OTTAWA - On vous avait prévenu que Pierre Lacroix préparait un coup fumant… C'est devenue sa spécialité. Au cours des deux dernières saisons, n'a-t-il pas ravi, sous le nez de féroces compétiteurs, Theoren Fleury et Raymond Bourque. Deux prises qui ont créé bien des remous à travers la ligue.

Mais, en bout de ligne, Lacroix et l'Avalanche ont dû emprunter une vieille formule utilisée pendant plusieurs années par les Dodgers de Los Angeles: «Attendez à l'an prochain.»

La patience de Lacroix a cependant des limites. Il vient de poser un geste qui confirme que les hauts salariés de l'Avalanche devront maintenant déployer leur talent quand arrivera le tournoi du printemps. Sinon… humm, ça va brasser au Colorado.

Le président et directeur général de l'Avalanche vient de démontrer encore une fois qu'il était un parieur invétéré. Il adore jouer sous un fil sans filet. Il aime prendre des risques. Rob Blake s'amène à Denver avec un curriculum vitae impressionnant. Comme Bourque l'an dernier. Comme Fleury, il y a deux ans.

Lacroix a déployé une stratégie qu'aucun autre directeur gérant ne peut songer à utiliser. Il paie le gros prix parce qu'il a les ressources pour le faire. Il a les ressources parce qu'il dirige une organisation qui a fait sa marque au niveau du recrutement, il dirige une entreprise qui n'a pas de faille au niveau de la structure administrative. Aussi quand vient le temps de réaliser un gros coup, il ne va pas à la guerre avec des tire-pois. Il est armé jusqu'aux dents et il vise juste.

Maintenant qu'il possède la meilleure unité défensive de la Ligue nationale, titre qu'il vient d'enlever aux Blues de St. Louis, il s'attend à ce que l'Avalanche dispute son dernier match à la mi-juin… et bien entendu avec un large sourire.

La transaction laisse toutefois des traces. Peter Forsberg ne comprend pas le départ de son bon ami Adam Deadmarsh. D'autres joueurs - comme Patrick Roy - ne voulait pas trop commenter les événements après l'annonce de la transaction. Il était secoué. Mais, les joueurs devront revenir à de meilleurs sentiments et surtout ils devront s'assurer qu'il n'y aura pas d'excuses à tout échec pendant le tournoi du printemps. Dans le cas contraire, le prix à payer sera élevé. Pas certain que le contrat de Joe Sakic (déjà malheureux du fait qu'aucune proposition de contrait ait été déposée sur la table) sera renouvelé. Pas certain que Lacroix prendre beaucoup de temps dans les négociations avec son gardien Roy. Pas certain que Raymond Bourque va ajouter une autre année à sa carrière.

Lacroix est un parieur… et aussi un homme d'affaires qui n'a pas de sentiments au cours d'une négociation. Il est intraitable. Il vient de s'offrir le meilleur défenseur du circuit après Pronger. Il vient de sacrifier deux joueurs très respectés dans le vestiaire, Aaron Miller pour son leadership et Deadmarsh pour son entrain. Il devra aussi céder aux Kings un jeune joueur de l'organisation en plus de son premier choix mais ça ce n'est pas tellement important puisque ce sera le 30e choix.

Lacroix a fait son boulot. Il était le seul à pouvoir «louer» un défenseur super-vedette. Maintenant, les joueurs doivent produire sinon le coup de barre sera retentissant.
Lindros, toujours Lindros

Pat Quinn dit carrément que Bobby Clarke n'a pas de parole. Qu'il est malhonnête.

Bobby Clarke soutient que les Leafs et Pat Quinn ont voulu lui refiler des athlètes mal en point.

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Et la saga Lindros continue
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Personne ne doutera que Clarke s'amuse comme larron en foire. Qu'il n'a jamais autant savouré un moment aussi particulier alors qu'il se paie la tête d'une famille qui l'a fait «c…» pendant des années.

A Toronto, évidemment, on varlope Clarke sur la place publique, l'accusant d'avoir détruit les Leafs au point que cette équipe doit maintenant lutter pour une participation aux séries éliminatoires. A Philadelphie, on est plus calme après tout, les Flyers gagnent, ils ont une équipe intéressante et les Flyers sont au premier rang de leur division. Je n'ai aucune sympathie pour les Leafs, je vous l'avoue franchement. Pat Quinn et ses propriétaires ont eux-mêmes créé ce véritable cirque en embarquant dans le jeu de la famille Lindros.

Complicité ou naiveté, je l'ignore. Mais si les Leafs avaient carrément pris leur distance au moment où Lindros déclara qu'il ne voulait jouer qu'à une seule place, à Toronto, les Leafs ne se retrouveraient pas dans une telle situation.

Les Leafs ont préféré souscrire aux exigences d'un athlète qui a toujours voulu jouer selon ses propres règlements sans égard pour les autres joueurs. Ils ont voulu s'associer à la famille, qu'ils en paient le prix maintenant.

Dans leur scénario, ils ont oublié deux éléments importants: les Flyers gagnent malgré l'absence de Lindros, et Quinn est un bien mauvais négociateur: pensait-il pouvoir passer deux joueurs blessés à Clarke?