Ma première réaction au sujet de la composition de l'équipe canadienne en est une de déception pour Martin St-Louis. J'ai de la difficulté à laisser un compétiteur comme lui de côté surtout qu'il ne présente pas de grandes faiblesses et il connaît toujours de bonnes saisons.

St-Louis possède une éthique de travail exceptionnelle et j'ai de la misère avec le fait de le laisser à la maison. En fait, il s'agit de ma seule grande surprise du côté des joueurs ignorés.

De l'autre côté, Brenden Morrow constitue ma grande surprise parmi les joueurs sélectionnés par Steve Yzerman et ses collègues. Bien sûr, je comprends la logique derrière la sélection de Morrow puisque les dirigeants veulent compter sur un trio qui peut jouer un style plus physique et défensif avec ce dernier, Mike Richards et Patrice Bergeron. Malgré tout, j'ai de la difficulté à ignorer St-Louis au profit de Morrow.

D'ailleurs, Kevin Lowe a confirmé entrevue que les dirigeants recherchaient un trio plus défensif. Ils ont sans doute regardé l'option de réunir Brad Richards, Lecavalier et St-Louis, mais ils ont dû trancher. On peut donc présumer qu'un joueur a produit un impact sur trois joueurs.

Bergeron, une très belle surprise

C'est le fun de voir Patrice Bergeron, un athlète très travaillant, au sein de cette formation. J'avoue qu'il sort un peu de nulle part parce qu'il n'avait pas été invité au camp d'évaluation de l'équipe canadienne. Mais il ne faut pas oublier que Bergeron a connu du succès au Championnat mondial junior avec Sidney Crosby. Ceci dit, je ne pense pas qu'ils évolueront sur le même trio. Par contre, les choses peuvent changer rapidement au hockey et Bergeron pourrait devenir une option intéressante si la combinaison Crosby/Iginla/Nash faisait défaut.

Sa présence s'avère une très belle surprise et, pour vous dire la vérité, je n'y croyais pas vraiment parce que j'étais incapable d'exclure St-Louis et Lecavalier de cette formation.

En ce qui concerne Lecavalier, je comprendrais son exclusion s'il était un athlète paresseux, mais ce n'est pas le cas. Au contraire, il possède le côté extraordinaire, exceptionnel et un peu magique du hockey. J'ai donc de la difficulté à comprendre cette décision.

Lorsque j'ai commencé à composer le casse-tête de cette formation, je n'avais pas retenu Eric Staal, mais j'ai changé d'opinion parce que j'étais incapable de l'ignorer. Il possède trop d'atouts dans son jeu. Ce type de joueur peut faire la différence et je ne dis pas que Morrow ne peut pas y arriver, mais ce n'est pas la même chose.

En ce qui concerne Jonathan Toews, les dirigeants voulaient se fier sur lui en tant que 13e attaquant parce qu'il peut amener de la fougue, prendre des mises en jeu et participer aux tirs de barrage.

C'est vrai que le Canada possède un peu moins de ressources offensives en ignorant St-Louis et Lecavalier. Par contre, Ryan Getzlaf et Corey Perry pourraient contribuer sur cette facette si les deux premiers trios ne produisent pas énormément.

Je n'avais pas choisi Mike Green

Tout comme les dirigeants canadiens, je n'avais pas choisi Mike Green sur ma formation. J'étais l'un des seuls experts à prendre cette décision parce que je suis capable de le laisser à la maison étant donné qu'il possède trop de failles dans son jeu.

Green m'a beaucoup déçu lors des dernières séries éliminatoires et je crois que c'est à ce moment qu'il s'est fait mal pour sa candidature.

De plus, je n'avais pas nécessairement besoin de Green en sélectionnant Dan Boyle car ces deux défenseurs remplissent un rôle semblable sur le jeu de puissance.

J'avais prédit six des sept défenseurs à l'exception de Drew Doughty à qui j'avais préféré Jay Bouwmeester. À mon avis, il s'agissait de la position la plus facile après les gardiens.

J'aurais opté pour Bouwmeester car ce choix impose beaucoup de pression sur un athlète 19 ans et particulièrement si un défenseur se blesse ce qui forcerait Doughty à évoluer sur l'un des trois duos réguliers.

Sans oublier que Bouwmeester possède un très bon coup de patin et un bon jeu défensif ce qui n'empêche pas Doughty d'être excellent.

Le travail difficile des dirigeants

Évidemment, les dirigeants de l'équipe canadienne placent leur tête sur le billot avec ces choix, mais c'est inévitable. Je préfère que les dirigeants préconisent l'approche de créer une équipe à leur façon et non pour faire plaisir aux autres.

Dans une telle position, tu dois agir selon tes convictions et si les résultats ne sont pas au rendez-vous, tu peux admettre ton erreur. Yzerman aurait facilement pu changer quelques joueurs. En fin de compte, il faut se demander si Morrow fera perdre le Canada? La réponse est non et Lecavalier n'aurait pas fait perdre le Canada non plus.

Les trois clés de la victoire

À partir de maintenant, ça revient aux joueurs de faire le travail et de développer une bonne chimie avec l'entraîneur Mike Babcock et son système de jeu.

Le Canada pourrait opter pour plusieurs systèmes de jeu, l'important c'est que les joueurs achète le système choisi et ça semble le cas puisque Babcock attire un grand de respect. L'entraîneur doit se vendre et convaincre ses joueurs.

Je termine avec les trois clés pour permettre au Canada de mériter la médaille d'or.

D'abord, la première clé s'avère les gardiens et c'est toujours ainsi. C'est cruel pour eux, mais ils ont choisi cette position…

La deuxième clé, c'est que tous les membres de l'équipe canadienne embarquent dans le bateau et soient dédiés à 100%.

La dernière clé s'avère l'avantage numérique. Cet outil peut faire la différence dans un tournoi aussi relevé.

*Propos recueillis par Éric Leblanc