Il y a dix ans, l'incident Trent McLeary
Hockey jeudi, 28 janv. 2010. 22:47 vendredi, 13 déc. 2024. 17:35
Par Éric Leblanc - Il y a 10 ans, le 29 janvier 2000, le Centre Bell a été le théâtre d'une scène tragique alors que Trent McCleary est passé à un cheveu de perdre la vie. Foudroyé par un violent tir à la gorge de Chris Therien, le fougueux attaquant a survécu grâce à une grande dose de courage et une intervention médicale héroïque.
Âgé de 27 ans, McCleary était au sommet de sa forme à ce moment et il tentait de se tailler un poste régulier dans la formation d'Alain Vigneault, lui qui en était à sa deuxième saison dans l'organisation du Canadien.
En enfilant ses patins pour ce match disputé un samedi après-midi, il ne se doutait point qu'il allait disputer la dernière partie de sa carrière professionnelle. Après tout, McCleary avait confondu les sceptiques en atteignant la LNH et il pensait que rien ne pouvait freiner son ardeur.
Depuis cette épeurante blessure, McCleary est passé par toute la gamme des émotions et, une décennie après avoir échappé à la mort, il ne cache pas que cet « anniversaire » sera spécial à ses yeux.
«J'y ai beaucoup pensé au cours des derniers jours, avoue-t-il avec une voix très convenable. Cette semaine, j'ai accepté de participer à une journée carrière dans une école secondaire en Saskatchewan et je me disais : « Wow, ça fait déjà 10 ans! » À mes yeux, c'est presque surréaliste de penser que ça m'est arrivé. J'ai vécu tellement d'événements heureux depuis cette blessure dont mon mariage et la naissance de mes trois enfants.»
Ce souvenir pourrait facilement être douloureux au niveau émotif, mais l'ancien ailier du Canadien ne ressent pas de tels sentiments.
«Si je n'avais pas bloqué de lancers, je n'aurais jamais atteint la LNH donc j'ai la conscience tranquille avec cet incident; celui qui vit par l'épée périt par l'épée!», lance-t-il avec sérénité.
Cette blessure, qui avait rapidement fait le tour de l'Amérique du Nord, a secoué plusieurs personnes et particulièrement ses coéquipiers de l'époque.
«Il y a eu une bonne et une mauvaise nouvelle dans cette histoire, souligne Patrice Brisebois en vantant les qualités humaines de McCleary. La mauvaise nouvelle, c'est que cette blessure a mis fin à sa carrière, mais la bonne nouvelle, c'est qu'il n'a pas perdu la vie.»
Ce drame qui frappait le Canadien devait être géré par Vigneault, un entraîneur-chef depuis seulement trois saisons dans la Ligue nationale. Dix ans plus tard, le pilote des Canucks de Vancouver se souvient très bien de cette épreuve inattendue.
«Je connaissais Trent depuis mon passage comme adjoint avec les Sénateurs d'Ottawa et il est passé à quelques secondes de ne pas s'en sortir», se remémore Vigneault.
Cette tragédie éprouvante pour le Canadien n'a pas été de tout repos pour celui qui a mis un terme à la carrière de McCleary.
«C'est très difficile de penser à cet incident parce que ce ne fut pas une période facile pour moi. Après le match, j'avais les larmes aux yeux parce que je ne savais pas s'il allait survivre», se souvient Therien.
Retour dans le temps
Le 29 janvier 2000, le Canadien luttait pour se tailler une place en séries éliminatoires en recevant la visite des Flyers de Philadelphie. À mi-chemin en deuxième période, les deux équipes se retrouvent à égalité 2 à 2 et Vigneault envoie McCleary sur la patinoire en compagnie de ses partenaires de trio. Durant cette présence, les Flyers attaquent dans le territoire du Canadien et la rondelle revient à la ligne bleue au défenseur Chris Therien qui se prépare à décocher un lancer frappé.
Sans hésiter, McCleary plonge sur la surface glacée pour neutraliser ce tir.
Et boum! La rondelle le heurte de plein fouet à la gorge. Ce choc immense pulvérise le larynx de McCleary qui se tord de douleur sur la patinoire.
