OTTAWA - On a souvent qualifié Alex Kovalev d'énigmatique parce qu'on ne sait pas s'il croit vraiment ce qu'il dit ou s'il cherche seulement à épater la galerie. Il faut toutefois sans doute le croire quand il a affirmé, cet été, que c'est à regret qu'il a quitté Montréal.

Car depuis quelques mois, Kovalev ne cesse de commettre le même lapsus: il parle "d'échange" quand dans les faits, c'est à titre de joueur autonome qu'il s'est joint aux Sénateurs.

Il a encore parlé de la même façon, samedi matin, quelques heures avant le match préparatoire que le Canadien devait disputer contre les Sénateurs à la Place Banque Scotia.

"Ce n'est pas la première fois que je me fais échanger, dans ces cas-là tu composes avec la situation comme tu peux", a déclaré Kovalev quand on lui a demandé comment se passait son adaptation à son nouveau milieu.

Quand on échange un hockeyeur, c'est habituellement à son insu, contre son gré. Un échange, ça bouscule les plans et les intentions. Alors, si Kovalev parle d'échange quand c'est dans les faits Bob Gainey qui a choisi de le laisser tester le marché des joueurs autonome, puis de retirer son offre une fois qu'il est devenu libre, on peut croire que l'attaquant russe souhaitait bel et bien revenir à Montréal.

Quoiqu'il en soit, Kovalev a dit bien s'acclimater à sa nouvelle équipe et à sa nouvelle ville.

"Tu composes avec la situation comme tu peux, comme tu l'as fait dans le passé, a repris Kovalev. On a trouvé une maison, les enfants sont installés à l'école et ils adorent ça, et nous nous habituons à la ville."

Plusieurs partisans québécois de Kovalev ont sans doute été aussi déçus que lui de son départ. Si certains d'entre eux décident de se 'convertir' aux Sénateurs, il en serait flatté, mais il ne s'y attend pas vraiment, a dit le Russe de 36 ans.

"Ce serait formidable, mais c'est à eux de prendre leurs propres décisions, a commenté Kovalev. Entre-temps, je me concentre sur mon jeu."

Kovalev s'efforce aussi, pendant le camp, de trouver ses aises avec ses nouveaux coéquipiers. Si Jacques Martin mise sur les duos à Montréal, c'est également le cas chez les Sénateurs, et jusqu'ici Kovalev a été jumelé à Jonathan Cheechoo, lui aussi un nouveau venu à Ottawa.

On sait que Cheechoo a été obtenu des Sharks de San Jose, avec Milan Michalek, en retour de Dany Heatley.

"On a connu un lent départ, mais on connaît de mieux en mieux le rôle que chacun doit jouer", a dit Kovalev avant de disputer un deuxième match préparatoire en compagnie de Cheechoo, samedi, contre le Tricolore. Au début, on avait tendance tous les deux à faire la même chose. Les derniers entraînements ont toutefois été fructueux."

"C'est un joueur intelligent, a dit Cheechoo de Kovalev. Et il a ces mains... La façon qu'il a de manier la rondelle, il pourrait tricoter dans une boîte téléphonique. Il a cette capacité de battre un adversaire à un contre un pour ainsi créer des surnombres.

"On doit toujours apprendre à mieux se connaître, mais déjà je constate que c'est un joueur qui te permet de foncer dans les espaces libres, où il va te refiler la rondelle s'il se retrouve dans le trouble, ou encore de foncer au filet quand il réussit à battre un adversaire, a ajouté Cheechoo. Ca va être plaisant de jouer avec lui. Il peut patiner et rares sont les joueurs qui ont un tir des poignets de cette qualité."

Kovalev affrontait samedi soir ses anciens coéquipiers du Canadien pour la première fois depuis son départ. Il a reconnu que c'était une occasion spéciale.

"Oui, c'est excitant, mais chaque match en soi est excitant, a dit Kovalev, en matinée, après la séance d'entraînement matinale des Sénateurs. C'est sûr que c'est spécial quand tu affrontes d'anciens coéquipiers, mais pour l'instant, je me concentre sur ma préparation en vue de la saison régulière. Je cherche toujours à me défaire de la rouille estivale."

Les Sénateurs étant divisés en deux groupes de joueurs, comme le Canadien, en cette phase du camp d'entraînement, Kovalev n'a pas joué le match aller entre les deux équipes, vendredi, au Centre Bell. Il aurait cependant aimé y être.

"Oui, mais si on me donnait le choix, je voudrais probablement jouer tous nos matchs préparatoires de toute manière, a souligné Kovalev. Plus je joue, plus je serai prêt au moment d'amorcer la saison. Mais il faut bien tester les espoirs."

Kovalev a dit ne pas avoir encore discuté par téléphone avec certains de ses anciens coéquipiers chez le Canadien.

"Pas encore. Je préfère ne pas les déranger pendant leur préparation d'avant-saison", a-t-il dit.