On a beau dire que l'effort déployé samedi à Edmonton a été convaincant, mais Jacques Martin ne peut pas être pleinement satisfait du voyage de cinq matchs duquel revient son équipe.

D'abord, le périple a commencé avec deux victoires qui sont presque uniquement le résultat du rendement spectaculaire de Carey Price. Sans lui, pas certain que le Canadien débute sa saison sur une bonne note. Martin devait alors compter sur le passage dans l'Ouest canadien pour voir son équipe se replacer et son jeu de puissance se mettre en marche. On pouvait presque prendre pour acquis que l'équipe reviendrait à Montréal avec un bilan positif, mais rien n'a fonctionné au cours de la dernière semaine.

C'est décevant, parce que je crois que le Canadien aurait facilement pu revenir de ce voyage avec une fiche de 4-1. Les matchs à Calgary - où le gardien de but n'a pas fait les arrêts clés - et Edmonton étaient clairement à la portée de l'équipe, qui les a bêtement échappés. Pour ce qui est de la débâcle de Vancouver, sans dire qu'elle était prévisible, elle n'était pas totalement inattendue. Le Canadien y affrontait une équipe gonflée à bloc, qui était due pour débloquer et qui comptait sur un gardien déterminé à faire oublier son mauvais début de saison.

Je crois que le match à Edmonton est presque aussi décevant que celui qui s'est soldé par une dégelée à Vancouver, justement parce qu'on était en droit de s'attendre à une meilleure réponse des joueurs au traitement punitif que l'entraîneur leur avait fait subir quelques jours plus tôt. Le bouc-émissaire aura été Andrei Kostitsyn, cloué au banc dans la dernière portion du dernier match, qui dort au gaz depuis que la saison est commencée.

Kostitsyn est l'un de ceux qui ont goûté à la médecine de Martin, qui ne veut pas de tricheurs dans son équipe. Il demande à tous ses gars d'être présents dans les trois zones et toujours en mouvement. C'est d'ailleurs quelque chose que j'avais remarqué dès les premiers jours du camp d'entraînement et l'entraîneur continue d'être conséquent dans sa façon de gérer. Il n'a pas non plus hésité à le faire comprendre à Kyle Chipchura et Gregory Stewart, entre autres.

L'autre gros problème, c'est que le Canadien manque grossièrement de constance. Depuis le début de l'année, des performances honnêtes et respectables sont gâchées par quelques minutes de relâchement qui coûtent la victoire. Je pense que cette organisation est identifiée, depuis quelques saisons, comme une équipe que ne se présente pas pendant 60 minutes et Jacques Martin veut briser cette très mauvaise habitude. Il est nouveau dans la famille et veut que son équipe se débarrasse au plus vite de ses mauvais plis.

Ce n'est pas la fin du monde, mais après cinq matchs, ce n'est pas le travail qui manque pour le nouveau pilote du Canadien. À l'exception du premier trio composé de Gomez, Cammalleri et Gionta, il n'y a rien qui se passe! Le travail sur les unités spéciales reste à peaufiner, les sorties de zone doivent être améliorées et on doit trouver une façon de créer plus de chances de marquer.

Un souffle à la brigade défensive

Comme je disais, je trouve que le premier trio a vraiment donné ce qu'il avait à donner en ce début de saison. Travail, intensité, agressivité et production, tout y était. Travis Moen a lui aussi été bon et à la ligne bleue, Josh Gorges et Roman Hamrlik ont fait du bon travail, ils ont progressé. Mais reste qu'on attend toujours qu'une autre ligne d'attaque puisse prendre la relève et marquer des buts.

À mon avis, Jaroslav Spacek tarde à faire le travail escompté en défensive. Je ne dis pas qu'il joue mal, mais il s'est retrouvé dans un rôle de premier défenseur avec la perte de Markov et il n'a qu'une mention d'assistance à sa fiche. Il joue pendant environ 25 minutes par match et est supposé créer une étincelle sur le jeu de puissance, mais jusqu'ici, rien. Il y a donc place à amélioration de ce côté-là.

Yannick Weber a complètement raté son entrée. Je ne sais pas s'il était nerveux par la mise sous contrat de Marc-André Bergeron, mais il a connu un voyage atroce. Il devait sentir que les carottes étaient cuites dans son cas et comme de fait, le Canadien l'a renvoyé poursuivre son apprentissage dans la Ligue américaine lundi.

Bergeron, qui rejoindra sûrement l'équipe d'ici jeudi, a de l'expérience et du vécu. Offensivement, il amènera assurément une dimension nouvelle. Pour ce qui est de son jeu défensif, comme on dit, il n'est pas payé pour ça, même s'il devra faire sa part. Évidemment, il ne faudra pas le voir comme un sauveur, mais il pourra certainement apporter un souffle de confiance à la brigade défensive.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.