«J'étais assis sur le banc des joueurs, se souvient Brisebois. On l'a vu tomber et on savait qu'il avait été atteint autour de la poitrine, mais on ne savait pas où il avait mal.»
Si la plupart des joueurs et partisans ignoraient la gravité de la blessure, la situation était complètement différente pour Therien.
«C'est particulier parce que cette séquence s'est déroulée au ralenti dans ma tête et je ne pourrai jamais l'oublier. Tout juste avant d'effectuer mon lancer, je me suis demandé pourquoi McCleary glissait avec la tête de ce côté. Ensuite, je me souviens d'avoir réussi mon lancer sur réception et j'ai vu la rondelle l'atteindre dans la gorge. J'étais tellement effrayé que j'ai songé me jeter à son secours, mais les gens du Canadien sont arrivés très rapidement», explique celui qui travaille maintenant comme analyste à la radio pour les matchs des Flyers.
Même s'il est incapable de respirer, le petit numéro 6 se relève rapidement et retourne au banc de son équipe grâce à l'aide de quelques coéquipiers et du soigneur Gaétan Lefebvre.
«Quand je l'ai vu s'approcher, je savais que c'était grave, raconte Brisebois. Son visage était très pâle, il avait les yeux vitreux et il semblait sur le point de s'évanouir.»
L'ampleur de la scène devient justement plus éloquente lorsque McCleary s'effondre dans les bras du Docteur David Mulder et du thérapeute Graham Rynbend à son arrivée au banc du Canadien.
«À ce moment, j'ai tout de suite appelé mes collègues à RDS, mais les gens pensaient que ce n'était pas grave et j'ai dû rappeler plus tard après avoir obtenu quelques confirmations», se souvient le reporter Renaud Lavoie qui en était à sa première année à la couverture du Tricolore.
En fait, la vie de McCleary ne tenait plus qu'à un fil.
Toutes les secondes comptaient puisque l'attaquant du Canadien était incapable de respirer. Les Dr. Mulder et Vincent Lacroix doivent intervenir rapidement et ils reçoivent l'aide du chirurgien David Fleiszer qui assistait à la rencontre. La gorge de McCleary a doublé de volume puisque l'air ne peut s'échapper si bien que les médecins n'ont pas le choix et ils percent un trou dans sa gorge à l'aide d'une aiguille pour évacuer ce surplus d'air. Quelques instants plus tard, l'athlète de 27 ans est transporté d'urgence à l'hôpital pour y subir d'autres traitements cruciaux.
Pendant ce temps, ses coéquipiers terminent la deuxième période et leur entraîneur était sur le point d'apprendre les détails de la tragédie.
«Quand nous avons un blessé, je me dirige toujours à la salle médicale dès que la période prend fin pour obtenir un suivi et c'est ce que j'ai fait. J'ai alors aperçu deux thérapeutes et je voyais dans leur visage que ça n'allait pas du tout. Ils m'ont tout raconté. Je me souviens qu'il y avait du sang au sol et ils essayaient de le nettoyer», raconte l'ancien entraîneur du Canadien.
En danger de mort, McCleary arrive finalement à l'urgence 17 minutes après avoir été blessé. Les médecins du Canadien le transportent directement en salle d'opération où il subira une trachéotomie.
«Le Dr. Mulder me disait par après qu'il n'aurait pas survécu si l'ambulance avait dû s'arrêter à une lumière rouge», confie Vigneault.
«Nous étions allés lui rendre visite à l'hôpital et c'était difficile de voir un athlète sur un lit d'hôpital surtout qu'il a failli mourir. Trent était aimé parce qu'il amenait plusieurs aspects à notre équipe en plus d'être une bonne personne à l'extérieur de la patinoire», souligne Brisebois.
À la recherche du précieux chandail
Le 29 janvier 2000, McCleary a frôlé la mort à plusieurs occasions, mais l'équipe médicale du Canadien a tout mis en œuvre pour éviter cette catastrophe. À travers les nombreuses procédures médicales délicates, McCleary a repris conscience, mais il ne garde aucun souvenir de ce moment.
