TORONTO - Le plan Sinden est intéressant.

La suggestion Bowman ne manque pas d'originalité.

L'élimination de la ligne rouge pour ajouter la possibilité de la passe dite « bombe » mérite considération.

Mais, a-t-on oublié qu'il y a un an, le Lightning de Tampa Bay enlevait la coupe Stanley avec une équipe qui misait sur un système basé entièrement sur l'attaque?

La Ligue nationale tient présentement des séances d'étude dans la cadre d'une recherche sur la façon dont on doit améliorer le spectacle. Changements au niveau des règlements, changements au niveau de l'équipement du gardien, modifications possibles du filet des gardiens, possibilité de réduire le personnel des joueurs de 20 à 18.

A n'en pas douter, le lockout aura finalement eu des effets bénéfiques, forcant les penseurs du hockey à penser. Obligeant les dirigeants du hockey à diriger. Poussant les décideurs à décider. Mais, il y a un élément sur lequel les intervenants du hockey professionnel ne doivent surtout pas négliger, c'est celui des conditions de jeu.

Si on cherche à camoufler les problèmes du hockey en voulant apporter des changements radicaux au niveau de la surface de jeu, alors on ne parviendra jamais à trouver la bonne formule, on ne réussira jamais à créer les bons règlements, on se trompera carrément sur la dimension des filets. Ce que les intervenants doivent surtout résoudre, ce sont les problèmes majeurs créés par l'obstruction et par l'accrochage, un fléau qui a lourdement endommagé les structures de la ligue. Harry Sinden peut suggérer le système le plus révolutionnaire, ça ne fonctionnera jamais tant et aussi longtemps qu'on permettra aux joueurs aux talents limités d'utiliser des méthodes illégales pour ternir le spectacle.

Scotty Bowman peut toujours proposer un système fort astucieux, il ne marchera pas tant et aussi longtemps que les officiels n'auront pas carte blanche pour enrayer l'accrochage et l'obstruction.

Il y a 15 ans - ce n'est pourtant pas si loin - les Oilers d'Edmonton marquaient 400 buts par saison. Comment se fait-il qu'on se trouve maintenant dans un amphithéâtre près de l'aérogare de Toronto et qu'on expose différents concepts aux intervenants du hockey afin justement de redonner au sport ses attributs?

Ne devrait-on pas regarder en premier lieu ce qui a amené le hockey vers une situation aussi inquiétante? N'a-t-on pas chercher justement à freiner les élans des Oilers en éliminant les situations à quatre contre quatre, une suggestion de Cliff Fletcher parce que SES Flames de Calgary, à l'époque, avaient du mal contre les Oilers? N'a-t-on pas limité le talent des acteurs en multipliant les concessions à gauche et à droite.

Il y a une question qu'on ne peut éviter? Comment les joueurs de troisième et quatrième lignes se comporteraient-ils dans le système Sinden? Ils ne sont pas reconnus comme de bons passeurs. Certains manquent de rapidité. D'autres manquent d'imagination. Donc, on aurait un mal fou à corriger les lacunes actuelles. Comment réagiraient-ils dans le système Bowman? Au cours d'une conversation avec Bob Gainey, il y a quelques mois, j'abordais le sujet de la zone centrale que l'on a réduite afin de créer plus d'espace derrière le filet. Gainey admet que ce fut une erreur mais qu'il fallait maintenant aller de l'avant et chercher d'autres solutions.

Peut-on m'expliquer alors pourquoi les systèmes proposés par Sinden et Bowman touchent justement la zone centrale qu'on souhaite plus grande dans le but de fournir de l'espace aux plus doués? Le hockey n'a-t-il pas suffisamment mutiler son produit en apportant des modifications sans s'interroger sur la façon de les appliquer?

Qu'on réduise l'équipement des gardiens, personne ne contestera, pas même les gardiens. Cependant, ne devrait-on pas réduire aussi le personnel de jeu afin de fournir encore plus de temps de jeu aux plus talentueux?

Il faut faire attention dans l'application de nouveaux changements relativement à la surface de jeu. Lors des derniers championnats du monde en Autriche, trop souvent a-t-on vu des équipes aux talents mitigés se cramponner à leur propre ligne bleue afin de limiter les dégâts contre un rival plus coriace, un rival mieux nanti? Croyez-vous que les entraineurs rusés ne trouveraient pas une solution pour contrer l'adversaire si on le permet toujours l'obstruction et l'accrochage.

On reviendra aux mêmes points...