MONTREAL - Mike Komisarek a eu une pensée pour sa mère, Kathy, décédée du cancer en 2005, au moment où on lui a annoncé sa sélection à titre de candidat du Canadien pour l'obtention du trophée Masterton.

"Il n'y a pas une journée qui passe sans que je pense à elle. Je prie pour elle. Avant chaque match, que je sois sur le banc ou sur la glace, je fais un signe de croix", confie le grand défenseur, visiblement touché d'avoir été le choix des journalistes de la presse écrite affectés à la couverture du Tricolore.

Komisarek succède à Mark Streit, qui a été un des 30 finalistes de la ligue, la saison dernière. Le dernier joueur du CH qui a gagné le trophée Masterton, récompensant le courage, la détermination et la persévérance d'un joueur, est Saku Koivu en 2001-02. Le capitaine a reçu l'honneur de la LNH après avoir remporté sa plus éclatante victoire à vie, contre le cancer.

Un des plus fiables

"C'est un très grand honneur, que j'accepte avec humilité, poursuit Komisarek. Il est le reflet de ce que nous avons accompli comme équipe jusqu'à maintenant cette saison."

L'Américain, âgé de 26 ans, ne possède pas un style flamboyant, quoi que les percutants coups d'épaule qu'il distribue ne passent pas inaperçu.

Komisarek s'est établi comme un des défenseurs les plus fiables de la LNH. Il domine la ligue dans la colonne des tirs bloqués (208), en plus d'occuper le deuxième rang au chapitre des mises en échec (258).

Ce qui est impressionnant, c'est qu'il arrive à jouer robuste dans le respect des règles. Il totalise 99 minutes de pénalités, 10 seulement de plus que le capitaine Koivu. C'est peu, compte tenu qu'il laisse tomber les gants à l'occasion.

"J'ai appris au cours des dernières saisons à connaître les limites des arbitres. On communique bien ensemble, je sais jusqu'où je peux aller."

Reconnaissant

Sur le plan humain, Komisarek dit avoir gagné en maturité depuis le décès de sa mère en novembre 2005, au retour du lock-out.

"C'est dans les épreuves qu'on grandit, dit-on. Je réalise plus que jamais qu'on ne doit rien tenir pour acquis dans la vie. La maladie de ma mère a été une épreuve difficile pour toute la famille.

"Dans les derniers moments de sa vie, j'étais à Montréal de corps, mais j'avais la tête à Long Island. Je ne jouais pas bien, mais mes coéquipiers et l'organisation ont tout fait afin d'atténuer ma peine. M. (George) Gillett était même prêt à mettre à ma disposition son jet privé. Je suis très reconnaissant de ce qu'on a fait pour moi. J'estime avoir une dette envers l'organisation.

"Je dis souvent que ma famille est à New York et que ma deuxième famille, le Canadien, est à Montréal", affirme-t-il.

Le message de Roman

Le paternel Komisarek, Roman, a quitté sa Pologne natale afin de s'établir à Long Island, il y a 30 ans. Fervent de soccer depuis son enfance, il a vite été conquis par le hockey dès les débuts de Mike sur patins, à l'âge de 10 ans.

A l'occasion du voyage des proches des joueurs à Phoenix, la semaine dernière, Roman Komisarek disait jusqu'à quel point il était surtout fier de ce qu'est devenu son fils, comme personne.

"Je lui ai martelé comme message l'importance de traiter les gens autour de soi comme on souhaiterait qu'ils nous traitent. Sur la glace, je lui dis d'oublier ça", a-t-il lancé, en arborant un large sourire.

Komisarek, un gentil géant, affectionne le jeu viril. Il en porte des marques sur tout le corps.

"Il y a des lendemains de match plus difficiles que d'autres physiquement. Mais c'est moins souffrant quand l'équipe a du succès", résume-t-il.