«Je me souviens d'avoir patiné vers le banc, mais c'est tout! Dr. Lacroix et Dr. Mulder m'ont déjà raconté à quel point la situation était critique et j'ai l'impression d'écouter le récit d'un film tellement j'ai de la difficulté à y croire. Je retiens seulement que je me suis battu pour ma vie et je crois que j'ai livré une bonne bataille même si je n'étais pas 100 % conscient», dévoile-t-il.
Après ce match, le Dr. Lacroix a hérité du mandat de rencontrer les journalistes pour expliquer la situation.
« On pouvait très bien voir dans les yeux du Dr. Lacroix qu'il était sous le choc d'avoir vécu cela », indique Renaud Lavoie.
Chose certaine, McCleary n'hésite pas une fraction de seconde pour dire que les médecins du Canadien et tous les autres intervenants lui ont sauvé la vie. D'ailleurs, McCleary continue de chercher, 10 ans plus tard, le cadeau parfait pour les remercier.
«Les médecins ont dû couper mon chandail en haut du logo du Canadien pour faire leurs interventions. Malheureusement, ce chandail a disparu et je tente encore de le trouver sur eBay à l'occasion. Ce chandail représente un peu un trophée pour le Canadien et j'aimerais bien l'encadrer et leur remettre puisque je leur dois ma vie et ils peuvent être fiers.»
Au moment de vivre ce drame, McCleary était fiancé avec sa conjointe Tammy Kassen qui est devenue sa femme et la mère de ses trois enfants. Tout comme lui, sa conjointe a dû surmonter ce nouveau défi.
« Elle a très bien encaissé le coup et c'est peut-être parce qu'elle n'avait pas encore vraiment connu la vie de la LNH avec les hôtels, les avions, les restaurants et les gros salaires, souligne-t-il en riant.
Trent et Tammy sont les parents de trois enfants, une fille de sept ans, un garçon de six ans et une petite fille de deux mois. Les deux plus vieux sont des adeptes du hockey et ils savent que leur père a été blessé en pratiquant ce sport sans en réaliser complètement la gravité.
McCleary préfère donc patienter quelques années avant de tout leur dévoiler, mais il prépare déjà un beau cadeau pour son fils.
« Je ne suis pas venu à Montréal depuis quelques années, mais je prévois le faire quand mon garçon sera un peu plus vieux et qu'il pourra comprendre ma carrière. Il adore le hockey et il parle toujours de Sidney Crosby. J'en profiterai sans doute pour regarder un match avec les anciens et lui faire visiter le vestiaire. Ce serait bien de lui donner une petite motivation pour sa progression. »
Un grand merci à Jeff Hackett
Moins de 24 heures après avoir presque perdu un de leurs coéquipiers, les joueurs du Canadien étaient parvenus à vaincre les Hurricanes de la Caroline au compte de 3 à 0 dans un match à saveur émotive.
Après cette rencontre, le calendrier de la LNH prenait une pause de quelques jours pour les célébrations du match des étoiles et McCleary garde de très bons souvenirs de cette période même s'il était toujours à l'hôpital.
«Presque tous mes coéquipiers, ainsi que les entraîneurs, m'ont rendu visite. Ma carrière dans la LNH a été brève (192 matchs, 8 buts et 15 aides), mais je m'y suis rendu en travaillant fort et en accomplissant certaines tâches que d'autres joueurs refusaient et je crois que j'étais respecté pour cela», lance McCleary avec justesse.
C'est durant ce séjour à l'hôpital que McCleary a reçu un message de la part de Therien qui tenait à lui envoyer des ondes positives.
« Je ne le blâme surtout pas pour ma blessure, il a connu une belle carrière et j'espère qu'il en est fier. »
McCleary a été très bien entouré par ses proches, mais un coéquipier a occupé une place plus spéciale et il n'est pas près de l'oublier.
«Jeff Hackett a été exceptionnel et il est encore l'un de mes bons amis. Je ne jouais pas à tous les matchs donc j'ai passé beaucoup de temps dans les entraînements avec lui, José Théodore et l'entraîneur des gardiens Roland Melanson. Nous sommes tous devenus de bons amis.»
McCleary a tenté un retour au jeu lors du camp d'entraînement de la saison 2000-01, mais sa capacité respiratoire n'était plus suffisante. Heureusement, il peut encore jouer dans une ligue amicale.
