L’absence des joueurs de la LNH aux Jeux olympiques a fait couler beaucoup d’encre dans la dernière semaine. Devant cette impasse, la Fédération de hockey russe (FHR) n’a pas caché son désir de garder ses joueurs à la maison pour améliorer ses chances de remporter la médaille d’or à Pyeongchang. Certains auraient déjà signifié leurs intentions de rester dans la KHL pour défendre les couleurs de leur pays.

Kirill Kaprizov fait partie des joueurs russes que l’on risque fortement de voir à Pyeongchang. Sa décision n’a toutefois rien à voir avec la controverse liée aux Olympiques. La vedette des derniers Championnats mondiaux juniors a déjà pris sa décision depuis longtemps. Kaprizov est lié au Salavat Yulaev jusqu’à l’été 2018 et il a confirmé à l’auteur de ses lignes qu’il n’a pas l’intention de se défiler.

« J’ai un contrat et je vais le respecter. Je vais donc rester dans la KHL l’an prochain. »

Kirill Kaprizov a été repêché par le Wild du Minnesota en 2015. À l’époque, le choix de cinquième ronde du club américain jouait déjà dans la KHL avec le Metallurg de Novokouznetsk. L’année suivante, à 18 ans, le jeune prodige a compté 11 buts et amassé 16 aides pour produire 27 points en 53 joutes.

À Novokouznetsk, le club se meurt financièrement. Dans le but de sauver les meubles, l’équipe vend souvent ses joueurs les plus prometteurs. En quête de nouveaux talents, le Salavat Yulaev a acheté les droits de Kaprizov avant de signer une prolongation de contrat à l’été 2016. Ce transfert semble faire l’affaire du principal intéressé. L’ailier de 19 ans n’a que de bons mots pour l’ancien club d’Alexander Radulov.

« J’adore Oufa. Le Salavat Yulaev est un très bon club. Le personnel d’entraîneurs est très qualifié. Nous avons beaucoup de partisans. En fait, nous avons le support de toute la ville. C’est vraiment génial de jouer là-bas. »

Le nouveau club de Kaprizov a toutefois connu une saison difficile. De nombreuses blessures ont nui au classement de l’équipe dans la Conférence de l’Est. Habitué de faire partie des favoris, le Salavat Yulaev a terminé au sixième rang dans l’Est avant d’être éliminé en cinq parties en première ronde par le Ak Bars de Kazan. Ce désastre est à la source congédiement de l’entraîneur-chef de l’équipe, Igor Zakharkin.

À titre individuel, Kaprizov a tout de même connu une bonne saison. En 49 matchs, le Russe a compté 20 buts et il a amassé 22 passes pour terminer la saison avec un total de 42 points. Ces excellentes statistiques lui ont permis de participer au match des étoiles en janvier dernier. C’est la deuxième fois que Kaprizov est sélectionné pour cet événement, mais cette fois-ci, il a eu la chance de jouer devant ses partisans, car le tout s’est tenu à Oufa.

Kirill Kaprizov« Ce fut très plaisant pour moi de participer à ce match. C’était un honneur d’être sélectionné pour défendre les couleurs de notre division. Nous nous sommes beaucoup amusés à Oufa.»

La chance de jouer avec des joueurs différents pourrait toutefois se répéter avant le prochain match des étoiles. Au début du mois de mars, beaucoup de rumeurs ont circulé à propos de transfert de Kirill Kaprizov vers le Club de l’Armée rouge CSKA. Cette plausible transaction en a révolté plus d’un. Beaucoup d’amateurs de hockey ont crié au scandale et au conflit d’intérêts.

Les tractations à propos l’ailier russe seraient liées à la nouvelle consanguinité administrative des deux clubs. Cette année, la compagnie Bashneft, commanditaire du Salavat Yulaev, a été en partie achetée par celui du CSKA. La compagnie Rosneft est donc accusée, par certains, de s’accaparer un joueur de premier plan. Les déclarations faites en R-Sports par Vladislav Tretiak n’ont d’ailleurs pas aidé à calmer les théories du complot.

« Je l’ai toujours dit. Nous voulons garder nos jeunes joueurs au pays jusqu’à l’âge de 22 ou 23 ans. Nous voulons qu’ils restent dans la KHL. Je ne sais pas si Kaprizov va transférer au CSKA. Je ne sais pas où il jouera l’an prochain. Je ne sais pas s’il cadre dans le style de l’équipe. Il est encore tôt pour parler de ce sujet. »

Est-ce que Kirill Kaprizov sera échangé au Club de l’Armée rouge dans le but de le garder plus longtemps en Russie? Le suspens demeure. Une chose est certaine, indépendamment du boycottage de la LNH envers les Jeux olympiques, le médaillé de bronze des derniers mondiaux junior passera quelque semaine en Corée en février prochain.

