L'émission Hockey 360 de RDS conclut sa série de trois reportages sur la situation des gardiens québécois dans la LNH. Il est évident que les gardiens provenant du Québec n'ont plus la cote, comme ce fut le cas il y a une dizaine d'années.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène dont, bien sûr, l'émergence des Européens. Certains observateurs soutiennent aussi que l'emphase a peut-être été trop dirigée sur l'aspect technique.

« C'est évident que le rôle principal du gardien est d'arrêter la rondelle, peu importe de quelle façon, mentionne Marc Denis, qui a disputé 349 matchs dans la LNH et maintenant analyse à RDS. L'approche et la façon dont on gère le match sont des aspects tout aussi importants et ont peut-être été laissées de côté. »

« Nous avons fait partie d'un cycle où l'école des gardiens de but était très populaire, affirme l'actuel entraîneur des gardiens des Cantonniers de Magog au niveau Midget AAA, Félix Potvin. On a peut-être oublié de développer les réflexes et le talent inné des gardiens. »

« Selon moi et selon la plupart des gens de mon entourage, c'est qu'on a peut-être développé des gardiens robotisés plutôt que de sélectionner des gardiens qui avaient des qualités athlétiques, » précise Dominic Ricard, directeur général des Voltigeurs de Drummondville.

« Avant, on accordait une importance à la qualité du positionnement et de la technique, indique Patrick Roy. Avec les Dominik Hasek, Tim Thomas et autres qui ont connu du succès, on a découvert qu'ils arrêtent les rondelles malgré leur style. »

L'enseignement trop technique pourrait donc être en cause pour expliquer aussi le fait que l'on développe moins de gardiens de but au Québec. Il est à se demander aussi s'il n'y a pas un peu trop d'entraîneurs qui se proclament spécialistes en la matière.

« S'il y a des centaines d'entraîneurs de gardiens au Québec qui sont capable d'enseigner les techniques, il n'y en a pas es centaines qui sont en mesure d'expliquer l'approche à un jeune gardien en devenir, » tranche Marc Denis.

« Sans dénigrer personne, je connais beaucoup de gens qui se disent spécialistes des gardiens et qui ont des écoles de hockey, avoue Stéphane Fiset, qui a disputé 390 rencontres dans la LNH.

« Ce que je reproche souvent, c'est qu'un gardien n'a pas l'impression qu'il doit s'entraîner comme un joueur, affirme André Tourigny, directeur général des Huskies de Rouyn-Noranda.

Peut-on penser revoir un jour le Québec reprendre sa place sur l'échiquier mondial des gardiens de but? Ça demeure une question bien difficile à répondre.

« Je ne dis pas que ça n'arrivera jamais, mais il est clair que ce n'est pas demain que ça va arriver, » avoue Roy.

« Je crois que oui, explique Ricard. Les entraîneurs des gardiens que je côtoie recherchent de bons athlètes ayant de bonnes qualités puis, ensuite, de développer une certaine mécanique.

« Je ne crois pas que le Québec retrouvera le monopole comme il y a quelques années, tranche Jean-Sébastien Giguère de l'Avalanche du Colorado. Cela étant dit, ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de bons jeunes qui atteindront la LNH.

Il est à souhaiter que l'usine de gardiens de but québécoise reprenne ses lettres de noblesse au cours des prochaines années, car, faut-il le rappeler, en juin dernier pour la première fois depuis 1978, aucun gardien québécois n'a été sélectionné lors du repêchage de la Ligue nationale.

D'après un reportage de Stéphane Leroux