BOSTON - Par Nicolas Landry - Il y a un an, le résultat aurait probablement été différent. Mais pas avec cette mouture du Canadien et encore moins contre l'édition actuelle des Bruins de Boston.

Jeudi soir, un effort plus qu'honnête du Tricolore, une équipe fortement négligée plongée dans un environnement hostile au possible, n'a pas compensé un manque d'opportunisme coûteux et la détermination d'une formation qui en a soupé de se faire humilier par son éternel rival. En l'emportant 4-2, les Bruins ont pris les devants dans une série dont le Canadien tentera d'égaliser les honneurs samedi avant de revenir à la maison.

C'est un plomb de Zdeno Chara lors d'un jeu de puissance en milieu de troisième période qui a permis aux Bruins de délier l'impasse et d'ainsi se défaire d'un adversaire plus coriace qu'anticipé qui avait pris contrôle du match depuis le début de la deuxième période.

« C'est une bonne défaite, se consolait Georges Laraque après la rencontre. Ce soir, nous avons montré que nous pouvons venir gagner à Boston. »

« J'ai trouvé que nous avons joué un fort match, a dit dans la même veine Alex Tanguay. Nous pouvons suivre ces gars-là. »

« C'était important pour nous de remporter ce premier match pour prendre les devants dans la série. Les statistiques du passé ne valent pas grand-chose pour moi », a affirmé l'entraîneur des Bruins, Claude Julien.

Bob Gainey, lui, ne voyait pas l'issue du match du même œil que ses joueurs.

« Je ne vois pas vraiment ce qu'on peut retirer de positif de cette partie. Nous avons été compétitifs, mais il faudra en faire plus. Nous ne voulons pas être aussi bons qu'eux, nous voulons être meilleurs. »

Phil Kessel et David Krejci avaient inscrit les deux premiers buts des Bruins en l'espace de 90 secondes au premier tiers. Kessel a ajouté son deuxième dans un filet désert, un but qui a mené à une escarmouche allumée par Maxim Lapierre dans le coin de la patinoire.

« Un de nos problèmes en saison régulière contre les Bruins était notre jeu en troisième période. Ce soir, le même scénario s'est produit, a souligné Gainey. On peut dire qu'on ne tirait de l'arrière que par un but si on oublie celui dans un filet désert, mais dans cette situation, il en manque quand même deux pour gagner le match. »

La rencontre n'a toutefois pas été marquée par la casse que plusieurs attendaient. Milan Lucic s'est bien fait plaisir avec quelques solides mises en échec et Laraque a fait son tour régulier sur le trio de Saku Koivu et Alex Kovalev, mais la situation n'a jamais véritablement dégénéré.

« C'était important pour nous de jouer de façon physique sans être indisciplinés, explique Lucic. Peu importe ce que Laraque peut déclarer, je voulais me concentrer sur ma partie et aider mon équipe à avoir du succès. »

« Lucic a été excellent ce soir, s'est réjoui Julien. Il a été dominant et est resté discipliné. Son trio, complété par Krejci et Ryder, a créé beaucoup de chances de marquer. On a beaucoup de profondeur et nos quatre trios ont bien joué. »

Christopher Higgins et Alex Kovalev avaient permis au Canadien de remonter la pente.

Carey Price a bien paru, bloquant un total de 35 lancers. Thomas en a reçu 28.

Limiter les dégâts

Invisible à pareille date l'an dernier - tellement que Claude Julien l'avait envoyé réfléchir dans les gradins pour trois rencontres - Kessel a fait savoir à son entraîneur qu'il n'allait pas avoir à lui faire de dessin cette année. Le meilleur buteur des Bruins en saison régulière a ouvert la marque à la 14e minute, récupérant son propre retour de lancer que Price croyait avoir immobilisé. Kessel marquait ainsi dans un quatrième match de suite.

Quatre-vingt-dix secondes plus tard, la belle complicité de Lucic, qui a facilement gagné sa bataille dans le coin de la patinoire avec Josh Gorges, et Michael Ryder a permis à Krejci, complètement oublié par Tomas Plekanec devant le filet, de déjouer Price pour doubler l'avance des locaux.

Si quelqu'un dans l'enceinte du TD Banknorth Garden croyait alors toujours aux chances du Canadien de sortir vainqueur de ce duel, il devait se sentir bien seul au milieu d'une masse imposante et bruyante de partisans qui en demandait plus sans aucune subtilité.

Le Canadien a toutefois utilisé le meilleur moyen pour retrouver un peu de silence. À 16:19, Higgins a mis fin à une séquence qui avait débuté avec un deux contre un raté avec Tanguay et au cours de laquelle les Bruins avaient bloqué trois lancers en logeant la rondelle dans le haut du filet défendu par un Thomas allongé de tout son long.

Le contrôle en deuxième

Les hommes de Gainey ont continué à faire leurs petites affaires en deuxième période, et ce, avec une étonnante efficacité.

Le Canadien a amorcé la deuxième avec son premier jeu de puissance, une opportunité qui n'a rien donné avant que Tanguay ne rate un filet ouvert à la droite de Thomas. Guillaume Latendresse a ensuite profité d'une belle chance de créer l'égalité, mais il a perdu le contrôle du disque en traversant l'enclave.

Thomas a ensuite eu à se signaler devant Glen Metropolit, un des joueurs qui, à l'intérieur de ses moyens, en a donné le plus aux visiteurs. Le remplaçant de Steve Bégin s'est présenté devant le gardien au terme d'une belle descente à trois contre un, mais Thomas a fait l'arrêt avec la jambière.

En fin de période, après un autre jeu de puissance improductif, Koivu est parvenu à garder de justesse la rondelle en territoire des Bruins. Il a ensuite rejoint Kovalev à l'aide d'une passe flottante qui n'a fait qu'une brève escale sur le bâton de l'Artiste, le temps d'être torpillée derrière Thomas qui n'a jamais eu le temps de réagir.

Chara semble en avoir pris bonne note. C'est avec un missile tout aussi destructeur qu'il a redonné vie - et l'avance définitive - aux siens une quinzaine de minutes plus tard.