Les coups de poing durant les bagarres et les coups intentionnels à la tête devraient être bannis du hockey à cause des risques que courent les joueurs de subir de graves blessures au cerveau, affirme un médecin qui dirige le Journal de l'Association médicale canadienne.

Dans un éditorial ayant pour titre « Stoppez la violence et jouez au hockey », le rédacteur en chef par intérim, le Dr Rajendra Kale, écrit qu'à titre de nouvel arrivant au Canada, il a été surpris par l'adresse, la vitesse et la forme physique des hockeyeurs canadiens.

« En même temps, j'ai été effroyé par la pratique disgracieuse et inacceptable de se battre et de provoquer des traumatismes intentionnels à la tête », a déclaré le neurologue dans une entrevue depuis Ottawa.

« Ça ne semble pas aller ensemble... J'ai failli penser que c'étaient deux sports différents qui se jouaient », a raconté Kale, qui est déménagé au Canada depuis Londres il y a plus de trois ans.

Sa voix est la plus récente à se faire entendre de la sorte, alors qu'un nombre inquiétant de joueurs de la Ligue nationale de hockey ont dû s'absenter ces derniers mois après avoir subi une commotion cérébrale. Parmi ceux-ci, on retrouve les joueurs de premier plan Sidney Crosby, Claude Giroux et Chris Pronger.

Bien que la LNH ait amorcé un certain virage pour réduire le nombre de coups à la tête, notamment en imposant des sanctions plus importantes, la ligue et d'autres observateurs avancent que les bagarres et les dures mises en échec font partie du sport. Les gens ne suivraient plus le hockey si on enlevait cet aspect du gens, selon eux.

« C'est un argument, mais je crois qu'il s'agit d'un argument extrêmement faible, a répliqué Kale. Si vous interdisez les bagarres et les coups intentionnels à la tête, on ne sait pas ce qui va arriver. »

Il donne en exemple la loi interdisant de fumer dans les bars et les restaurants. Les propriétaires de ces commerces avaient prédit une baisse importante du nombre de clients et qu'ils ne feraient plus de bonnes affaires.

« Ce n'est pas arrivé, a écrit Kale. À la place, on a assisté à une réduction du nombre d'admissions à l'hôpital pour les crises cardiaques et les maladies du poumon.

« Si les bagarres sont interdites, plusieurs spectateurs qui boudent ce sport présentement pourraient commencer à le regarder. »

Il existe de plus en plus de données scientifiques montrant que les commotions cérébrales répétées — et même la succession de blessures au cerveau de gravité moindre — sont probablement liées à l'encéphalopathie traumatique chronique, une condition irréversible qui détruit progressivement les tissus du cerveau et peut mener à la démence.

«Il ne faut pas être un grand spécialiste en neurologie pour comprendre ce qui se passe, a déclaré Kale. Le message, purement et simplement, c'est que le cerveau n'aime pas se faire frapper, et si vous le frappez à répétition, il y aura des dommages. C'est un organe fragile. »

Alors que les gens sont de plus en plus sensibilisés aux commotions cérébrales reliées au sport, Kale espère que d'autres médecins feront comme lui en dénonçant la violence au hockey — « une aberration dont nous devons nous débarrasser ».

Il est bien au fait des joueurs qui affirment qu'il faut accepter les mises en échec et les bagarres parce qu'elles font partie d'un sport rapide, et qu'il n'est pas réaliste de croire qu'on puisse les exclure du hockey.

En réplique à cela, Kale aimerait poser la question suivante à ces joueurs: « Voulez-vous être riche, célèbre et avoir sombré dans la démence à 40 ans? »

« Ils doivent y penser sérieusement. Il faut que ce soit très clair dans leur tête: ils courent un risque énorme. »