MONTREAL (PC) - Le Canadien a un nouveau redresseur de torts qui a d'abord dû se redresser lui-même. "Il fallait que je remette ma vie en ordre", a avoué Francis Bélanger, d'abord récalcitrant à parler des problèmes qui ont marqué son séjour dans l'organisation des Flyers de Philadelphie.

Repêché en cinquième ronde en 1998, Bélanger conduisait l'embarcation lors de l'accident qui a coûté la vie au Russe Dimitri Tertyshny, qui venait de compléter une première saison avec les Flyers, au cours de l'été 1999. L'alcool avait été mis en cause. Il ne faut pas le confondre cependant avec Francis Lessard, un autre dur-à-cuire, qui est venu en collision avec Eric Lindros à l'entraînement et lui a causé son avant-dernière commotion cérébrale.

Les Flyers ont libéré Bélanger, qui jouait pour leur filiale des Phantoms, en décembre dernier. A court de joueurs, Raymond Bolduc lui a fait une offre pour jouer avec les Citadelles, et Bélanger l'a remercié en marquant 10 buts en 14 matchs et en étant choisi le joueur de la semaine dans la Ligue américaine. Il a aussi totalisé 77 minutes de punitions.

Il avait marqué 13 buts en 58 matchs à sa première et meilleure saison avec les Phantoms. Que s'est-il donc passé à Québec?

"Eric Lavigne (l'entraîneur) m'a donné beaucoup de temps de glace et je participais à tous les avantages numériques", répond Bélanger.

Dire qu'il a relancé sa carrière serait un euphémisme, et il en est le premier conscient.

Problème d'alcool

"C'était ma deuxième chance. Il y a deux mois je n'avais pas de job, et là je me retrouve ici", constatait-il jeudi matin. "J'avais un problème d'alcool, j'ai même suivi une cure de désintoxication. J'ai quasiment perdu ma carrière. Il y a un temps pour boire..."

Bélanger, 23 ans, n'a pas coupé totalement la boisson, mais il se dit maintenant capable de boire avec modération. Il est très reconnaissant envers Bolduc et Lavigne ainsi que Steve Mountain, son agent de Philadelphie, qui l'a supporté et guidé. Quant à son engagement par le Canadien, ça s'est fait tellement vite qu'il n'a pas eu le temps d'être nerveux, surtout occupé à répondre aux nombreux appels téléphoniques.

Il a signé son contrat de deux ans (la fin de cette saison et la prochaine) en fin d'avant-midi jeudi et ne savait même pas son salaire exact quand il a rencontré les médias quelques instants plus tard. Pour la saison prochaine, ça sera entre 300 000$ et 365 000$ s'il joue dans la LNH.

Reconnaissant, Bélanger, qui vient de St-Jérôme, veut montrer au Canadien ce qu'il est capable de faire.

Un dur capable de jouer

"Je suis un joueur qui aime aller dans les coins", se décrit-il, "qui donne de bonnes mises en échec et qui peut bien jouer devant le filet. Et si j'ai la chance de marquer un but..."

Il en a marqué 40 à sa dernière saison junior partagée entre Hull et Rimouski, quand il avait aussi écopé 381 minutes de punitions.

Bélanger, qui mesure 6'3" et pèse autour de 228 livres, se décrit comme un joueur "physique". Est-il un bagarreur?

"Je suis capable de me défendre très bien et en même temps de jouer au hockey", répond celui qui a parlé aussi fièrement de ses statistiques offensives que des bagarres qu'il a gagnées avec les Citadelles.

Bélanger dit aussi vouloir apprendre de Gino Odjick, qu'il voit comme "un vieux de la vieille".

Chose certaine, il y a de la place chez le Canadien pour un dur qui serait capable de jouer décemment au hockey.