MONTRÉAL - Guy Lafleur devait à l'origine disputer trois matchs, cet hiver, avant de tirer à tout jamais un trait sur sa carrière chez les vétérans. Il a finalement accepté d'en disputer sept, pour mieux remercier ses partisans.

Ce qui a du même coup permis aux amateurs des quatre coins de la province de le remercier en bonne et due forme.

Ce qui allait de soi puisque le Démon blond a toujours été près de ses partisans. Et ceux-ci le lui ont toujours bien rendu.

Pourtant, Lafleur est le premier à se dire surpris des manifestations d'affection à son endroit, comme celles auxquelles il a eu droit, dimanche, à l'occasion de son match d'adieu au Centre Bell.

"Je suis surpris à chaque fois, a-t-il reconnu. C'était très touchant. Je me considère comme une personne très choyée, comme je l'ai été tout au long de ma carrière, d'avoir l'appui du public - dans les beaux et bons moments, mais aussi dans les moments difficiles. Et ça, ça n'a pas de prix.

"Ce que je reçois (du public), ça vaut plus que neuf ou 10 millions $ par année", a-t-il par ailleurs lancé quelques minutes après son tour du chapeau, dimanche après-midi, en faisant allusion aux montants que reçoivent aujourd'hui les plus hauts salariés de la LNH.

Lafleur a d'ailleurs déploré que les vedettes du hockey d'aujourd'hui ne soient pas aussi près des amateurs, comme ses confrères et lui l'étaient.

"Le hockey a énormément changé. C'est plus commercialisé et aujourd'hui, les joueurs font peut-être plus attention avec les millions qu'ils font. Ils sont moins près du public", a-t-il affirmé.

"À mon époque, quand les journalistes faisaient leur entrée dans le vestiaire, les joueurs ne se faisaient pas conseiller quoi dire comme c'est le cas de nos jours. C'est pour ça qu'à l'époque, il y avait parfois des grands titres à la une qui, disons, étaient intéressants... Mais aujourd'hui, il n'y en a pas de ça."

C'est d'ailleurs à cette mentalité à l'ancienne que Lafleur a attribué la présence en aussi grand nombre d'anciennes gloires de la LNH, dimanche, au Centre Bell - de Marcel Dionne et Gilbert Perreault à Denis Savard et Darryl Sittler en passant par Peter Stastny et Luc Robitaille.

"C'était spécial de voir ces gars-là accepter de jouer, a souligné le Démon blond. Vous savez, lorsqu'on essaie d'organiser un match comme ça, ce n'est pas évident de trouver des joueurs qui vont accepter l'invitation. Ils ont tous leurs choses à faire, et de passer un dimanche après-midi à jouer au hockey...

"Ça prouve une chose, c'est que ce sont de vrais joueurs de hockey qui ont toujours été près du public, qui ont connu la même époque que la mienne, où il y avait une camaraderie entre joueurs, où on se soutenait les uns les autres.

"Alors, leur présence a été très appréciée."

Lafleur a reconnu que la camaraderie entre joueurs va lui manquer lorsqu'il prendra son ultime retraite, le 27 février prochain, après son tout dernier match des vétérans à Québec. Ça, et l'appui des amateurs, "même si je vais rester en contact avec les gens en tant qu'ambassadeur du Canadien", a-t-il fait remarquer.

Il ne vivra plus jamais l'ivresse d'une foule qui scande "Guy! Guy! Guy!". Mais pour cela, "il me reste mes cassettes", a noté avec sagesse le Démon blond.

Malgré tout cela, Lafleur ne regrettait pas sa décision après le match de dimanche. Il était temps, à ses yeux, de mettre un terme à sa carrière chez les vétérans.

"Je voulais avoir mes fins de semaine, a-t-il souligné. Les matchs (des vétérans) sont du jeudi au dimanche, alors je voulais avoir davantage une vie familiale. En disputant ces matchs-là, on n'est pas souvent à la maison... et j'ai mon commerce à Rosemère, c'est important d'être là souvent."