Je vous suggère d'écouter RIS mardi pour savoir qui est la meilleure équipe entre les Sharks de San Jose et les Bruins de Boston. Ce duel fort attendu permettra de se forger une idée plus précise sur la question.

C'est difficile de trancher sur ce sujet surtout que je considère le gardien Tim Thomas plutôt comme un acrobate et je me demande s'il peut mener les Bruins à de grandes performances en séries. Je suis incapable d'effacer ce point d'interrogation même s'il accomplit un travail remarquable depuis le début de la saison. Thomas parvient à effectuer les arrêts clés et il garde son équipe dans la partie.

Évidemment, Thomas n'est pas l'unique facteur qui explique le succès de cette équipe. Sous les ordres de Claude Julien, Zdeno Chara est redevenu un défenseur dominant et les Bruins possèdent une bonne équipe offensivement.

Quant aux Sharks, ils représentent également une puissante équipe appuyée par un gardien fiable en Evgeni Nabokov et un centre de premier plan en Joe Thornton. Toutefois, un doute repose toujours sur les épaules de Thornton qui n'a pas encore été capable de prouver qu'il est un grand joueur de concession en séries éliminatoires. Thornton est bien appuyé par Patrick Marleau, Devin Setoguchi et Ryan Clowe qui connaissent des saisons impressionnantes.

Je l'ai dit l'an passé et je le répète, Thornton doit d'être dominant en séries cette année sinon les Sharks devront réfléchir à changer leur approche. C'est bien beau d'accéder aux séries et de dominer durant la saison, mais ce qui compte ultimement demeure le rendement en séries.

En bout de ligne, je suis obligé de favoriser les Sharks. Je me dis que s'ils n'ont pas appris avec les années précédentes, ils ne le feront jamais… Je concède donc un léger avantage aux Sharks même si j'ai beaucoup confiance en Claude Julien.

Il n'y a aucun doute que les Sharks et les Bruins s'avèrent deux très, très bonnes formations. Il ne faut pas oublier que les impondérables pourraient jouer un rôle majeur d'ici la fin de la saison. J'ai donc hâte de voir l'impact de ces facteurs impossibles à contrôler comme les blessés.

Le rôle des entraîneurs

L'entraîneur des Sharks Todd McLellan n'est peut-être pas le visage le plus connu à travers la LNH. Mais la force d'un entraîneur qui arrive avec une équipe expérimentée comme les Sharks demeure d'obtenir la confiance des vétérans, de les faire produire et de les rendre heureux ce qu'il a réussis à accomplir.

De l'autre côté, Julien a excellé dans ce mandat avec les Bruins. L'ancien pilote du Canadien et des Devils du New Jersey a sans doute appris de ses erreurs du passé et c'est normal de commettre des erreurs pour un entraîneur. À ce sujet, Marc Savard s'avère le meilleur exemple. Il était reconnu comme un athlète difficile à diriger, mais il produit à un rythme soutenu.

Julien mérite beaucoup de crédit pour le brio de Chara. Le quart-arrière des Bruins a la chance d'être bien entouré par un défenseur comme Dennis Wideman qui ne reçoit pas beaucoup d'attention. Wideman profite de toute la surveillance accordée à Chara pour compter plusieurs buts.

Tous ces facteurs me font apprécier le rendement des Bruins même si j'ai de la difficulté à regarder un acrobate devant le filet d'une telle équipe.

Un ingrédient clé : les atttaquants imposants

Ces deux équipes misent sur des attaquants de puissance ce qui leur confère un avantage considérable.

Les Bruins ont la chance de compter sur Milan Lucic, le prototype rêvé pour les séries. Je suis convaincu que toutes les équipes de la LNH seront intéressées à lui d'ici deux à trois saisons. En tant que joueur robuste évoluant sur les deux premiers trios et qui peut jeter les gants, Lucic deviendra meilleur avec davantage de maturité et d'expérience.

La comparaison est si facile à établir avec le Canadien qui aurait un visage fort différent avec un joueur comme Lucic dans son uniforme. Il changerait complètement l'image et la structure de l'équipe.

Au niveau de la robustesse, Lucic est bien appuyé par Shawn Thornton qui effectue du bon travail tout comme Chara qui calme souvent l'adversaire. Je serais donc surpris que les Sharks puissent intimider les Bruins.

Le style de l'Ouest est très physique et intense donc les Bruins devront s'y ajuster très rapidement. Ceci dit, les Bruins n'ont rien à envier aux Sharks.

Les Sharks évoluent dans l'Ouest face à plusieurs puissantes équipes, mais je ne vois pas ce facteur comme un désavantage. À mon avis, leur faiblesse principale demeure qu'ils n'ont jamais rien gagné quand ça compte vraiment. La pression n'est pas au rendez-vous durant la saison et le sourire est facile, mais le portrait change en séries. Thornton est sans doute affecté au niveau de la confiance et voilà pourquoi la première série jouera un rôle primordial afin de donner le ton.

Les Bruins et les Sharks sont bâtis pour être compétitifs maintenant et lors des prochaines années. Par contre, la confiance des Bruins demeure peut-être un peu plus fragile car ils ont connu des ennuis lors des dernières saisons. Toutefois, David Krejci, Phil Kessel et Blake Wheeler produisent avec constance et Patrice Bergeron pourrait devenir un facteur important dans les séries. D'ailleurs, les Sharks ne se gêneront pas pour le frapper.

Le hockey d'aujourd'hui prouve que la clé du succès passe par un gardien dominant et de bons défenseurs pour effectuer la relance de l'attaque. Ce constat s'est confirmé l'an dernier en finale de la coupe Stanley. Brian Rafalski et Nicklas Lidstrom relançaient rapidement le jeu ce qui permettait aux attaquants de prendre de la vitesse. Les Penguins ont été incapables d'en faire autant ce qui a compliqué la tâche de Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Marian Hossa.

Les Sharks devront s'inspirer du modèle des Wings pour aspirer aux grands honneurs.

*Propos recueillis par Éric Leblanc