« Ce n'est pas trop exigeant et les autres joueurs sont au courant de ma situation donc on s'amuse. Mais disons que mes présences sont plutôt courtes, je ne peux pas respirer!», conclut avec humour celui qui est maintenant conseiller financier depuis cinq ans après avoir oeuvré comme dépisteur pour le Canadien à sa retraite.
Âgé de 27 ans, McCleary était au sommet de sa forme à ce moment et il tentait de se tailler un poste régulier dans la formation d'Alain Vigneault, lui qui en était à sa deuxième saison dans l'organisation du Canadien.
En enfilant ses patins pour ce match disputé un samedi après-midi, il ne se doutait point qu'il allait disputer la dernière partie de sa carrière professionnelle. Après tout, McCleary avait confondu les sceptiques en atteignant la LNH et il pensait que rien ne pouvait freiner son ardeur.
Depuis cette épeurante blessure, McCleary est passé par toute la gamme des émotions et, une décennie après avoir échappé à la mort, il ne cache pas que cet « anniversaire » sera spécial à ses yeux.
«J'y ai beaucoup pensé au cours des derniers jours, avoue-t-il avec une voix très convenable. Cette semaine, j'ai accepté de participer à une journée carrière dans une école secondaire en Saskatchewan et je me disais : « Wow, ça fait déjà 10 ans! » À mes yeux, c'est presque surréaliste de penser que ça m'est arrivé. J'ai vécu tellement d'événements heureux depuis cette blessure dont mon mariage et la naissance de mes trois enfants.»
Ce souvenir pourrait facilement être douloureux au niveau émotif, mais l'ancien ailier du Canadien ne ressent pas de tels sentiments.
«Si je n'avais pas bloqué de lancers, je n'aurais jamais atteint la LNH donc j'ai la conscience tranquille avec cet incident; celui qui vit par l'épée périt par l'épée!», lance-t-il avec sérénité.
Cette blessure, qui avait rapidement fait le tour de l'Amérique du Nord, a secoué plusieurs personnes et particulièrement ses coéquipiers de l'époque.
«Il y a eu une bonne et une mauvaise nouvelle dans cette histoire, souligne Patrice Brisebois en vantant les qualités humaines de McCleary. La mauvaise nouvelle, c'est que cette blessure a mis fin à sa carrière, mais la bonne nouvelle, c'est qu'il n'a pas perdu la vie.»
Ce drame qui frappait le Canadien devait être géré par Vigneault, un entraîneur-chef depuis seulement trois saisons dans la Ligue nationale. Dix ans plus tard, le pilote des Canucks de Vancouver se souvient très bien de cette épreuve inattendue.
«Je connaissais Trent depuis mon passage comme adjoint avec les Sénateurs d'Ottawa et il est passé à quelques secondes de ne pas s'en sortir», se remémore Vigneault.
Cette tragédie éprouvante pour le Canadien n'a pas été de tout repos pour celui qui a mis un terme à la carrière de McCleary.
«C'est très difficile de penser à cet incident parce que ce ne fut pas une période facile pour moi. Après le match, j'avais les larmes aux yeux parce que je ne savais pas s'il allait survivre», se souvient Therien.
Retour dans le temps
Le 29 janvier 2000, le Canadien luttait pour se tailler une place en séries éliminatoires en recevant la visite des Flyers de Philadelphie. À mi-chemin en deuxième période, les deux équipes se retrouvent à égalité 2 à 2 et Vigneault envoie McCleary sur la patinoire en compagnie de ses partenaires de trio. Durant cette présence, les Flyers attaquent dans le territoire du Canadien et la rondelle revient à la ligne bleue au défenseur Chris Therien qui se prépare à décocher un lancer frappé.
Sans hésiter, McCleary plonge sur la surface glacée pour neutraliser ce tir.
Et boum! La rondelle le heurte de plein fouet à la gorge. Ce choc immense pulvérise le larynx de McCleary qui se tord de douleur sur la patinoire.
«J'étais assis sur le banc des joueurs, se souvient Brisebois. On l'a vu tomber et on savait qu'il avait été atteint autour de la poitrine, mais on ne savait pas où il avait mal.»
Si la plupart des joueurs et partisans ignoraient la gravité de la blessure, la situation était complètement différente pour Therien.
