TORONTO - Ce n'est pas parce qu'un joueur quitte la patinoire sur une civière qu'on doit remettre les bagarres en question, estime Brian Burke.

Mais quoi qu'en pense le directeur général des Ducks d'Ahaheim, le KO subi par Todd Fedoruk a fait réfléchir le préfet de discipline de la LNH Colin Campbell, qui a déclaré à La Presse Canadienne jeudi que le temps est venu, selon lui, de reconsidérer cette question des bagarres.

"Je suis d'accord avec Collie, a déclaré le vétéran Brendan Shanahan. Je ne pense pas que ça exige une décision prise trop rapidement mais il n'y a rien de mal à réfléchir sur le sujet."

L'attaquant des Rangers de New York, qui totalise 1288 minutes de punitions en carrière, a souvent jeté les gants mais comme Campbell, il se demande si le rôle des gorilles n'est pas devenu trop dangereux.

"Ce n'est plus comme c'était, a-t-il constaté. Plus souvent qu'autrement il y a un clair gagnant et donc un perdant qui quitte la patinoire très amoché ou blessé. Je déteste voir ça. Je n'ai pas aimé ce qui est arrivé à Fedoruk l'autre soir."

"La civière et tout ce qui tournait autour a probablement fait que c'est devenu hors de proportion, défend pourtant lui-même le joueur des Flyers de Philadelphie. De toute évidence, j'ai été mis KO (par Colton Orr, un coéquipier de Shanahan), mais le lendemain j'étais correct. J'avais des symptômes d'une commotion cérébrale mineure mais ma blessure la plus grave a été à un genou, je me suis infligé une entorse en tombant sur la glace.

"Interdire les bagarres n'est absolument pas une solution. Ca fait partie des racines du hockey", a-t-il ajouté.

La préoccupation de Campbell, partagée par plusieurs, est que les gorilles de la LNH sont devenus tellement gros et forts qu'ils s'infligent plus de dommages que par le passé.

La crainte sous-jacente est qu'un joueur pourrait mourir un jour à la suite d'une bagarre dans un match de la LNH.

"C'est une possibilité, reconnaît Fedoruk. Mais ça revient toujours au choix que vous faites. Ceux qui consentent à se battre acceptent ce rôle."

Jim Rutherford, le directeur général des Hurricanes de la Caroline, hésite sur cette question mais tend à donner raison aux joueurs qui protègent leurs coéquipiers.

"Oui, dit-il, un malheur peut arriver. Mais ça pourrait aussi arriver si on n'a plus le droit de se battre et si un joueur réplique avec son bâton. Notre sport est tellement rapide et entraîne tellement d'émotion qu'il va toujours y avoir des incidents."

Rutherford craint donc qu'un hockey sans bagarre devienne encore plus dangereux.

John Muckler, le directeur général des Sénateurs d'Ottawa, apprécie le débat mais doute lui aussi qu'interdire les bagarres soit une solution.

"Je suis prêt à participer à un débat et écouter les arguments pour et contre, a-t-il dit, mais je ne pense pas qu'il y ait de réponse facile."

Quant à Burke, dont l'équipe domine la LNH avec 65 punitions majeures pour bagarre, il affirme qu'il ne devrait même pas y avoir de débat.

"Les batailles ont été systématiquement réduites dans la LNH, dit-il, grâce aux punitions pour avoir été l'instigateur, aux suspensions et amendes. Elles ont été réduites, selon moi, au niveau où elles doivent être. Elles ne sont plus utilisées comme stratégie. Se débarrasser des bagarreurs m'apparaît une solution stupide."