Huit ans après être devenue la première ligue de sport professionnel en Amérique du Nord à perdre une saison entière à cause d'un arrêt de travail, la LNH a encore annulé des matchs qui comptent au classement.

La ligue a annoncé jeudi qu'elle avait annulé les deux premières semaines du calendrier régulier de la saison 2012-13. Pas moins de 82 rencontres, allant jusqu'au 24 octobre, ont été effacées.

«Nous sommes extrêmement déçus de devoir faire cette annonce aujourd'hui (jeudi)», a déclaré le commissaire adjoint de la LNH Bill Daly par voie de communiqué. «Le sport mérite mieux, les amateurs méritent mieux, et les gens qui tirent leurs revenus des activités découlant de celles de la LNH méritent mieux.

«Nous sommes toujours dévoués à faire tout en notre pouvoir afin de présenter une offre qui sera équitable pour les joueurs, pour les équipes, et pour nos partisans. Ces négociations n'ont pas comme objectif de 'gagner' ou de 'perdre'. Elles ont pour but de trouver une solution qui assurera la santé financière et la stabilité à long terme de la ligue et du sport. Nous sommes dévoués à atteindre cet objectif.»

Il est par ailleurs fort possible que des matchs supplémentaires soient annulés avant qu'on parvienne à négocier une nouvelle convention collective.

La campagne devait initialement commencer le 11 octobre, date à laquelle quatre affrontements étaient prévus. Même si des négociations ont eu lieu pendant tout l'été, la LNH et l'Association des joueurs ont été incapables de faire des progrès au fil de leurs discussions.

Le lock-out en était à sa 19e journée, jeudi. Les deux parties ne prévoient pas se rencontrer à nouveau à courte échéance.

«La décision d'annuler les deux premières semaines de la saison de la LNH est un choix unilatéral des propriétaires des clubs de la LNH, a souligné Donald Fehr, le directeur exécutif du syndicat des joueurs, par voie de communiqué. Si le hockey et les partisans étaient vraiment importants aux yeux des propriétaires, ceux-ci mettraient fin au lock-out et permettraient à la saison de commencer à temps pendant que les négociations se poursuivent.»

Le report du début de la saison fait en sorte que les joueurs seront privés du premier de leur 13 chèques de paie. Celui-ci devait être acheminé le 15 octobre. Les propriétaires, eux, devront composer avec des arénas vides, un manque à gagner au niveau des recettes provenant des matchs et, possiblement, l'obligation de rembourser des sommes d'argent à des abonnés de saison.

L'arrêt de travail, qui a mené à l'annulation des matchs préparatoires, a déjà coûté près de 100 millions $ US en manque à gagner à la ligue, a avancé Daly plus tôt cette semaine.

Ce n'est rien de nouveau pour les deux parties puisque la LNH en est à son troisième lock-out en 18 ans. Un total de 468 matchs ont été annulés en 1994-95, quand une saison écourtée a été lancée le 20 janvier. En 2004-05, c'est la saison au grand complet qui a été annulée. C'était la première fois depuis 1919 que la coupe Stanley n'était attribuée à aucun club.

«Un lock-out devrait être une mesure de dernier recours dans le jeu des négociations, pas une stratégie de premier ressort, a ajouté Fehr. Pendant près de 20 ans, les propriétaires ont choisi le lock-out afin que les joueurs leur fassent des concessions majeures. Les joueurs restent toutefois déterminés à jouer au hockey pendant que les deux parties travaillent pour en arriver à une entente qui soit juste pour les deux côtés. Nous espérons que nos partenaires auront bientôt la volonté de négocier.»

Alors que le monde de la LNH semble s'apprêter à vivre un autre long arrêt de travail, des joueurs ont déniché des postes un peu partout à travers le monde. Plus de 100 hockeyeurs ont déjà trouvé du travail en Europe, soit environ 15 pour cent du membership de l'Association. On s'attend à ce que ce chiffre-là augmente sensiblement, maintenant que des matchs réguliers ont été annulés.

Des joueurs n'ont d'ailleurs pas tardé à afficher leur frustration sur les réseaux sociaux.

«On dirait que je devrai continuer à m'entraîner sans but précis, et je déteste ça! Don et Gary, tâchez de trouver une solution!», lancé le gardien des Rangers de New York Henrik Lundqvist sur son compte Twitter.

Plusieurs observateurs ont fait preuve de pessimisme, ces dernières semaines, alors que certains craignent qu'une autre saison entière puisse être perdue. Tout cela semblait impossible aussi récemment qu'en juin dernier, à l'occasion de la finale de la Coupe Stanley, alors que la ligue se vantait d'avoir connu une autre saison sans précédent au niveau des revenus.

Toutefois, les deux parties insistent pour dire que rien n'est perdu puisqu'elles continuent de communiquer régulièrement et ce, sans s'abaisser à lancer des attaques personnelles. C'est là quelque chose de très différent par rapport à 2004-05, et personne ne semble vouloir répéter les erreurs du passé.

«Il va falloir rester assis et persévérer — même si ce n'est pas plaisant, même si les gens ne disent rien de neuf pour l'instant, même si vous préféreriez faire autre chose —jusqu'à ce qu'on trouve une façon d'y arriver, a déclaré Fehr. Ils n'ont pas été enclins à le faire très souvent, ces derniers temps. Espérons que ça va changer.»