(PC) - Jean-François Fortin réalise un rêve d'enfance en affrontant le Canadien au Centre Molson. Né à Laval, le défenseur des Capitals de Washington a pu compter sur les encouragements des membres de sa famille et d'amis qui ont assisté à la rencontre.

Fortin disputait son cinquième match dans la Ligue nationale depuis son rappel le 8 janvier des Pirates de Portland, de la Ligue américaine. Après une première rencontre face aux Blue Jackets de Columbus, son entraîneur Ron Wilson l'a prévenu qu'il aurait un bon test contre les Maple Leafs de Toronto.

«Je me suis retrouvé sur la glace en même temps que Mats Sundin, Jonas Hoglund et Mikael Renberg. J'ai vite compris ce que l'entraîneur voulait dire», raconte Fortin encore émerveillé de jouer dans la Ligue nationale. «Les choses ont quand même bien marché. J'ai même arrêté Sundin lors d'une attaque à un contre un. J'ai joué 26 minutes sans participer au jeu de puissance et sans écouler les pénalités», ajoute-t-il fièrement.

Fortin a ensuite affronté les Panthers de la Floride et les Bruins de Boston. «J'ai même fait deux courtes présences dans l'attaque à cinq contre la Floride. Puis contre Boston, j'ai été opposé au trio de Joe Thornton, Sergeï Samsonov et Bill Guerin. Thornton, je le connaissais déjà. On a été coéquipiers au championnat mondial des moins de 18 ans. Il était déjà bon. Maintenant, il est très très bon. Il s'est amélioré 100 fois. Quant à Samsonov, il est rapide avec des lettres majuscules», dit-il dans son langage imagé.

Brasser la cage

Fortin, 22 ans, a été rappelé en même temps que Todd Rohloff et Nolan Yonkman. «On voulait brasser la cage», explique Wilson. «Depuis deux matchs, on fait appel à huit défenseurs en raison d'un manque de ressources à l'attaque. Je dois dire que nos jeunes jouent très bien. JF mérite d'être là. C'est un bon patineur, il transporte bien la rondelle et il demeure calme même quand ça chauffe.»

Elevé à Laval, Fortin a joué une saison à Amos dans le midget AAA. Il a ensuite évolué quatre saisons à Sherbrooke (LHJMQ). Les Capitals l'ont repêché en deuxième ronde en 1997. Ses deux premières années dans le pro ont cependant été difficiles au point qu'il a été rétrogradé dans la ligue East Coast à deux reprises.

«Je ne m'entendais pas avec mon entraîneur (Glen Hanlon). Il avait ses torts mais j'avais aussi les miens», dit-il avec franchise. «Je ne travaillais pas très fort à l'extérieur de la patinoire. Je me disais qu'un «dumbbell» (haltère) n'a jamais marqué de but. Mon alimentation était aussi déficiente.»

«Lorsque j'ai été repêché, j'étais parmi les trois meilleurs espoirs de l'organisation. L'an dernier, j'étais même pas dans les 10 premiers. Je pensais que les Capitals allaient racheter mon contrat. J'ai dû réagir sinon je risquais de me retrouver devant rien.»

Un entraîneur personnel

Depuis deux étés, Fortin s'entraîne sous la direction de Normand Demers. «Je pensais que j'étais en forme. Je me trompais. C'est pourquoi je me suis entraîné si fort cet été. J'ai aussi fait attention à ce que je mange. Et pour la première fois, je me suis rendu compte que le hockey n'est pas un passe-temps mais mon métier. J'ai changé 20 ans de vie en moins de deux ans. J'avoue avoir mis du temps à comprendre.»

Fortin dit avoir eu le soutien de sa famille, de son amie Elise Paiement, qui est professionnelle adjointe au club de golf Pinegrove, de son agent Robert Sauvé et de ses amis. «Il a passé au travers de moments difficiles, dit Ron Wilson. Mais il s'est pris en main. Aujourd'hui, il est un athlète engagé envers son sport. Il s'entraîne fort et ses habitudes de travail sont excellentes.»