Plus que du hockey : Akil Thomas
Hockey jeudi, 27 févr. 2020. 15:17 jeudi, 12 déc. 2024. 10:52Cet article vous est présenté par
Bien qu’il ait pratiqué d’autres sports étant enfant, c’est au hockey qu’Akil Thomas a toujours voulu se consacrer à cause de la profonde admiration qu’il voue à son père Kahlil.
« Mon père était un joueur de hockey et j’ai toujours voulu être comme lui », révèle Thomas. « J’étais bien sûr intéressé par d’autres sports comme la crosse, le football et le baseball, et j’aimais ça, mais ma vie a toujours gravité autour du hockey. »
Aujourd’hui âgé de 20 ans, Thomas est un joueur de hockey de seconde génération dans sa famille. Son père, qui est entraîneur adjoint avec les Swamp Rabbits de Greenville dans la ECHL, a passé plus d’une décennie à jouer au hockey dans les ligues mineures à travers l’Amérique du Nord, notamment dans le giron des Maple Leafs de Toronto à un certain stade, avec les Maple Leafs de St. John’s. L’oncle de Thomas, Leo, a également joué dans le hockey mineur, et en 2018, il est devenu le premier entraîneur-chef noir d’une équipe de hockey professionnel quand il a été nommé à la barre du Mayhem de Macon, dans la Southern Professionnal Hockey League.
Durant son enfance, Thomas a passé quelques années en Floride, où la carrière de son père a pris fin, avant de retourner à Toronto pour jouer avec le réputé club de hockey mineur des Marlboros de Toronto.
Joueur noir dans un sport où la présence des Blancs prédomine, Thomas a trouvé du support au sein de la communauté noire du hockey qui est tissée serrée dans cette ville.
« La communauté noire au hockey est pas mal unie, surtout à Toronto », explique Thomas. « Anthony Stewart (un ancien joueur de la LNH) a été une sorte de mentor pour moi, il m’a dit à quoi m’attendre. On se serrait tous les coudes. Je suis reconnaissant d’avoir rencontré des gars comme ça et d’avoir pu entendre des gens qui ont réussi parler de leur expérience. Ça me touche particulièrement, ça signifie beaucoup pour moi. Si j’ai la chance d’accéder à la LNH un jour et de faire la même chose qu’ils ont faite pour moi, je pense que ce serait gigantesque pour un autre jeune. »
Le rêve de Thomas de jouer dans la LNH est devenu plus tangible lorsqu’il a été sélectionné en deuxième ronde du repêchage de 2018 par les Kings de Los Angeles. Mais c’est surtout un but qu’il a marqué cette année qui a complètement chamboulé la vie de celui qui représentait alors les IceDogs de Niagara, dans la Ligue de hockey de l’Ontario.
D’un seul tir, Thomas est passé d’espoir de la LNH à héros quand il a enfilé le but gagnant qui confirmait la conquête de la médaille d’or par le Canada aux dépens de la Russie au Championnat mondial de hockey junior de l’IIHF en janvier.
Thomas a déjoué le gardien russe Amir Miftakhov grâce à un tir du revers alors qu’il restait un peu moins de 4 minutes à écouler à la troisième période, couronnant ainsi la remontée du Canada qui avait tiré de l’arrière 3-1 pour mériter une deuxième médaille d’or en trois ans.
Avant même d’en arriver là, il y avait toutefois la « petite » difficulté d’être recruté parmi les 23 joueurs qui allaient arborer le chandail du Canada au Mondial junior. Thomas admet que le fait d’attendre de savoir qui a été choisi après le camp de sélection à Oakville, en Ontario, a constitué l’une des matinées les plus stressantes de sa jeune carrière.
« C’était fou », dit Thomas. « Mon cochambreur à l’hôtel était Connor McMichael (centre des Knights de London). En gros, si le téléphone sonnait ou si on cognait à votre porte, ça voulait dire que quelqu’un du groupe allait être retranché. On se disait tous les deux ‘‘Oh non!’’, et on espionnait par l’œil magique pour voir si quelqu’un approchait ou si on entendait quelqu’un dans le couloir. On capotait. TSN faisait la couverture de la sélection et pouvait faire une annonce à tout moment. Ç’a été un des moments les plus angoissants de ma vie. Quand on a reçu la bonne nouvelle, ç’a été un énorme soulagement. »
La popularité de Thomas a explosé depuis ce but en or, et sa carrière de hockeyeur a aussi été bousculée en étant échangé des IceDogs aux Petes de Peterborough. Thomas dit être en train de s’ajuster à une nouvelle normalité.
« Tout s’est passé vraiment rapidement, c’est fou. Il y a eu tellement de gens qui m’ont contacté, tellement d’émotions, puis la transaction est survenue et tout, il a fallu faire mes adieux à Niagara et prendre un nouveau départ à Peterborough. Je pense m’être bien adapté et je me sens bien maintenant. J’ai une routine établie, je connais tout le monde. Je connais les noms de tous les entraîneurs, etc. J’aime vraiment ça ici maintenant et, bien sûr, nous avons une très bonne équipe. »
En tant que joueur noir parmi les plus connus actuellement dans ce sport, Thomas espère que des jeunes de tous horizons et toutes ethnicités continueront de se mettre au hockey.
« Je crois que c’est l’un des plus beaux sports au monde », affirme Thomas. « Je pense que la coupe Stanley est le trophée le plus difficile à gagner. C’est un sport vraiment amusant et j’encourage tout le monde à le pratiquer, peu importe de quelle origine vous êtes. C’est un sport qui évolue en termes de culture du jeu et de diversité. »
Le conseil que Thomas donnerait à des jeunes qui s’initient tout juste au hockey ou qui pense essayer, c’est de faire preuve de persévérance.
« Poursuivez vos rêves », prône Thomas. « Ne laissez rien vous en empêcher. Dans la vie, il y a plusieurs choses qui peuvent vous inciter à dévier de votre trajectoire, mais vous devez continuer de foncer. C’est ce que mes parents m’ont appris dès le premier jour et c’est pas mal tout ce que j’ai à dire. J’ai eu le privilège de rencontrer plusieurs personnes qui ont eu un impact dans ma vie et qui m’ont guidé dans la bonne direction. Si je peux devenir cette personne pour un autre enfant qui dans 10 ans marquera peut-être un but important pour Équipe Canada, ce serait incroyable. »