MONTRÉAL - On le sait, bien des amateurs de hockey ont eu des réactions épidermiques après avoir vu le geste de Zdeno Chara à l'endroit de Max Pacioretty. On a notamment entendu ou vu plusieurs observateurs, qui sont pères ou mères de famille, se dire «heureux» que leur fils ne joue pas ou ne joue plus au hockey.

C'est là une réaction bien normale, convient Sylvain B. Lalonde, directeur général de Hockey Québec. Celui-ci tient quand même à rassurer les parents inquiets de voir leurs enfants subir le même genre de sévices dans les rangs mineurs.

«On comprend très bien ce genre de réaction, a déclaré Lalonde, jeudi, lors d'un entretien téléphonique. Les incidents au niveau de la LNH ont toujours une influence sur le hockey mineur, de même que les décisions qu'elle prend en conséquence. Et ça amène les gens qui ont des jeunes dans le hockey mineur à se demander si ce sport-là convient à leurs enfants.

«Mais je tiens à les rassurer», a souligné Lalonde, en faisant allusion au fait que depuis plusieurs années maintenant, Hockey Québec cherche à éteindre les instincts guerriers des entraîneurs, des joueurs et des parents de ceux-ci.

Dans un communiqué affiché jeudi sur son site Internet en réaction à l'incident survenu mardi au Centre Bell, et diffusé à tous les intervenants associés à Hockey Québec, la fédération québécoise a rappelé que plusieurs «mesures dissuasives sont en place actuellement au sein du hockey mineur (...) afin de permettre aux joueurs d'œuvrer dans un environnement des plus sécuritaires».

«Le mécanisme Franc Jeu, qui accorde un point supplémentaire à l'équipe qui ne dépasse pas son quota de minutes de punitions durant un match, l'augmentation des sanctions pour les infractions de comportement ainsi que les directives aux arbitres de sévir en tout temps suite à une mise en échec par derrière ou un coup à la tête ne sont que quelques exemples de ces mesures. L'application au Québec de la mise en échec au niveau bantam comporte également des risques moins élevés de blessures», écrit Hockey Québec dans son communiqué.

«Dans notre propre réglementation, on est beaucoup plus sévères (que la LNH) pour des gestes qui sont posés, comme les mises en échec par derrière, les mises en échec à la tête, les bagarres et les mauvais comportements», a noté Lalonde lors de son entretien avec La Presse Canadienne.

«On a augmenté de façon significative toutes nos sanctions par rapport à ça. Parce qu'on veut lancer le message aux parents qu'au terme de leur participation au sein d'une équipe de hockey mineur au Québec, les jeunes auront profité du fait qu'on s'est soucié de leur sécurité, qu'on leur a fourni un environnement le plus sain possible.

«D'ailleurs, je suis souvent dans les arénas et des bagarres, on n'en a pas. Des mises en échec, il y en a de moins en moins parce que la réglementation ne permet pas la mise en échec avant l'âge bantam», a ajouté Lalonde.

Déçu de la LNH

Lalonde s'est dit déçu de la décision de la LNH de ne pas imposer de suspension à Chara.

«La LNH devrait comprendre, ou du moins saisir le message, qu'ils ont une influence sur l'ensemble du hockey, que ce soit au Québec ou en Amérique du Nord. Je considère qu'ils ont une part de responsabilité dans une prise de décision comme celle-là», a-t-il dit.

«La décision prise par la LNH est décevante par rapport à l'incident. Parce qu'elle lance encore un message (négatif), a ajouté Lalonde. La LNH avait une autre belle occasion de faire la démonstration que c'est une ligue sérieuse et qu'il y a des choses à faire par rapport à des gestes comme celui-là.»

Et elle l'a encore ratée.

Mais il ne faut pas nécessairement désespérer. Peut-être qu'un jour, les choses changeront au niveau de la LNH. Elles ont changé pour le mieux depuis quelques années dans la LHJMQ, qui préconise une approche beaucoup plus sévère face à la violence, et Lalonde s'en dit très satisfait.

«Définitivement. Même que je vous dirais que la Ligue de l'Ontario a rejoint la philosophie de la LHJMQ. L'Ouest est en train d'y penser, mais l'Ontario l'a fait. J'écoutais dernièrement (le commissaire de la LHO) Dave Branch parler lors d'une réunion, et il avait alors martelé sa position, à l'effet que les comportements disgracieux n'ont pas leur place, que ce soit dans la LHJMQ ou dans la LHO. C'était une position très ferme.

«Il y a donc des gens qui prennent leurs responsabilités avec une réglementation assez importante. Et les joueurs qui évoluent dans ces ligues vont se retrouver (...) dans la LNH.»