«C'est particulier parce que cette séquence s'est déroulée au ralenti dans ma tête et je ne pourrai jamais l'oublier. Tout juste avant d'effectuer mon lancer, je me suis demandé pourquoi McCleary glissait avec la tête de ce côté. Ensuite, je me souviens d'avoir réussi mon lancer sur réception et j'ai vu la rondelle l'atteindre dans la gorge. J'étais tellement effrayé que j'ai songé me jeter à son secours, mais les gens du Canadien sont arrivés très rapidement», explique celui qui travaille maintenant comme analyste à la radio pour les matchs des Flyers.
Même s'il est incapable de respirer, le petit numéro 6 se relève rapidement et retourne au banc de son équipe grâce à l'aide de quelques coéquipiers et du soigneur Gaétan Lefebvre.
«Quand je l'ai vu s'approcher, je savais que c'était grave, raconte Brisebois. Son visage était très pâle, il avait les yeux vitreux et il semblait sur le point de s'évanouir.»
L'ampleur de la scène devient justement plus éloquente lorsque McCleary s'effondre dans les bras du Docteur David Mulder et du thérapeute Graham Rynbend à son arrivée au banc du Canadien.
«À ce moment, j'ai tout de suite appelé mes collègues à RDS, mais les gens pensaient que ce n'était pas grave et j'ai dû rappeler plus tard après avoir obtenu quelques confirmations», se souvient le reporter Renaud Lavoie qui en était à sa première année à la couverture du Tricolore.
En fait, la vie de McCleary ne tenait plus qu'à un fil.
Toutes les secondes comptaient puisque l'attaquant du Canadien était incapable de respirer. Les Dr. Mulder et Vincent Lacroix doivent intervenir rapidement et ils reçoivent l'aide du chirurgien David Fleiszer qui assistait à la rencontre. La gorge de McCleary a doublé de volume puisque l'air ne peut s'échapper si bien que les médecins n'ont pas le choix et ils percent un trou dans sa gorge à l'aide d'une aiguille pour évacuer ce surplus d'air. Quelques instants plus tard, l'athlète de 27 ans est transporté d'urgence à l'hôpital pour y subir d'autres traitements cruciaux.
Pendant ce temps, ses coéquipiers terminent la deuxième période et leur entraîneur était sur le point d'apprendre les détails de la tragédie.
«Quand nous avons un blessé, je me dirige toujours à la salle médicale dès que la période prend fin pour obtenir un suivi et c'est ce que j'ai fait. J'ai alors aperçu deux thérapeutes et je voyais dans leur visage que ça n'allait pas du tout. Ils m'ont tout raconté. Je me souviens qu'il y avait du sang au sol et ils essayaient de le nettoyer», raconte l'ancien entraîneur du Canadien.
En danger de mort, McCleary arrive finalement à l'urgence 17 minutes après avoir été blessé. Les médecins du Canadien le transportent directement en salle d'opération où il subira une trachéotomie.
«Le Dr. Mulder me disait par après qu'il n'aurait pas survécu si l'ambulance avait dû s'arrêter à une lumière rouge», confie Vigneault.
«Nous étions allés lui rendre visite à l'hôpital et c'était difficile de voir un athlète sur un lit d'hôpital surtout qu'il a failli mourir. Trent était aimé parce qu'il amenait plusieurs aspects à notre équipe en plus d'être une bonne personne à l'extérieur de la patinoire», souligne Brisebois.
À la recherche du précieux chandail
Le 29 janvier 2000, McCleary a frôlé la mort à plusieurs occasions, mais l'équipe médicale du Canadien a tout mis en œuvre pour éviter cette catastrophe. À travers les nombreuses procédures médicales délicates, McCleary a repris conscience, mais il ne garde aucun souvenir de ce moment.
«Je me souviens d'avoir patiné vers le banc, mais c'est tout! Dr. Lacroix et Dr. Mulder m'ont déjà raconté à quel point la situation était critique et j'ai l'impression d'écouter le récit d'un film tellement j'ai de la difficulté à y croire. Je retiens seulement que je me suis battu pour ma vie et je crois que j'ai livré une bonne bataille même si je n'étais pas 100 % conscient», dévoile-t-il.
