Tous les amateurs de hockey l'ont remarqué, Guillaume Latendresse obtient des résultats impressionnants avec le Wild du Minnesota. Je l'ai toujours défendu durant son passage à Montréal parce que je me disais que le Canadien l'avait repêché pour ses qualités d'attaquant offensif, mais on ne l'a jamais laissé exprimer son talent.

C'est vrai qu'il a parfois été utilisé sur le premier trio, mais ça se limitait principalement à une dizaine de minutes ou une demi-période.

La relation entre le joueur et l'entraîneur aura toujours une grande influence et c'est facile à constater avec l'exemple de Benoit Pouliot. On perçoit immédiatement que la confiance de Jacques Martin est plus élevée envers lui.

Je me souviens de la première année de Latendresse avec le Canadien alors qu'on le laissait jouer et il a connu du succès. Guy Carbonneau l'appréciait et il était utilisé une dizaine de minutes par match ce qui lui a permis de marquer 16 buts. À ce moment, on se disait qu'il continuerait à s'améliorer.

Tout d'un coup, le Canadien tentait de le positionner, de le placer d'une telle manière, lui demandait de terminer ses mises en échec, d'aller devant le filet… Dans ce contexte, j'avais l'impression qu'il jouait pour faire plaisir à l'entraîneur.

La situation a complètement changé quand il est arrivé avec le Wild qui devait se débrouiller avec quelques blessés en attaque. Par conséquent, les entraîneurs n'avaient pas le temps de lui imposer une méthode de jeu et ils lui ont seulement demandé de jouer.

C'est ainsi que Guillaume a retrouvé sa confiance et qu'il est redevenu le joueur qu'il était dans le sens qu'il joue par instinct. D'ailleurs, je regardais son match d'un but et trois passes face aux Penguins lundi soir et la rondelle se retrouvait constamment près de lui ce qui démontre en partie son instinct.

Le Wild utilise Latendresse avec les mêmes partenaires de trio depuis plusieurs matchs et cette stabilité l'aide énormément. Ceci dit, je crois que Guillaume profite avant tout de la confiance de son entraîneur, Todd Richards. Je me souviens que peu de temps après son arrivée au Minnesota, Latendresse a été délégué en fin de match quand l'équipe adverse avait retiré son gardien de but et il avait marqué dans un filet désert. Il a apprécié cette marque de confiance et il avait l'occasion de faire cela dans les rangs juniors.

Maintenant, Guillaume ne se demande plus s'il jouera sur le quatrième trio quand il se rend à l'aréna. Au hockey, tu ne peux pas jouer en pensant constamment à ne pas faire d'erreurs et cette réalité est encore plus vraie pour un joueur offensif qui prend des risques à l'occasion.

Le Canadien est tout de même chanceux que Pouliot offre du bon hockey parce que les partisans n'hésiteraient pas à critiquer cette transaction. Je n'ose pas imaginer la scène s'il avait fallu que Pouliot soit uniquement un joueur de quatrième trio.

Pouliot effectue bien son travail et je ne peux m'empêcher de me dire que le Canadien pourrait miser sur ces deux joueurs. Le Wild avait ras-le-bol de Pouliot et ça n'aurait pas coûté Latendresse pour l'obtenir selon moi. Le Minnesota aurait sans doute accepté de se départir de Pouliot contre un choix de troisième ronde et un autre joueur comme Sergei Kostitsyn par exemple.

L'incident Burrows/Auger

D'entrée de jeu, je dois dire que je n'ai jamais vu une menace semblable envers un joueur et je ne dis pas que Stéphane Auger a menacé Alex Burrows.

J'ai dirigé pendant 25 ans, dont 10 ans dans la LNH, et je n'ai jamais vu un officiel dire à un joueur qu'il voulait avoir sa tête avant un match.

