RDS2 présentera le match inaugural du Rocket de Laval vendredi soir à 19 h 30.

LAVAL – Charles Hudon était un chétif blanc-bec de 20 ans quand Sylvain Lefebvre l’a pris sous son aile à l’automne 2014. Cette année-là, sa première dans la Ligue américaine, Hudon avait été le deuxième meilleur marqueur des Bulldogs de Hamilton.

Lors des deux saisons suivantes, c’est à St. John’s que Lefebvre a continué de superviser la progression de l’un des plus beaux espoirs de l’organisation du Canadien. Régulier comme un pendule, Hudon y a produit des saisons de 28 et 27 buts.

Lefebvre dirige aujourd’hui le club-école du Canadien dans une troisième ville différente et à son grand plaisir, Hudon ne l’y a pas suivi. En début de semaine, le combatif attaquant d’Alma a survécu aux dernières coupes du grand club et obtenu la confirmation qu’il commencerait la saison dans la Ligue nationale. Jeudi contre les Sabres de Buffalo, il a obtenu près de 14 minutes de temps de jeu, dont deux et demie sur l’avantage numérique, en plus de décocher quatre tirs au but sur le trio qu’il forme avec Tomas Plekanec et Artturi Lehkonen.

S’il parvient à maintenir aussi fière allure sur la durée d’une saison complète – ce dont Lefebvre ne doute pas une seule seconde – il ne se retrouvera jamais du mauvais côté de l’indicatif régional 450.

 « C’est ce qu’on espérait pour lui, a commenté Lefebvre à la veille du premier match de la saison du Rocket de Laval. En tant qu’entraîneur, c’est ce que tu désires pour tes joueurs, qu’ils réalisent leur rêve et qu’ils performent à un niveau plus élevé. Pour nous, c’est notre gâterie, c’est pour ça qu’on fait ça. On passe beaucoup de temps avec les joueurs, que ce soit sur la glace ou à l’extérieur de celle-ci, et de les voir réussir comme ça, c’est sûr que ça nous fait un petit velours. »

En Hudon, Lefebvre voit aujourd’hui un jeune homme plus mature que celui qu’il a appris à connaître il y a trois ans.

« C’est un gars qui a pris beaucoup de galon à force de jouer dans différentes situations de jeu. Mais ce qui va l’aider, c’est sa vision, son lancer, sa capacité à marquer des buts dans des espaces restreints et aussi à fabriquer des jeux. »

L’absence prévue de Hudon dans son effectif a forcé Lefebvre à redistribuer les précieuses minutes et les importantes responsabilités qu’il avait l’habitude de lui confier. Pour l’instant, le principal bénéficiaire de l’opération s’appelle Nikita Scherbak. L’ancien choix de première ronde commencera la saison aux côtés de Chris Terry, le premier marqueur du club l’an dernier, et de Michael McCarron. Il sera aussi utilisé sur la première unité d’avantage numérique.

« Il en est à sa troisième saison professionnelle et on veut qu’il prenne encore plus de maturité qu’il en a pris dans les deux dernières années, insiste Lefebvre. On veut aussi non seulement qu’il prenne plus de responsabilités offensives, mais qu’il joue défensivement dans sa zone. »

Derrière des valeurs sûres comme Terry et Peter Holland, Lefebvre évoque aussi la possibilité de voir Martin Reway hériter d’un rôle accru si Scherbak est incapable de saisir l’opportunité qui lui est offerte.

« On espère qu’il va retrouver toute la forme qu’il a perdue l’année dernière, mais il s’en vient bien. On voit déjà qu’il a plus d’énergie chaque jour. On va faire en sorte de bien suivre sa progression. Si, par exemple, il ne peut pas jouer deux matchs en deux soirs, on va attendre un peu, on va être patient. »

Un ratio à respecter

En ce début de saison, les points potentiellement perdus par l’absence de Hudon ou le compte des matchs disputés par Reway ne font pas partie de l’équation la plus compliquée sur l’ardoise de l’entraîneur-chef.

Un règlement de la Ligue américaine stipule qu’une équipe peut inscrire à son alignement, pour un match donné, un maximum de cinq joueurs au statut de « vétéran », c’est-à-dire qui comptent plus de 320 parties d’expérience au hockey professionnel. Cette liste peut être allongée à six à condition que le joueur supplémentaire n’ait pas joué plus de 260 parties dans une ligue élite reconnue.

Le Rocket compte présentement sept de ces « vétérans » dans ses rangs : les attaquants Chris Terry, Nicolas Deslauriers, Peter Holland et Byron Froese ainsi que les défenseurs Matt Taormina, Jakub Jerabek et Éric Gélinas. C’est donc dire qu’en attendant une transaction, un blessé ou un rappel, Lefebvre devra asseoir dans les gradins un client susceptible de lui rendre de fiers services.

« Moi, ce sont les joueurs que j’ai sous la main. Ce sera à la direction de décider pendant combien de temps on reste comme ça, mais avec l’expérience, on sait que les choses peuvent changer très vite dans la Ligue américaine. On prendra nos décisions au fur et à mesure et on s’ajustera si des changements sont faits », résout Lefebvre.