Les choix de première ronde du Club de hockey Canadien sont toujours un sujet de conversation brûlant à Montréal. Les partisans ont mis beaucoup de temps à trouver l’unanimité au sujet de Carey Price. Certains ont remis en question la sélection d’Alex Galchenyuk, mais ce dossier est aussi clos aujourd’hui. Doug Wickenheiser, quant à lui, hante toujours les souvenirs des plus vieux.

En juin 2004, le nom de Kyle Chipchura fait sursauter les amateurs. L’organisation du Canadien a décrit sa nouvelle recrue comme un bon centre de troisième ou quatrième ligne. Il faut toutefois rappeler que Montréal ne choisit pas avant le 18e rang lors de cet encan.

« Je n’ai pas été très surpris d’être sélectionné aussi tôt. Après les 10 premiers choix, les 40 autres pouvaient aisément se retrouver en première ou en deuxième ronde. D’être sélectionné par le Canadien, c’est certain que ça amenait un peu plus de pression. Ses partisans aiment leur club et ils connaissent le hockey. »

Kyle ChipchuraLes recruteurs ne se sont pas trompés à son égard. Chipchura a joué 481 matchs dans le circuit Bettman. Cependant, malgré quatre saisons au sein de l’organisation du CH, il a participé à seulement 68 joutes à Montréal avant d’être échangé aux Ducks d’Anaheim en décembre 2011. C’est en Californie que l’Albertain a enfin eu une chance de jouer dans la LNH. Chipchura demeure toutefois catégorique. Il est fier d’avoir joué ces 68 joutes dans la métropole québécoise.

« Lorsqu’on joue pour une des six équipes originales, c’est toujours un grand honneur. Ce l’est d’autant plus lorsque c’est pour le Canadien de Montréal. On y prend beaucoup d’expérience. J’en ai que de bons souvenirs! L’atmosphère du Centre Bell, on ne la retrouve pas à Anaheim et en Arizona. Cela dit, jouer aux États-Unis demeure plaisant. Ça n’a pas le même cachet, mais tu peux sortir anonymement dans les restaurants même lorsque tu viens de perdre cinq matchs de suite! »

L'été dernier, après cinq saisons en Arizona, Chipchura s’est retrouvé sans contrat dans la LNH. L’ancien premier choix du Canadien ne se voyait toujours pas à la retraite à l’âge de 30 ans. Il a donc décidé de faire le saut outremer et d’essayer la KHL.

« J’ai surtout reçu des contrats d’essai. Il y a eu quelques discussions pour des contrats à deux volets, mais elles ont pris fin rapidement. J’ai discuté avec ma conjointe ainsi qu’avec mon agent et nous avons décidé d’essayer quelque chose de différent. »

Chipchura a donc signé un contrat d’une saison avec le Slovan de Bratislava. L’ancien club des frères Stastny, fondé en 1921, fête son 95e anniversaire et il joue sa cinquième saison dans la KHL. L’an dernier, le club a participé de justesse aux séries éliminatoires. Cette saison, les choses ne se présentent pas aussi bien. Le club slovaque occupe le 12e rang dans l’Association de l’Ouest et il est à 14 points de la huitième place.

L’équipe slovaque n’a pas seulement des problèmes sur la glace. La crise économique fait mal au club, qui peine encore à payer les salaires de la dernière saison. Le porte-parole de l’Association des joueurs de la KHL, Andrei Kovalenko, a même qualifié le club de « contrevenant le plus vicieux » lors d’un entretien avec le site Internet sportif russe Championnat. Cette saison, Slovan n’a d’ailleurs toujours pas versé de salaires à ses joueurs. Kyle Chipchura tient toutefois des propos plus modérés.

« La situation n’est pas hors de contrôle. Le club, la Ligue et l’Association des joueurs s’assurent que tout rentre dans l’ordre le plus tôt possible. Je crois que nous devrions recevoir notre argent assez rapidement. Dans mon cas, je m’en sors tout de même bien. J’ai joué dans la LNH durant quelques années. Ça m’aide à faire preuve de patience. »

Les retards de salaires n’empêchent toutefois pas Chipchura d’apprécier son passage à Bratislava. L‘Albertain connaît une bonne saison dans le circuit eurasien. En 39 joutes, il a maqué 8 buts et il a cumulé 6 aides pour produire un total de 14 points. L’ancien du Canadien a en haute estime le calibre de la KHL et il a aussi de bons mots pour le Slovan.

« Le club est bien organisé et la ville est très jolie. Les longs voyages ne sont pas toujours faciles, mais on finit par s’y habituer. Au sein de l’équipe, on trouve quelques Nord-Américains. Cela m’a beaucoup aidé lors de ma période d’adaptation, car le style de jeu est bien différent de celui de la LNH. »

Jonathan Cheechoo ne lâche pas

Comme l’explique Kyle Chipchura, le Slovan fait appel à des joueurs étrangers pour renforcer sa formation. Six d’entre eux sont des Nord-Américains. Le plus célèbre d’entre tous est indéniablement Jonathan Cheechoo. Le gagnant du trophée Maurice-Richard de 2006 en est à sa quatrième saison dans la KHL et il ne regrette pas d’avoir rejoint le Slovan.

« Je suis venu ici pour être plus souvent avec ma famille. C’était plus facile pour nous de venir en Slovaquie. Il y a aussi des joueurs que je connais depuis ma première année dans la KHL. Barry Brust est un bon exemple. Nous avons joué ensemble à Zagreb. C’était donc un choix facile pour moi que de signer avec le Slovan. »

Cheechoo en est à son troisième club dans la KHL. Avant Bratislava, l’ancien des Sharks et des Sénateurs a porté les couleurs du Medvescak de Zagreb et du Dinamo de Minsk. Ces clubs ne sont pas les plus riches de la ligue, mais les villes européennes ont la cote chez les joueurs nord-américains. Cheechoo avoue qu’il y a beaucoup d’avantages à choisir ces petites organisations.

Jonathan Cheechoo« Ce sont de très belles villes où l’on trouve une excellente qualité de vie. C’est aussi l’endroit idéal pour voyager. Avec ma famille, nous avons pu facilement visiter l’Europe durant les pauses de l’Euro-Tour. »

L’an dernier, Cheechoo a commencé à parler vaguement d’une plausible retraite. À 36 ans, l’ailier droit de Moose Factory a vu sa production offensive diminuer tranquillement. Après 40 joutes cette saison, Cheechoo a marqué 9 buts et il a cumulé 13 aides pour produire un total de 22 points. L’ancien de la LNH n’a toutefois pas l’intention de s’arrêter.

« Je crois être encore capable de jouer dans une ligue de premier plan. L’été dernier, je me sentais bien. J’ai donc décidé de continuer. Cette saison, j’ai parfois quelques maux de dos. Les pauses dans le calendrier de la KHL me permettent toutefois de récupérer. Ça ne me cause donc pas de gros problèmes. J’aime jouer au hockey et je n’ai pas le goût d’arrêter pour l’instant. »

Tout comme Kyle Chipchura, Jonathan Cheechoo a eu la chance de jouer dans la LNH pendant plusieurs saisons. Les Sharks ont fait de lui un homme riche. Il ne souffre donc pas énormément des problèmes financiers du club. Bien qu’il souhaite une heureuse fin à tout cela, à ses yeux, l’idéal demeure de faire preuve de patience dans cette situation.

« On nous a dit que tout était sous contrôle. Jusqu’à preuve du contraire, je vais leur faire confiance. D’ici là, la recette gagnante est de se concentrer sur le hockey. »