TORONTO - Bière à la main, cornes sur la tête et vêtus du traditionnel chandail jaune orné de trois couronnes de leur équipe nationale, les Suédois débarqués à Toronto pour assister à la Coupe du monde convergeaient dans la joie et l’allégresse vers l’Air Canada Centre, dimanche midi, pour assister au match opposant leurs favoris à la Russie.

Avec Henrik Lundqvist devant la cage et le meilleur groupe de défenseurs de tous les clubs en lice, les partisans suédois avaient de bonnes raisons de sourire et de croire aux chances de leur équipe. Mais lorsqu’ils sont entrés à l’ACC, ils ont appris avec stupéfaction que le roi Lundqvist, amoindri par un virus, devait céder son trône à l’un de ses valets : Jacob Markstrom.

Une bien vilaine nouvelle que les Suédois ont noyée dans quelques bières supplémentaires. Les Suédois ont toutefois évité les maux de tête anticipés par cette mauvaise nouvelle et la bière consommée pour la mieux faire passer.

Car loin de profiter de la présence du gardien auxiliaire devant la cage suédoise, les Russes ont disputé 59 minutes de hockey quelconque avant de tenter une remontée de dernière minute.

Plus occupé jusque-là à distribuer des mises en échec et des coups de bâton qu’à jouer du hockey inspiré, Alexander Ovechkin a marqué un but avec 33 secondes à faire au dernier tiers. Il en a rajouté un deuxième avec sept secondes à faire. L’ennui pour « Ovie » et la Russie, c’est que le capitaine a redirigé la rondelle avec la main sans jamais lui retoucher avant qu’elle ne franchisse la ligne rouge. Résultat : le but a été refusé.

La séquence, désolante pour les Russes, mais ô combien rassurante pour la Suède, a donné un moment de télévision des plus intéressants alors qu’Ovechkin s’est rendu à un coup de patin de l’arbitre qu’il a ensuite enguirlandé vertement en lui indiquant que la rondelle avait touché son bâton après avoir touché sa main.

L’arbitre étant coiffé d’un casque surmonté d’une caméra, on a pu lire clairement les doléances vociférées par Ovechkin. Des doléances épicées de quelques blasphèmes bien connus dans la langue internationale du hockey.

Avec Anton Stralman sur le dos, le capitaine de l’équipe russe pouvait difficilement rejoindre la rondelle avec son bâton. « Quand je l’ai vu foncer au filet en redirigeant la rondelle avec sa main, je me suis aussitôt dit qu’il tenterait de la frapper au vol avec son bâton. J’ai donc mis tout mon poids contre lui pour éviter que cela arrive. Je sais très bien qu’il n’a jamais touché à la rondelle et je suis content que la reprise m’ait donné raison », a indiqué Stralman qui a accompli du travail colossal en compagnie de son partenaire de jeu Victor Hedman.

De fait, tous les défenseurs suédois ont été solides face aux Russes. Et cela n’a rien eu à voir avec un possible ajustement du plan de match pour mieux encadrer Jacob Markstrom.

Confiance en Markstrom

« Hank est Hank. Il est l’un des meilleurs gardiens de la Ligue, mais il n’y a pas eu de panique dans le vestiaire lorsqu’on a appris son forfait en vue du match. Nous formons une très bonne équipe. Nous avons un club équilibré. Nous savions qu’en jouant comme nous en sommes capables, nous serions très bien épaulés par Jacob », a ajouté Stralman.

« Cela fait des années que Markie attend l’occasion de défendre les couleurs de notre pays. D’être «Le» gars devant le filet. L’occasion s’est présentée aujourd’hui », a souligné Daniel Sedin.

« J’ai su que je serais devant le filet à mon arrivée à l’aréna donc 90 minutes environ avant le début du match. J’ai effectué deux bons arrêts en début de rencontre. Ça m’a mis dans le coup. Mais je dois dire que mes coéquipiers m’ont beaucoup aidé en me donnant la chance de voir les rondelles arriver et en saisissant les rebonds », a commenté le gardien qui a repoussé 27 des 28 tirs qu’il a affrontés en route vers une sélection à titre de deuxième étoile.

Assis à la droite de son gardien pendant qu’il répondait aux questions des journalistes, Erik Karlsson a brandi un petit enregistreur et il s’est permis de lui poser une question reliée à la qualité de son jeu. « C’est toujours facile de jouer derrière un aussi bon défenseur qu’Erik Karlsson », a répondu Markstrom au grand plaisir du capitaine des Sénateurs d’Ottawa.

La Russie au neutre

Au lieu d’en vouloir aux arbitres, Ovechkin et ses coéquipiers devraient s’autoflageller tant ils ont joué du hockey quelconque contre des Suédois beaucoup mieux organisés et beaucoup plus impliqués.

On l’a dit et écrit souvent au cours des dernières semaines, la formation russe est hypothéquée par une défensive lente. On en a eu la preuve sur le deuxième but des Suédois alors que Victor Hedman, première étoile de la rondelle, a foncé dans l’enclave où il a été rejoint par Carl Hagelin avant de décocher un tir précis sans être gêné par Andrei Markov ou Alexei Emelin qui ont figé sur le jeu. À la défense des deux arrières du Canadien, les attaquants qui devaient les aider avaient eux aussi les patins ancrés dans la glace.

Gabriel Landeskog, avec un tir frappé de la pointe décoché en début d’avantage numérique, a marqué le premier but de la Suède.

Si Ovechkin n’a rien cassé malgré ses élans de la dernière minute, on peut en dire autant d’Evgeny Malkin, de Pavel Datsyuk et de l’ensemble de l’équipe russe qui croisera l’équipe formée des jeunes surdoués de l’Amérique du Nord lundi soir.

Quant aux Suédois, ils croiseront leurs voisins de la Finlande mardi après-midi.