À la veille des quarts de finale, les journalistes russes ont tous prédit un troisième tour entre l’Armée rouge (CSKA) et le SKA de Saint-Pétersbourg dans la Conférence de l’Ouest. Cette prédiction ne s’est pas réalisée. Maxime Talbot et ses coéquipiers en ont toutefois décidé autrement.

Ce n’est pas la première fois que les experts sous-estiment les adversaires du CSKA. L’an passé, ils ont tous prédit un massacre du Metallurg de Magnitogorsk en finale de la Coupe Gagarine. L’histoire n’a pas gâté Alexander Radulov et son équipe. Ils se sont inclinés devant le club de l’Oural en 7 joutes. Cette année, l’Armée rouge n’a pas attendu la finale avant de décevoir ses partisans. Au deuxième tour des séries, le Lokomotiv a sorti l’ex-fierté de l’URSS en six joutes.

Lors du premier match de la série, l’Armée rouge s’en est bien tiré grâce à un gain de 4 à 2 à domicile le 8 mars dernier. Les choses se sont toutefois gâtées par la suite. Les champions de la saison régulière se sont payé le luxe de perdre leur deuxième match à domicile au compte de 4 à 3 contre le Lokomotiv, malgré un bel effort de Valeri Nichushkin en fin de match.

L’Armée rouge a réparé sa bévue de la deuxième joute grâce à une victoire de 2 à 1 à Iaroslav, mais ce sera son dernier gain. Le Lokomotiv a, par la suite, écrasé l’ancien club de Vladislav Tretiak en enchainant trois gains sans riposte. Lors du match du 14 mars, les Moscovites ont été massacrés au compte de 5 à 1. Ils ont peut-être fait mieux, à domicile, lors du cinquième match, mais ils se sont tout de même inclinés au compte de 2 à 1.

Le dernier match de la série a tourné au désastre pour le CSKA. L’Armée rouge s’est seulement inscrite au pointage en fin de match. Le but de Stéphane Da Costa, avec deux minutes à jouer dans la joute, n’a pas réveillé les troupes de l’Armée rouge. Tirant de l’arrière au compte de 3 à 1, le club moscovite a tranquillement suffoqué avant de rendre l’âme. Dans ce gain, Maxim Talbot a marqué son quatrième but des séries.

Le SKA de Saint-Pétersbourg a toutefois sauvé l’honneur des analystes russes. Le club de l’ancienne Leningrad s’est défait du Dinamo de Moscou en cinq joutes. Ce ne fut toutefois pas une série facile pour l’équipe d’Ilya Kovalchuk et Pavel Datsyuk. La super puissance de la KHL s’est heurtée à un Dinamo coriace dans cette rivalité devenue un classique dans le circuit.

Le tout a débuté avec une victoire surprise du Dinamo lors du premier match à Saint-Pétersbourg. Lors d’une deuxième période de prolongation, Maxim Karpov a marqué le troisième but du club moscovite dans un gain de 3 à 2 des Moscovites. Le SKA a toutefois enfilé 4 victoires en autant de matchs.

Après avoir vaincu le Dinamo au compte de 2 à 1, à St-Pétersbourg, le SKA a difficilement arraché un second gain à Moscou lors du match du 12 mars dernier. Dans ce gain de 4 à 2, de nombreuses pénalités ont été décernées. Pavel Datsyuk a d’ailleurs été expulsé du match pour cette mise en échec douteuse sur Alexei Tsvetkov.

Datsyuk n’a toutefois pas été suspendu et le SKA a pu poursuivre dans cette veine. Le club de Saint-Pétersbourg a remporté le quatrième match au compte de 4 à 1 à Moscou avant de blanchir le Dinamo par la marque de 2 à 0. Le dernier but de la série a été marqué par Ilya Kovalchuk contre un adversaire complètement désemparé.

Martin St-Pierre et le Barys sont en vacances

Dans la Conférence de l’Est, les experts n’ont pas perdu la face. Le Metallurg de Magnitogorsk semble imbattable et personne n’a réellement cru à une victoire du Barys d’Astana. Le club kazakh a été balayé en quatre joutes. Martin St-Pierre et ses coéquipiers ont tout de même chèrement vendu leur peau. Malgré un premier match désastreux, un blanchissage de 4 à 0, Astana a donné la frousse aux amateurs de hockey de Magnitogorsk à deux occasions.

