Faut-il s'étonner de la décision de Wayne Gretzky et de ses principaux lieutenants d'opté pour Vincent Lecavalier plutôt que pour Keith Primeau?

On avait crié à l'injustice, en mai dernier, à la suite de la sélection de Kris Draper et de Kirk Maltby au sein de la formation canadienne pendant que Keith Primeau en menait large avec les Flyers de Philadelphie, et pendant que Vincent Lecavalier, lui aussi, profitait d'une formidable tribune - celle des séries du printemps -, pour étaler son talent.

Deux plombiers à la place d'un joueur spectaculaire et d'un guerrier, ça n'avait aucun sens.

Et cette décision demeure encore inexplicable.

On avait beau donner comme raison que, dans un tournoi de cette envergure, il fallait avoir des spécialistes de la défense, personne n'achetait la théorie des penseurs canadiens. On se demandait si Gretzky, qui détient pratiquement tous les records en attaque dans la Ligue nationale, n'avait pas perdu la boule.

Comment pouvait-il privilégier la défensive plutôt que l'attaque dans un tournoi où les joueurs affectionnent particulièrement les attaques répétées et spectaculaire? Savoir corriger son tir, c'est sans doute l'une des plus grandes qualités d'un administrateur. Et Gretzky, depuis qu'il dirige la formation canadienne, a démontré qu'il ne manquait pas de culot dans son plan de gestion.

Quand Steve Yzerman a déclaré forfait en raison d'une blessure, Gretzky et son groupe avaient un choix: c'était Lecavalier ou Primeau. Une situation tout de même délicate considérant que, parmi les penseurs canadiens, il y a Ken Hitchcock, le pilote de Primeau avec les Flyers de Philadelphie. Pourquoi Lecavalier?

"Parce qu'il a élevé son jeu d'un cran pendant les séries éliminatoires, parce qu'il a connu une belle éclosion. Parce qu'il est un jeune joueur créatif", expliquait récemment Gretzky devant la presse à Toronto.

D'accord, mais ce que les membres du comité de sélection ont surtout retenu, ce sont les efforts déployés par Lecavalier lors du septième match entre le Lightning et les Flyers.

Un match où il était opposé à Primeau. On dira que l'infatigable joueur de centre des Flyers n'avait plus d'essence dans le réservoir, c'est vrai. Mais Lecavalier avait disputé un match enlevant dans un contexte où la pression était imposante sur ses épaules de jeune joueur. Il n'en fallait pas plus pour que les gens d'Équipe Canada réalisent qu'ils avaient commis une gaffe dans leur processus de sélection, mais qu'ils devraient placer le nom de Lecavalier en tête de liste des joueurs auxiliaires.

Lecavalier était le cinquième joueur de centre de l'équipe canadienne, il y a deux semaines. Mercredi soir, il pivotait sur l'une des lignes d'attaque les plus créatives du tournoi, un trio qu'il complète avec Dany Heatley et Ryan Smyth.

Jagr et son sens du devoir

Jaromir Jagr devait être le grand leader de la formation de la République tchèque. Or, il est plutôt celui qui mine l'esprit d'équipe. Jagr, voyez-vous, ne voulait pas jouer dans le tournoi de la Coupe du monde. En août, dit-il, les joueurs devraient être en congé et profité du beau temps. C'est là l'attitude d'un joueur qui se traîne les patins depuis deux ou trois ans et qui se fout de tout...

Pour l'énième fois, les journalistes de Toronto ont rappelé aux partisans des Leafs que Vincent Lecavalier était sur le point d'être échangé aux Leafs et ce, alors qu'il vivait des moments difficiles avec John Tortorella. C'est Jay Feaster, aujourd'hui directeur général de l'équipe, qui avait invité le propriétaire Bill Davidson à se pointer le nez et à faire avorter la transaction concoctée par Rick Dudley. Résultat: Dudley a pris le bord, Lecavalier est toujours avec le Lightning et Feaster dirige les opérations du Lightning. C'est ce même Feaster qui, l'an dernier, a invité Lecavalier dans son bureau en compagnie de Tortorella pour purifier l'atmosphère à l'intérieur de l'équipe. Il a avisé Lecavalier qu'il n'allait nulle part et a dit à Tortorella qu'il n'avait pas l'intention de le congédier. "Alors, assurez-vous que ça va marcher entre vous deux..."