L’autre Vladimir Tkachyov

Un autre jeune prodige russe risque de changer d’adresse cet été. Plusieurs clubs de la LNH ont commencé à s’intéresser à Vladimir Tkachyov du Ak Bars de Kazan. En Russie, on semble essayer d’éviter un autre exode. Le 31 mars dernier, R-Sports a annoncé que le joueur de centre de 23 ans pourrait quitter le Tatarstan pour rejoindre le SKA de Saint-Pétersbourg durant l’été.

Les amateurs de hockey junior seront surpris d’apprendre que Tkachyov n’a jamais joué en Amérique du Nord. On ne parle point de l’ancien Tkachyov des Wildcats de Moncton et des Remparts de Québec. L’ancien de la LHJMQ est né à Omsk en 1995. Il défend actuellement les couleurs de l’Admiral de Vladivostok. Notre Tkachyov est né à Dnepropetrovsk, en Ukraine, en 1993.

« Les gens nous mélangent souvent. C’est drôle. En Amérique du Nord, les gens ne savent pas que j’existe. Ils me confondent donc avec l’autre Vladimir Tkachyov. Je ne le prends pas mal. C’est aussi un très bon joueur! »

Cette déclaration passe l’épreuve des faits. En août dernier, certains médias québécois ont partagé un but spectaculaire de Vladimir en le créditant à son homonyme. Lors d’un entraînement public, le joueur du Ak Bars a utilisé son bâton comme un javelot pour marquer un but spectaculaire lors d’une séance de tirs de barrage.

Le Russe a la réputation d’être créatif lors de ses échappés. Joueur intelligent, il a aussi eu l’honneur de représenter son équipe lors du dernier match des étoiles de la KHL. Il a gagné le concours d’échappés grâce à un autre mouvement spectaculaire. Vladimir a pensé à refaire le coup du javelot, mais il a préféré faire changement.

« Le lancer du javelot, ce n’est pas légal au hockey. Je me suis donc laissé aller lors de cet événement. Dans ce contexte, c’était donc légal. Cela dit, tout le monde a déjà vu Internet. J’ai donc décidé de montrer quelque chose de différent pour le Match des étoiles. »

 

Tkachyov a bien raison d’étaler tous ses atouts devant les caméras. À quelques occasions cette saison, des éclaireurs de la LNH ont visité les matchs du Ak Bars pour se faire une idée sur son cas. Le joueur de centre a de bonnes statistiques. En 58 joutes, il a compté 15 buts et il a accumulé 17 aides pour produire 32 points.

À ce jour, parmi les clubs intéressés par Tkachyov, le Club de hockey canadien n’a jamais été mentionné. Marc Bergevin devrait toutefois jeter un coup d’œil. Le Russe a un atout peu connu des éclaireurs. En plus de communiquer facilement en anglais, Vladimir a une bonne connaissance de la langue française.

Vladimir Tkachyov« Je lis très bien en français. En fait, je suis apte à lire pas mal n’importe quoi en français. J’en fais l’apprentissage depuis que je suis à l’école secondaire. La langue était partie prenante de notre programme scolaire. J’ai toutefois de la difficulté à parler. C’est parce que je n’ai jamais la possibilité de pratiquer. »

À titre de joueur non repêché, Vladimir Tkachyov a donc l’embarras du choix. Il peut très bien demeurer en Russie pour tenter sa chance aux Jeux olympiques. Il peut aussi accepter une offre d’un club de la LNH. Le principal intéressé ne cache pas qu’il aimerait bien faire ses preuves en Amérique du Nord.

« Tous les joueurs de hockey veulent jouer dans la Ligue nationale de hockey, mais pour l’instant je n’ai pas encore pris de décision. Je suis toujours sous contrat avec le Ak Bars jusqu’à cet été. D’ici, je vais donc continuer à travailler fort pour devenir un meilleur joueur de hockey. »

Cette saison, le parcours du Ak Bars de Kazan s’est terminé en troisième ronde des séries éliminatoires. Le club tatar a été balayé par le puissant Metallurg de Magnitogorsk. Vladimir peut donc commencer à songer à sa prochaine saison. En février prochain, sera-t-il à Pyeongchang ou en Amérique du Nord? La question demeure ouverte. Cela dit, une chose est certaine, au Québec, il ne sera plus jamais confondu avec quelqu’un d’autre.