Le 11 mars dernier, le Barys a forcé la tenue d’une période de prolongation lors du second match de la série à Magnitogorsk. Les Kazakhs se sont toutefois inclinés au compte de 5 à 4 dans une joute où Denis Zaripov a récolté un tour du chapeau. Après une défaite de 5 à 3 devant ses partisans, le Barys s’est battu avec la force du désespoir. Lors du quatrième match de la série, les Kazakhs ont de nouveau forcé le chronomètre à travailler plus de 60 minutes. Jan Kovar a toutefois mis fin aux rêves d’Astana lors d’une supériorité numérique.

Les panthères des neiges du Kazakhstan ont peut-être rendu l’âme, mais les léopards blancs sont toujours vivants. Le Ak Bars de Kazan ne l’a pas eu facile contre l’Avangard d’Omsk, mais il a tout de même réussi à éliminer le club sibérien en 6 matchs.

Cette série a passé très proche de se terminer en balayage. L’Avanagard s’est mis dans l’eau chaude en s’inclinant des deux premières joutes, malgré l’avantage de la glace. Le 9 mars, le match s’est terminé au compte de 2 à 1 en prolongation, tandis qu’Omsk a été blanchi par la marque de 2 à 0 lors de la deuxième joute.

Les deux clubs se sont, par la suite, échangés des victoires jusqu’à l’élimination de l’Avangard. En prolongation, le Ak Bars a échappé le premier match à domicile au compte de 4 à 3 avant de pousser l’Avangard dans les câbles grâce à un gain de 2 à 1. Omsk a remporté son seul match à domicile au compte de 4 à 1, mais Kazan s’est vengé le 19 mars dernier. Les Tatars ont humilié l’Avangard grâce à un blanchissage de 5 à 0. Lors du dernier but maqué par Albert Yarullin, Jiri Sekac a récolté une aide.

Le hockey russe en deuil

La fin de la deuxième ronde des séries éliminatoires de la KHL s’est toutefois terminée dans le deuil. En Amérique du Nord, les médias sportifs sérieux ont rapporté le décès du mythique joueur Vladimir Petrov le 28 février dernier. Ce décès n’est pas le seul à assombrir la saison 2016-17 du circuit eurasien. Un autre grand homme a rendu l’âme le 18 mars dernier.

Sergei GimaevMois connu en Amérique du Nord, Sergei Gimaev fut un personnage mythique du hockey d’outremer. Gimaev est né dans la ville biélorusse de Pruzhany le Premier de l’an de 1955. Excellent défenseur au sein du Club de l’Armée rouge, il a remporté le championnat d’URSS à 8 occasions de 1978 à 1985. Après sa retraite, l’homme a connu une brillante carrière à titre d’entraineur en URSS. Il a entre autres dirigé l’équipe russe des moins de 18 ans et le Club de l’Armée rouge dans les années 90.

Sergei Gimaev a surtout marqué l’imaginaire du public à titre d’analyste à la télévision. L’homme a été de toutes les compétitions internationales. Il a aussi été le visage le plus familié lors des matchs de la KHL. Réputé pour son esprit cartésien, Gimaev n’en était pas moins un personnage charismatique. Proche du public, il a toujours aimé côtoyer les amateurs de hockey et il n’a pas hésité à utiliser son prestige pour défendre l’intégrité de son sport.

Pour l’ensemble de la communauté journalistique russe, Sergei Gimaev a été une référence autant dans son style que pour sa dévotion envers le hockey. Le patriarche du journalisme russe n’a jamais eu le cœur aux guerres de clans et à la politicaillerie que l’on trouve malheureusement trop souvent dans les instances du hockey russe. Gimaev n’a eu qu’un clan, la famille du hockey. Il n’a eu qu’une politique, c’était la pédagogie.

Sergei Gimaev est décédé d’une crise cardiaque lors d’un match des anciens dans la ville russe Tula. Ses obsèques ont eu lieu à Moscou mardi dernier. Plusieurs cérémonies ont eu lieu en son honneur partout en Russie, au Bélarusse et au Kazakhstan. Son fils, Sergei Gimev Jr, a aussi la chance de remplacer son père à titre d’analyste cette semaine. L’auteur de ces lignes tient à se joindre au monde du hockey russe dans le deuil, puisqu’il a aussi eu la chance de profiter du savoir de ce sage du hockey.