Tous les gardiens de but du Club de l’Armée rouge (CSKA) vivent dans l’ombre de Vladislav Tretiak. Le célèbre numéro 20 a laissé de grands patins à chausser pour ses successeurs. Le gardien Kevin Lalande est bien placé pour le savoir. Le Franco-Ontarien défend la cage du CSKA depuis le mois d’août dernier.

« C’est spécial de porter le même uniforme qu’un joueur comme Tretiak. Les attentes sont très élevées, surtout avec le budget du club. Ici, il faut gagner. »

Kevin LalandeHeureusement pour Kevin, les victoires se sont accumulées depuis le début de la saison. À titre de gardien de but auxiliaire, l’Ottavien a remporté 16 de ses 23 joutes en saison régulière. Lors des séries éliminatoires, il a récolté six victoires lors de ses sept premiers départs, en maintenant une moyenne d’efficacité de 94,4 %.

« On a un bon système. Nos joueurs d’avant jouent très bien défensivement. Le fait qu’on évolue en escouades de cinq complique la tâche de l’adversaire. Dès le début du camp, Dmitri Kvartalnov, notre entraîneur, s’est assuré de former un esprit d’équipe solide. Il ne voulait pas d’individualisme. Le problème l’an dernier, c’est qu’il y avait beaucoup de cliques de vétérans. Je crois qu’on n’aurait pas autant de succès si cela n’avait pas changé. »

Les résultats de cette année contrastent avec la saison passée. L’Armée rouge a terminé au septième rang de son association lors de la saison 2013-2014 et elle s’est fait éliminer au premier tour des séries éliminatoires. C’est bien en dessous du championnat de saison régulière remporté haut la main par l’ancienne gloire de l’URSS.

Kevin, qui portait les couleurs du Dinamo de Minsk, a lui aussi des statistiques diamétralement opposées cette saison. La dernière campagne a été une catastrophe pour le Dinamo. L’Ottavien ne regrette tout de même pas son passage dans la capitale biélorusse, où il a toujours de nombreux partisans.

« J’ai eu beaucoup de plaisirs lors de mes trois saisons à Minsk. Ça n’a pas toujours été facile. On a seulement participé aux séries éliminatoires lors de ma première année. Je reçois souvent des messages d’encouragement par Facebook et par Twitter. Après l’élimination du Dinamo, beaucoup de Biélorusses ont commencé à nous supporter parce que je défends la cage de l’équipe. C’est plaisant de voir que les gens ne m’ont pas oublié. »

Kevin est devenu plus populaire en Biélorussie après les derniers Championnats mondiaux à Minsk. Le président du pays, Alexandre Loukachenko, lui a fait don de la citoyenneté pour services exceptionnels rendus au pays en février 2012. Détenteur d’un passeport biélorusse, le gardien de l’Armée rouge a acquis la nationalité sportive de ce pays. Lalande a commencé le tournoi à titre de troisième gardien de but et il l’a terminé comme portier partant lors des rondes éliminatoires.

« Je suis content d’avoir joué pour l’équipe nationale. Je ne m’attendais pas vraiment à jouer. Il y avait deux vétérans, Andrei Mezin et Vitaly Koval, qui défendent les couleurs de la Biélorussie depuis 10 ans. Les gens ne s’attendaient pas à ce qu’on joue en quarts de finale! Ce fut une belle expérience. »

Kevin LalandeL’idée de retourner devant le filet de la Biélorussie ne déplait pas au numéro 35 de l’Armée rouge, mais le Franco-Ontarien tient à ne pas brûler les étapes.

« Je ne sais pas s’il y a de l’intérêt de leur côté. Je n’ai eu aucune nouvelle. Je dois avouer que, pour l’instant, ce n’est pas ma principale préoccupation. Toute mon attention est portée vers l’Armée rouge. Nous sommes en séries éliminatoires. Lorsqu’on aura gagné la Coupe Gagarine, je prendrai une décision en fonction de l’intérêt qu’ils portent à ma candidature. »

Kevin n’a pas à s’en faire de ce côté. L’équipe nationale a beaucoup d’intérêt pour ses services. À titre d’entraîneur-chef et de sélectionneur pour la Fédération de hockey biélorusse, Dave Lewis étudie très sérieusement sa candidature.

« Lalande a très bien joué aux derniers Championnats mondiaux. Il a d’excellentes statistiques dans la KHL et il a joué dans les séries éliminatoires. Il sera un candidat de choix au poste de premier gardien de but lors de notre camp d’entraînement. Je l’ai vu jouer grâce aux webdiffusions. Il est solide. Ses déplacements sont fluides. Il ne panique jamais et il a une bonne lecture du jeu. Les chiffres de Kevin prouvent qu’il est un gardien de qualité et c’est très intéressant pour notre formation. »