COLUMBUS - Devenir le tout premier choix au repêchage de la LNH comporte son lot de prestige, mais ne garantit en rien une belle carrière dans les rangs professionnels.

Oui, Mario Lemieux et Guy Lafleur ont été des premiers choix. Mais Alexandre Daigle et Patrik Stefan aussi.

Les chances sont bonnes qu'une équipe profitera à tout le moins d'un joueur solide, et obtiendra de lui quelques bonnes saisons. Le défenseur des Sénateurs d'Ottawa Chris Phillips est un bel exemple.

Mais il y a certains risques à avoir le premier choix. Pourquoi? Le dépistage de jeunes espoirs de 17 ans est une science inexacte, affirme le directeur de la centrale de dépistage de la LNH.

"Nous ne savons même pas ce que vont devenir nos propres enfants à l'âge de 17 ans, et nous fondons des espoirs d'une valeur d'un million de dollars sur un jeune de 17 ans", a souligné E.J. McGuire avant le début du premier tour du repêchage de 2007, vendredi.

"Nous sommes à quelques pas de Ohio State University, où les joueurs de football sont repêchés à l'âge de 20 et 21 ans et jouent devant 85 000 spectateurs.

"Certains de ces jeunes hockeyeurs sont sélectionnés et jouent devant 2500 personnes dans une communauté rurale du Canada et pourquoi ne font-ils pas carrière comme le demi offensif d'Ohio State? C'est comme comparer des pommes à des oranges."

Les clubs de la LNH tentent d'évaluer un joueur en le regardant jouer plusieurs fois avec son équipe et dans d'autres tournois comme les Jeux du Canada, le championnat mondial des moins de 17 ans, de 18 ans et de 20 ans.

Les dépisteurs discutent avec son agent, ses entraîneurs et ses parents et font passer au joueur un examen médical et psychologique quelques semaines avant le repêchage.

Tout cela donne de sérieux indices sur son potentiel comme joueur, mais la marge d'erreur reste importante puisqu'il changera beaucoup entre les âges de 18 et 20 ans.

Lemieux a été le premier choix des Penguins de Pittsburgh en 1984 et il a remporté le championnat des marqueurs de la LNH à six reprises, en plus de décrocher la coupe Stanley deux fois avec l'équipe qui l'a repêché.

Il est sans aucun doute le modèle à suivre.

Les Sénateurs d'Ottawa, alors une équipe d'expansion, avaient choisi Daigle en 1993 et lui avaient fait signer une entente de cinq ans d'une valeur étourdissante de 12,25 millions $ US.

Daigle n'a jamais récolté plus de 51 points au cours d'une saison pour Ottawa. Il a voyagé un peu partout dans la LNH, n'a pas joué pendant deux ans, a tenté d'effectuer un retour et il est présentement sous contrat avec le club suisse de Davos.

Facile de juger après coup, mais McGuire défend quand même la décision des Sénateurs de faire de Daigle leur premier choix.

"J'étais à Ottawa quand ils ont choisi Alexandre Daigle au premier rang et s'ils avaient une chance de choisir encore, ils le repêcheraient encore au premier rang, a-t-il dit. C'était un jeune canadien-français qui avait marqué 70 buts, qui avait une belle gueule, et à l'époque ils devaient vendre des billets des deux cotés de la rivière Outaouais dans un nouveau marché. Il faisait consensus."

Qualifier un premier choix de succès ou de déception est un exercice plutôt subjectif. Pour plusieurs d'entre eux, leur carrière s'est située quelque part entre les deux extrêmes.

Joe Murphy (Detroit, 1986) n'a dépassé le cap des 60 points qu'à trois reprises en 15 saisons dans la LNH, mais il a remporté la coupe Stanley avec les Oilers d'Edmonton en 1990.

Le défenseur Rick Green (Washington, 1976) a lui aussi disputé 15 saisons et il a remporté la coupe à Montréal avec le Canadien.

Dale McCourt (Detroit, 1977) a récolté 478 points en sept saisons dans la LNH avant de compléter sa carrière en Suisse.

Stefan (Atlanta, 1991) n'a jamais amassé plus de 41 points avec les Thrashers et il a été échangé aux Stars de Dallas l'été dernier.