MONTRÉAL - L'entraîneur de hockey mineur André Harvey, qui a asséné un coup de poing à un joueur de calibre Midget A pendant une mêlée au cours d'un match opposant Jonquière à Chicoutimi, samedi dernier, a été suspendu pour 10 ans.

La décision a été rendue par le comité de discipline de Hockey Saguenay-Lac-St-Jean.

Harvey a reconnu son geste et regrette celui-ci. Malgré cela, le comité de discipline régional a tenu à rappeler qu'un entraîneur «doit être conscient du rôle primordial qu'il doit jouer en tout temps et de la grande influence qu'il a sur son entourage» et «qu'il doit assumer une mission d'éducation auprès de ses joueurs et faire preuve de respect dans son approche». Le comité rappelle que «le geste posé va à l'encontre des principes recherchés chez un entraîneur lorsqu'il s'implique dans le sport, et ce pour tout sport confondu». Dans les circonstances, le comité a conclu à un geste délibéré et établi à 10 ans la suspension de Harvey.

Son adjoint Vincent Gravel a quant à lui écopé de quatre matchs de suspension.

Le directeur général de Hockey Québec, Sylvain B. Lalonde, estime que «la décision prise par le comité de discipline est exemplaire et permet d'établir une jurisprudence».

Le comité de discipline régional entendra les joueurs impliqués dans l'escarmouche au cours de la prochaine semaine, notamment ceux qui ont été impliqués dans un incident avec l'arbitre. Les sanctions seront communiquées à la suite de cette audition. Entretemps, les joueurs sont suspendus indéfiniment et ne peuvent prendre part aux activités de leur équipe.

La victime parle

Silencieux depuis les incidents, Charles-Émile Lavoie-Côté, la victime du geste causé par l'entraîneur des Pumas de Jonquière, a accepté de livrer sa version des faits. Les images de cette mêlée ont tourné en boucle partout au Québec depuis samedi dernier. Charles-Émile Lavoie-Côté évoluait dans le juvénile AAA, mais ses nombreuses commotions cérébrales l'ont forcé à intégrer une catégorie sans contact.

« Ça ne plait pas à chaque entraîneur. Ils ne connaissent pas ma vie et croient que je suis un peureux et que je ne veux pas jouer avec contact. À la fin du match, il y a un joueur qui m'a poussé sur leur banc. J'ai répliqué aux joueurs et c'est à ce moment que les entraîneurs s'en sont mêlés. »

André Harvey a déclaré qu'il ne visait pas le joueur des Cougars, mais plutôt l'arbitre qui était au centre de la mêlée, une déclaration que réfute Charles-Émile Lavoie-Côté ainsi que son entraîneur. « "Je ne crois pas ce qu'il a dit. L'arbitre, c'est un de mes amis. Qu'il ait frappé l'arbitre ou moi, ce sont deux mineurs quand même. Je crois qu'il me visait. On voit très bien son coup de poing sur la séquence et on voit mon casque ressortir des autres après le coup de poing. »

« Durant le match, à plus d'une occasion, Charles-Émile est venu me voir pour me dire qu'il faisait l'objet de commentaires inappropriés, » a déclaré l'entraîneur de Charles-Émile, Éric Gagné.

Exigeant une sanction exemplaire, le joueur ainsi que son entraîneur sont sommes toutes satisfaits de la décision. « Dans dix ans, il aura 60 ans. Je ne sais pas s'il va encore vouloir être entraîneur. Il me reste deux ans à jouer. C'est bon pour les autres, car je ne souhaite cela à personne. »

« Le mot à vie pour nous voulait dire que le geste soit puni sévèrement, a ajouté Éric Gagné. Ces gestes n'ont pas leur place. »

Les parents du joueur n'écartaient pas l'idée de poursuivre André Harvey au civil. À la suite de la décision du comité de discipline régional, la famille a décidé de tourner la page. ,

Avec la participation de Thomas Verville