffrer l’expression «pas mal beaucoup», la gardienne s’est accordé une petite pause avant d’indiquer que cela dépassait la dizaine. Des offres qui viennent d’un peu partout aux États-Unis. Mais selon les commentaires obtenus, il semble qu’Ève Gascon soit plus impressionnée, pour le moment, par le programme de l’université Colgate à Hamilton, une petite localité située près de Syracuse dans le Nord de l’État de New York.

«Je vise les rangs universitaires américains et je suis convaincue que le programme offert par les Patriotes et le Cégep St-Laurent est le meilleur pour m’aider réaliser mes objectifs. Autant sur le plan sportif que sur le plan académique», a indiqué la hockeyeuse qui suivra des cours en sciences humaines.

En 25 matchs avec le Phénix, la saison dernière, Gascon a maintenu une moyenne de 3,57 buts alloués par rencontre et une efficacité de 89,3 %.

Les Jeux olympiques un jour

Directeur général du Phénix du Collège Esther-Blondin, Donald Audette était ravi d’apprendre que son ancienne gardienne poursuivra son ascension dans les rangs collégiaux québécois. L’ancien joueur de la LNH s’est ensuite empressé d’ajouter qu’Ève Gascon poursuivra son ascension jusqu’au plus haut sommet du hockey féminin.

«Je suis convaincu qu’elle défendra les couleurs du Canada aux Jeux olympiques un jour. Elle a toutes les qualités requises pour se rendre jusque-là», a insisté Audette.

Kim Saint-Pierre (médaillée d’or aux Jeux de 2002, 2006 et 2010) et Charline Labonté (médaillée d’or aux Jeux de 2006, 2010 et 2014) sont d’ailleurs les idoles d’Ève Gascon en hockey féminin. Carey Price occupe la première place du côté des gardiens masculins.

Bien plus qu’un coup publicitaire

Donald Audette avait aussi un message à lancer à ceux qui seraient assez obtus dans leurs analyses pour prétendre que sa sélection en division 1 des rangs collégiaux ne soit qu’un coup de publicité.

«Ève sera gardienne là-bas pour les mêmes raisons qu’elle était devant le filet du Phénix : parce qu’elle est bonne. Un point c’est tout. Elle nous a forcé la main l’an dernier lorsqu’elle est arrivée. Elle a fait sa place devant le filet et elle a fait sa place au sein du vestiaire et de l’équipe. Elle a une bonne tête, elle a de la confiance et a du talent», a martelé Audette.

Directeur général des Patriotes, Hugo Lamoureux a renchéri en spécifiant que sa nouvelle gardienne n’avait pas été recrutée pour faire de la figuration.

«Nous disputons 36 matchs en division 1. Plus les parties en séries et quelques matchs hors-concours. Nos gardiens partagent le travail. Ça oscille entre un partage 50-50 ou 55-45, mais les deux gardiens sont aussi importants au sein de notre club. Ève partagera le travail avec Joey Allen que nous avons recruté du côté de Cowansville. On n’a pas de gardien numéro un ou deux. On compte sur deux bons gardiens.»

Une fois avec les Patriotes, Ève Gascon sera d’ailleurs dirigée par Mathieu Chouinard qui marqué l’histoire de la LNH en étant repêché à deux reprises par les Sénateurs d’Ottawa : en première ronde (15e sélection) en 1998 et en deuxième ronde (35e sélection) deux ans plus tard alors qu’il s’est à nouveau retrouvé à l’encan amateur après avoir été incapable de s’entendre sur les modalités d’un contrat d’entrée avec les «Sens». Après une brillante carrière dans la LHJMQ – avec les Cataractes de Shawinigan – Chouinard a ensuite passé six saisons dans les rangs professionnels mineurs disputant une seule partie dans la LNH avec les Kings de Los Angeles en 2003-2004.

D’ici ses premiers coups de patins avec ses nouveaux coéquipiers sur la patinoire de l’aréna Ronald-Caron et ses premiers arrêts à leurs dépens, Ève Gascon espère reprendre l’entraînement le plus vite possible.

«Comme tout le monde, je suis en pause en raison de l’épidémie. Je me repose à la maison – elle habite Terrebonne – avec les membres de ma famille. Ça me permet de me rétablir d’une blessure à l’aine que j’ai subie en fin de saison. Mais j’ai hâte que les «gyms» et les patinoires soient rouverts afin de pouvoir reprendre mon plan d’entraînement sérieusement», a indiqué la jeune femme qui a suivi ses deux frères aînés (Félix et Raphaël) vers le hockey. Raphaël l’a d’ailleurs devancé avec le Phénix avec qui il a évolué dans les rangs Midget AAA.

«Je me suis intéressée au hockey en suivant mes frères. J’ai commencé à jouer à l’attaque, mais dès ma deuxième année novice, je me suis retrouvée devant les buts. C’était d’abord par fascination, mais j’ai vite aimé ça. Et j’ai ensuite connu du succès.»

Un succès qui la conduira dans quelques mois avec les Patriotes du Cégep St-Laurent et peut-être un jour, comme l’assure avec conviction Donald Audette, aux Jeux olympiques.