C'était en février dernier et je revois Gary Bettman, les traits tirés, annoncer la fin des émissions. « Nous nous voyons dans l'obligation d'annuler la saison 2004-05. »

Du moins ce qui en restait.

Puis, Bettman devait ajouter, ayant retrouvé cette fois-çi, son arrogance typique : « Cependant, je peux vous garantir qu'il y aura du hockey en octobre. » Entente ou non avec l'Association des joueurs de la Ligue nationale.

Mercredi, les gouverneurs de la Ligue nationale lui ont dit : « Il y aura du hockey en octobre mais à une condition : nous devons avoir une entente avec NOS joueurs. » C'était à prévoir. Même si l'idée d'amorcer les activités avec des joueurs de remplacement semblaient plaire à quelques propriétaires, les équipes riches ne voulaient rien savoir d'une telle option.

Sûrement pas les Maple Leafs de Toronto.
Sûrement pas les Flyers de Philadelphie.

Et sur le plan de la tradition, sûrement pas le Canadien. On ne voyait pas comment on pouvait endosser cette idée. Imaginez , laisser des joueurs de remplacement endosser un chandail d'une organisation aussi prestigieuse. Comment aurait-on pu vendre une telle chose aux amateurs?

C'est très clair ce que les gouverneurs ont laissé comme message: ils disent à Gary Bettman, « tu dois signer une convention de travail avec les membres de l'AJLNH. Il n'y a pas d'autres solutions. » Ils disent aussi à Bob Goodenow qu'il n'a guère plus le choix, lui non plus.

Mais, de grâce, qu'on empêche à Jeremy Jacobs, propriétaire des Bruins de Boston, tout accès aux réunions entre les deux groupes. Qu'on l'éloigne le plus rapidement possible de toutes les discussions. Il a tout bousillé, mardi. Il ne cherche que la confrontation. Il ne veut faire aucun compromis. C'est lui qui avait envoyé Raymond Bourque à Denver afin qu'il puisse gagner la coupe Stanley. C'est lui qui réalise des profits à chaque année mais qui, depuis deux ou trois ans, voit le chiffre d'affaire de son entreprise s'amenuiser parce qu'il refuse carrément de compétitionner au même niveau que les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, les Red Sox de Boston et les Celtics de Boston.

Mais revenons à la réunion de mercredi à New York. Comment peut-on expliquer cette décision des gouverneurs? On y voit qu'une explication. L'influence des directeurs généraux qui, depuis le début de ce conflit, ont maintes fois répété à leurs proprios que déjà la réduction de 24% des salaires était un pas important vers un système économique intéressant pour le monde du hockey. Que les joueurs de remplacement n'était sûrement pas une bonne idée, bien au contraire. Une telle option ne ferait que mutiler davantage le visage de la LNH. Par conséquent, Bettman et Goodenow doivent compléter un marché.

Ca passe ou ça casse.

L'impatience est palpable chez les propriétaires. C'est la même chose chez les joueurs.
Les propriétaires veulent ouvrir à nouveau leurs amphithéâtres.
Les joueurs veulent retrouver leur emploi. Ils veulent jouer.

Que Bettman et les propriétaires mettent de l'eau dans leur vin. Avant d'annuler la saison, ils étaient prêts à accepter un plafond salarial à $42.5 millions. Pourquoi présenter une nouvelle offre avec un plafond salarial de $37.5 millions plus $2.2 millions en bénéfices marginaux, donc avec un plafond de $39.7 millions?

Et pourquoi Goodenow s'accroche-t-il à un plafond salarial de $50 millions alors qu'il sait très bien que le hockey, en l'espace de quelques années, s'enfoncera dans le déséquilibre économique? Goodenow ne peut plus dire que les proprios ont annulé la saison parce qu'ils veulent effacer l'AJLNH de la carte et qu'ils n'ont que les joueurs de remplacement en tête pour résoudre le problème.

Les gouverneurs l'ont déjoué une fois de plus, mercredi.

Si les gouverneurs ont fait savoir à Bettman qu'il n'y avait qu'une façon de régler le conflit, c'est maintenant aux joueurs d'influence de dire à Bob Goodenow , en bonhomme reviens sur terre. Ce n'est plus le moment de chercher à gagner du temps et à retarder les discussions. C'est le moment de préparer la saison 2004-05. Lou Lamoriello a levé le ton, l'autre jour, en affirmant qu'il était impensable qu'on prenne deux semaines de répit entre deux négociations. Les proprios et les joueurs veulent des résultats concrets. Et vite!