Après ce match, le Dr. Lacroix a hérité du mandat de rencontrer les journalistes pour expliquer la situation.
« On pouvait très bien voir dans les yeux du Dr. Lacroix qu'il était sous le choc d'avoir vécu cela », indique Renaud Lavoie.
Chose certaine, McCleary n'hésite pas une fraction de seconde pour dire que les médecins du Canadien et tous les autres intervenants lui ont sauvé la vie. D'ailleurs, McCleary continue de chercher, 10 ans plus tard, le cadeau parfait pour les remercier.
«Les médecins ont dû couper mon chandail en haut du logo du Canadien pour faire leurs interventions. Malheureusement, ce chandail a disparu et je tente encore de le trouver sur eBay à l'occasion. Ce chandail représente un peu un trophée pour le Canadien et j'aimerais bien l'encadrer et leur remettre puisque je leur dois ma vie et ils peuvent être fiers.»
Au moment de vivre ce drame, McCleary était fiancé avec sa conjointe Tammy Kassen qui est devenue sa femme et la mère de ses trois enfants. Tout comme lui, sa conjointe a dû surmonter ce nouveau défi.
« Elle a très bien encaissé le coup et c'est peut-être parce qu'elle n'avait pas encore vraiment connu la vie de la LNH avec les hôtels, les avions, les restaurants et les gros salaires, souligne-t-il en riant.
Trent et Tammy sont les parents de trois enfants, une fille de sept ans, un garçon de six ans et une petite fille de deux mois. Les deux plus vieux sont des adeptes du hockey et ils savent que leur père a été blessé en pratiquant ce sport sans en réaliser complètement la gravité.
McCleary préfère donc patienter quelques années avant de tout leur dévoiler, mais il prépare déjà un beau cadeau pour son fils.
« Je ne suis pas venu à Montréal depuis quelques années, mais je prévois le faire quand mon garçon sera un peu plus vieux et qu'il pourra comprendre ma carrière. Il adore le hockey et il parle toujours de Sidney Crosby. J'en profiterai sans doute pour regarder un match avec les anciens et lui faire visiter le vestiaire. Ce serait bien de lui donner une petite motivation pour sa progression. »
Un grand merci à Jeff Hackett
Moins de 24 heures après avoir presque perdu un de leurs coéquipiers, les joueurs du Canadien étaient parvenus à vaincre les Hurricanes de la Caroline au compte de 3 à 0 dans un match à saveur émotive.
Après cette rencontre, le calendrier de la LNH prenait une pause de quelques jours pour les célébrations du match des étoiles et McCleary garde de très bons souvenirs de cette période même s'il était toujours à l'hôpital.
«Presque tous mes coéquipiers, ainsi que les entraîneurs, m'ont rendu visite. Ma carrière dans la LNH a été brève (192 matchs, 8 buts et 15 aides), mais je m'y suis rendu en travaillant fort et en accomplissant certaines tâches que d'autres joueurs refusaient et je crois que j'étais respecté pour cela», lance McCleary avec justesse.
C'est durant ce séjour à l'hôpital que McCleary a reçu un message de la part de Therien qui tenait à lui envoyer des ondes positives.
« Je ne le blâme surtout pas pour ma blessure, il a connu une belle carrière et j'espère qu'il en est fier. »
McCleary a été très bien entouré par ses proches, mais un coéquipier a occupé une place plus spéciale et il n'est pas près de l'oublier.
«Jeff Hackett a été exceptionnel et il est encore l'un de mes bons amis. Je ne jouais pas à tous les matchs donc j'ai passé beaucoup de temps dans les entraînements avec lui, José Théodore et l'entraîneur des gardiens Roland Melanson. Nous sommes tous devenus de bons amis.»
McCleary a tenté un retour au jeu lors du camp d'entraînement de la saison 2000-01, mais sa capacité respiratoire n'était plus suffisante. Heureusement, il peut encore jouer dans une ligue amicale.
« Ce n'est pas trop exigeant et les autres joueurs sont au courant de ma situation donc on s'amuse. Mais disons que mes présences sont plutôt courtes, je ne peux pas respirer!», conclut avec humour celui qui est maintenant conseiller financier depuis cinq ans après avoir oeuvré comme dépisteur pour le Canadien à sa retraite.