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Avant que Tessa Bonhomme ne devienne championne olympique et double championne du monde, elle était juste un autre enfant canadien curieux de jouer au hockey à sa garderie.

« Il y avait une majorité de garçons, hormis moi et ma sœur. J’étais l’une des trois filles du groupe, et tout ce qu’ils faisaient, c’était jouer au hockey dans la rue », se remémore Bonhomme. Alors si je voulais jouer avec quelqu’un, outre ma sœur, je devais aller jouer au hockey. C’est ce que j’ai fait et j’ai eu beaucoup de plaisir avec tous mes amis. Heureusement, ma surveillante à la garderie, qui dirigeait une équipe de hockey extérieur avec son mari, a remarqué à quel point je m’amusais et a demandé à mes parents si je voulais jouer. »

Même si Bonhomme s’est retrouvée sur une équipe complètement masculine, celle qui est originaire de Sudbury, en Ontario, assure que le fait d’être la seule fille ne lui a pas mis de barrière.

« Je suppose que j’ai été assez chanceuse de jouer au sein d’équipes où personne ne m’a traitée différemment des autres, se souvient Bonhomme. Mon mini-bâton était lancé dans la pile comme tous les autres. Peu importe dans quelle équipe je me retrouvais, personne n’était fâché ou contrarié. Nous étions tous là pour nous amuser ensemble, pour jouer, et je pense que c’est ce qui m’a fait tomber si profondément en amour avec ce sport. Même si je devais m’entraîner fort, ça ne me dérangeait pas de le faire parce que c’était comme une sortie entre amis. »

Bonhomme soutient que ça lui a pris du temps à apprendre les rudiments du sport, mais que ses entraîneurs et ses coéquipiers la supportaient là-dedans parce que tout le monde avait le même objectif en tête : s’amuser.

« Je pense que la partie la plus difficile au début a été de m’habituer à porter des patins et le reste de l’équipement, puis de me sentir à l’aise à travers tout ça, dit-elle. Mais je me suis graduellement sentie plus à l’aise sur mes deux pieds et j’ai pu commencer à patiner un peu. Ça m’a évidemment pris un peu de temps à apprendre, mais personne ne s’est moqué de moi à cause de ça. Le plus important était de passer du bon temps, d’être avec mes amis, et de m’amuser une petite heure avant de retourner à la maison. C’était un peu comme la période de récréation idéale. »

Alors que le jeu sur la glace de Bonhomme a continué de s’améliorer, les aptitudes qu’elle a développées au hockey l’ont aussi aidée dans d’autres aspects de sa vie.

« Le hockey vous permet de socialiser avec toutes sortes de personnes et je pense que ça m’a aidé à connaître du succès, pas juste sur la glace, mais également à l’extérieur de celle-ci, analyse Bonhomme. Et aussi à apprendre à travailler en équipe, parce que parfois un coéquipier peut avoir certaines habiletés que je n’ai pas, ou vice versa, et c’est correct comme ça. On est conscient de ses forces mais aussi de ses faiblesses et on sait qu’il y a quelqu’un pour nous aider et sur lequel on peut compter. Souvent, les gens croient que le sport est juste une affaire de popularité, de célébrité, de trophées ou que c’est important de finir en héros. En réalité, le sport, c’est bien plus que ça, le hockey en particulier. Je pense qu’on apprend beaucoup sur soi et sur les autres en le pratiquant. »

Le parcours de Bonhomme au hockey l’a fait passer par le club des Lady Wolves de Sudbury avant qu’elle ne fasse le saut dans la NCAA avec les Buckeyes de l’Université Ohio State.

Quand elle a reçu l’appel qui l’invitait à se joindre à l’équipe nationale féminine du Canada, se retrouver en compagnie des plus grandes de ce sport était comme un rêve devenu réalité. Une fois que l’exaltation des débuts s’est dissipée, Bonhomme a découvert qu’elle était entourée de femmes exactement comme elle.

« C’était un tourbillon d’émotions, dit Bonhomme. J’étais vraiment excitée à ma première pratique, mais en même temps, je me demandais si j’étais à la hauteur. Il suffisait de mieux apprendre à connaître toutes ces femmes qui m’avaient tant inspirée dans la vie et dont j’avais des affiches à leur effigie qui ornaient les murs de ma chambre pour constater que ce sont des personnes comme les autres. Elles buvaient la même sorte de bière que moi après un match et faisaient le même genre de blagues que moi dans le vestiaire. On en vient à réaliser que tout le monde est simplement humain. »

En tant que membre d’Équipe Canada, Bonhomme a accompli ce que peu d’athlètes ont réussi à accomplir : gagner une médaille d’or olympique dans son pays natal, comme ç’a été le cas à Vancouver en 2010. Pour Bonhomme, jouer pour le Canada sur la scène mondiale a été un privilège d’une ampleur incomparable.

« Pouvoir enfiler le chandail de son pays et avoir la chance de le représenter sur la scène internationale est sans aucun doute la plus belle chose que quiconque peut vivre, affirme Bonhomme. Je sais qu’il y a des joueurs de la Ligue nationale de hockey qui croient que jouer dans la LNH, c’est ce qu’il y a de mieux, mais en allant aux Jeux olympiques, il y a tellement une sensation d’adrénaline et c’est saisissant quand vous constatez que vous êtes sur la scène mondiale où la crème de la crème est réunie. Vous avez la chance d’arborer les couleurs de votre nation et de parader à la cérémonie d’ouverture pendant que quelqu’un agite le drapeau. Je ne crois pas que je pourrai vivre une autre expérience qui se rapproche de ça. »

Quel conseil donnerait donc Bonhomme à un enfant qui considère essayer le hockey?

Le même que son père lui a déjà donné.

« Pourquoi pas? Fonce, vas-y. Si tu n’aimes pas ça, tu peux toujours changer d’idée. Mais si tu ne tentes pas le coup, comment le sauras-tu?, suggère Bonhomme. C’est cette approche que j’ai préconisée toute ma vie. S’il y a une opportunité qui se présente, saisis-la. Pourquoi pas? À tout le moins, tu risques d’apprendre quelque chose de nouveau sur toi. Ou de te faire un nouvel ami. Qui ne risque rien n’a rien. Fonce, tente ta chance. Dans le pire des cas, tu vas t’amuser. »