LAVAL – L’exécution plus rapide, les adversaires plus intimidants, les voyages plus éreintants. Mathieu Joseph avait été prévenu et pensait être prêt pour tout ce que lui réserverait la vie de hockeyeur professionnel après quatre saisons dans la LHJMQ.

Mais il y a des ajustements qui ne peuvent être faits que sur le terrain.

« Tu le vois dans les partys de Noël ou les autres occasions du genre que ce n’est plus du junior, rigolait le dynamique attaquant du Crunch de Syracuse quelques heures avant son match contre le Rocket de Laval mercredi. Les gars ont des femmes et des enfants, ça court partout dans la maison. C’est une atmosphère différente... mais je ne déteste pas ça! »

Lentement, mais sûrement, Joseph commence à s’habituer aux nombreuses particularités de la Ligue américaine. Après avoir récolté un seul point à ses neuf premiers matchs de la saison, l’ancien des Sea Dogs de Saint John a retrouvé ses repères offensifs. Avant son passage à la Place Bell, il avait récolté sept points à ses six derniers matchs.

« Cet été, quand je parlais du fait que j’allais commencer pro, je savais que mes cinq à dix premiers matchs allaient être plus difficiles, confessait le jeune homme de 20 ans. Je ne suis pas le gars qui va sortir fort dans les dix premiers matchs et qui va plafonner pour les 50 autres. Je vais plutôt prendre mon temps pour tout analyser, m’adapter et ensuite, une fois que je me sens plus à l’aise, la confiance revient petit à petit. Mais je savais que tout serait à recommencer. »

« C’est plusieurs choses qui arrivent en même temps, tente-t-il d’expliquer. Je ne m’en faisais pas avec le niveau de jeu, j’étais capable de jouer. C’est plus de comprendre le temps que tu as devant toi quand tu as la rondelle. La pression vient plus vite et ça paraît. Les gars sont gros et plus forts physiquement. Il faut que tu sois dans le tapis à chaque présence, tu ne peux pas prendre de break. Ça ne peut juste pas arriver. Des fois, dans le junior, je pouvais me laisser aller un peu. Ici, il faut que tu sois sharp tout le temps. »

C’est justement à Laval que les choses ont débloqué pour Joseph. Début novembre, devant les membres de sa famille, il a marqué ses deux premiers buts de la saison en plus d’obtenir une passe. Le lendemain, il a préparé l’un des deux buts de son équipe, un réveil qui a coïncidé avec une conversation sollicitée par son entraîneur Benoît Groulx.

« Ben m’a parlé, il a essayé de me calmer un peu à propos de mon début de saison. Il m’a dit qu’il m’aimait comme joueur, mais qu’il faudrait que je travaille un peu plus. J’avais des ajustements à faire, mais il m’a donné beaucoup de confiance avant ce match-là. Il savait que j’étais à la maison et que je voulais bien faire. C’est ce qui m’a relancé. Depuis ce temps-là, on dirait que j’ai retrouvé l’état d’esprit que j’avais dans le junior. »  

« Il a eu un début de saison modeste, mais il a vraiment une belle progression depuis, confirme Groulx. C’est un joueur qui veut faire les choses de la bonne façon, mais il a besoin de temps. Je pense que cette année, c’est une très bonne année d’apprentissage pour lui. »

Groulx n’a pas la réputation de faire dans la dentelle avec ses jeunes joueurs. Tous ceux qui ont subi ses méthodes n’ont pas apprécié l’expérience, mais Joseph s’est montré ouvert aux directives de cette figure d’autorité qui l’a incité à rehausser ses standards.

« C’est sûr que c’est tough. On ne va pas se mentir, c’est un coach exigeant. Peu importe les équipes qu’il a coachées, ça a toujours été des équipes difficiles à battre pour cette raison. Ce qui est le fun avec lui, c’est que même quand tu penses que tu en fais beaucoup, il t’en demande toujours plus. Même si tu "performes" bien, ce n’est pas encore assez. Je pense que c’est comme ça qu’une équipe s’améliore et c’est une des grosses raisons qui expliquent pourquoi on a eu autant de succès dans nos derniers matchs. »

En soirée, Joseph a joué comme un gars qui n’a aucune intention de ralentir. Il a inscrit son cinquième but de la saison, a été crédité de quatre tirs au filet et a bien contrôlé le jeu lorsqu’utilisé au point d’appui en avantage numérique. Sa vitesse et sa fougue ont également bien servi les unités spéciales défensives du Crunch.

Les deux pénalités mineures dont il a écopé dans la première moitié du match et son manque de prudence sur le but d’assurance du Rocket pourront simplement être classées comme des erreurs de parcours normales dans l’apprentissage d’une jeune recrue.

« Il joue un rôle important pour nous, insiste Groulx. Il est sur notre avantage numérique et je l’utilise beaucoup avec [Anthony] Cirelli. Ils sont vraiment très bons ensemble. Il a une belle progression et je pense qu’il va être un excellent joueur pour nous dans le futur. Ses chances de jouer dans la Ligue nationale sont très, très bonnes. »