Mais qui croire dans cette histoire? Si je me fie à la séquence télévisuelle de la discussion entre Burrows et Auger avant la rencontre, j'ai davantage l'impression que l'arbitre a précisé à Burrows que son comportement l'avait fait mal paraître la dernière fois et qu'il l'aurait à l'œil cette fois. Je ne pense pas qu'il ait dit : « Tu vas payer le prix » ou des propos semblables. Je dirais même que la conversation semblait amicale et j'imaginais que Burrows s'excusait.

Cette soirée a tourné au drame et il ne faudrait pas que Burrows ait raison parce que ça remettrait en doute l'intégrité des officiels et il n'y a rien de pire pour une ligue professionnelle.

La LNH a décidé de gérer ce dossier à sa façon : en ne disant rien. Ils ont agi ainsi dans le dossier des Coyotes de Phoenix et Shane Doan à Montréal. Les dirigeants préfèrent ne pas parler et imposer l'amende maximale (2500$) pour une première offense à Burrows. Leur stratégie est probablement que cette histoire s'estompe.

Je me permets une petite parenthèse au sujet du montant de l'amende. J'ai de la difficulté à accepter qu'un joueur puisse écoper d'une telle amende peu importe les propos tenus en raison de la convention collective. La situation serait complètement différente si un entraîneur avait trop parlé… Pourtant, payer une amende de 2500$ quand tu gagnes deux millions par année, c'est comme faire un don de 10 cents à la messe!

Dans un monde idéal, la LNH pourrait imposer des règlements empêchant de telles histoires, mais c'est impossible. Il y aura toujours des discussions entre les officiels et les joueurs ainsi qu'entre les officiels et les entraîneurs. Tu ne peux pas empêcher un joueur de discuter avec un arbitre qui vient de lui imposer une punition injustifiée.

La LNH a peut-être obtenu des réponses satisfaisantes lors de sa conversation avec Stéphane Auger, mais je peux vous dire que l'entraîneur Alain Vigneault était en furie envers Auger au terme du match.


Gainey peut-il sortir un lapin de son chapeau?

Après un congé de quatre jours, le Canadien amorce une séquence importante de son calendrier avant la pause des Jeux olympiques. Jacques Martin devra relancer son premier trio sans la présence d'Andrei Kostitsyn. Quand je pense qu'il fallait l'échanger en octobre parce qu'il ne fonctionnait pas et qu'il n'était pas au sommet de sa forme… On constate son importance surtout que Michael Cammalleri et Tomas Plekanec ont été blanchis lors des quatre derniers matchs.

En ce qui concerne Plekanec, je peux comprendre cette situation car il a été surutilisé et il n'est pas un athlète très imposant.

Au chapitre des solutions, il faudrait peut-être que Bob Gainey sorte un lapin de son chapeau puisque le Canadien a essayé la plupart des jeunes de l'organisation. Je ne pense pas que Matt D'Agostini puisse faire le travail présentement surtout qu'il a obtenu toutes les chances nécessaires. En ce qui concerne Max Pacioretty, il travaille, mais il lui manque un peu de sens du hockey. Éventuellement, il fera un joueur de la LNH, mais il n'est pas prêt à jouer sur l'un des deux premiers trios.

Je me souviens lorsque les Penguins ont fait l'acquisition du vétéran Bill Guerin. Ce dernier devait rester pour une courte période afin d'aider Sidney Crosby à l'aile. Finalement, il demeure avec les Penguins et il accomplit de l'excellent travail. Je pense que c'est possible de dénicher un joueur pour dépanner en regardant du côté des Blues de St.Louis ou des Hurricanes de la Caroline qui peuvent sacrifier un ailier ne coûtant pas les yeux de la tête.

Ce nouveau joueur servirait à créer une étincelle en attendant le retour de Kostitsyn, mais cette situation est contrôlée par Bob Gainey et ce n'est pas vraiment son style de procéder à une transaction temporaire pour aider son entraîneur.

*Propos recueillis par Éric Leblanc