PITTSBURGH (AP) - La LNH ferait mieux d'annuler la saison 2004-2005 que de disputer une campagne écourtée, selon des économistes réputés.

La LNH aurait de la difficulté à amadouer les partisans qui ont perdu tout intérêt depuis le début du lock-out, affirment-ils, et leur demander de suivre une saison de seulement 28 matchs, au printemps de surcroît, serait une grossière erreur.

"Elles (les concessions de la LNH) vont souffrir lorsqu'elles reviendront - elles souffraient d'ailleurs avant le lock-out puisqu'elles avaient de moins en moins de partisans", a déclaré Andrew Zimbalist, professeur d'économie qui étudie les tendances économiques du sport américain à Smith College.

"Ils se mettent à dos une bonne partie des partisans qui n'avaient pas encore déserté le hockey.

"Ils jouent avec le feu, ce qui n'est pas une bonne idée pour un sport qui se joue sur la glace", a ajouté Zimbalist.

Saison ou pas, les analystes préviennent qu'il faudra plusieurs années pour réparer les dommages causés par le lock-out.

La valeur des concessions, déjà plus basse qu'au baseball, au football et au basketball, diminuera encore plus, disent-ils. Les revenus seront également à la baisse puisqu'il faudra fort probablement réduire le prix des billets pour regagner la sympathie des amateurs.

L'automne dernier, le magazine Forbes avançait que six des concessions de la LNH - les Mighty Ducks d'Anaheim, les Thrashers d'Atlanta, les Oilers d'Edmonton, les Sabres de Buffalo, les Penguins de Pittsburgh et les Hurricanes de la Caroline - avaient à peine le dixième de la valeur des Redskins de Washington de la NFL, estimée à 1,1 milliard $ US.

"Quand vous avez un conflit du genre, il y a certainement un impact sur la valeur", a noté Jackie Dal Santo, qui évalue les concessions pour la firme Willamette Management Associates à Chicago. Il est difficile d'avancer quel pourcentage, mais il y a certes un impact général sur la ligue dans son ensemble. Plusieurs des équipes de la LNH avaient déjà déclaré faillite ou étaient près de le faire."

Roger Noll, un professeur d'économie à Stanford University qui étudie le domaine du sport, se demande comment les équipes des petits marchés et les formations des Etats du Sud feront pour survivre à long terme. Il prédit que d'ici 10 ans, il ne restera plus qu'une super-ligue nord-américaine amputée d'une douzaine de ses clubs.

"C'est ridicule de penser que la LNH puisse résoudre ses problèmes seulement au moyen d'un plafond salarial, a dit Noll. Les meilleures équipes empocheront plus de profits, mais les petits marchés ne seront pas davantage viables. L'écart des revenus à travers la ligue est plus important au hockey que dans les autres sports et il n'y a aucune solution possible strictement au niveau des salaires. Certaines équipes ont 25 fois (les revenus de droits de télé) d'autres équipes. La seule solution, c'est d'éliminer les équipes des petits marchés ou les subventionner.

"Même si on ramenait les salaires à zéro, je me demande si les équipes des petits marchés auraient suffisamment de revenus pour couvrir leurs frais. Une implosion de la ligue est probable parce que les équipes des gros marchés ne sont pas convaincues qu'ils ont avantage à partager leurs revenus."

Noll affirme que la structure économique de la LNH ne fonctionne pas parce qu'elle a été mise sur pied au milieu des années 1990, alors que les droits de télé et de commercialisation allaient en augmentant.

"En gros, ils donnent leur produit, a souligné Noll. La LNH n'a pas développé des marchés en santé hors du Nord-Est des Etats-Unis et du Sud-Est canadien. Ils sont pris avec des équipes d'expansion qui ne sont pas viables et il n'y a pas de solution. C'est fou. Une ligue ne peut pas fonctionner quand elle est structurée comme elle l'est présentement."