Le client a toujours raison
Hockey mardi, 29 mars 2005. 23:49 dimanche, 15 déc. 2024. 07:43
HAMILTON - Si Gary Bettman est si confiant que son plan n'offre aucune faiblesse, alors pourquoi a-t-il déposé cette plainte devant le bureau du travail des États-Unis, affirmant que l'Association joueurs entrave la liberté des athlètes en les menaçant de leur réclamer tout l'argent perçu jusqu'ici depuis le début du conflit, si jamais ils décident de franchir les lignes de piquetage?
Normalement, un leader en contrôle ne prend une telle décision, il s'assure plutôt qu'il est en parfait contrôle de la situation et, à cet égard, il ne montre pas des signes de nervosité ou encore de signes d'impatience comme vient de le faire le commissaire du hockey. Bettman indique clairement à l'adversaire, en prenant une telle initiative, qu'il n'est pas tout à fait certain que le plan « B » est parfaitement rodé.
Et voila aussi que l'homme de confiance des propriétaires se propose d'attaquer Bob Goodenow sur un autre droit à la liberté, cette fois-ci, dans le cas des agents. Il soutient que l'AJLNH brime le travail des agents en les menaçant d'expulsion des cadres de l'association si jamais ils appuient la décision d'un joueur d'évoluer comme employé de remplacement.
Sur ce point, il faut y voir une stratégie que Bettman veut exploiter au maximum. Peut-être a-t-il eu vent que bien des agents s'impatientent devant la lenteur des négociations et il sait aussi que plusieurs n'endossent pas totalement la stratégie de Goodenow. Aussi, comme bien des observateurs, il sait très bien que les agents ont perdu des revenus imposants au cours des derniers mois. Il faut croire donc que le commissaire aimerait bien gagner la confiance des agents qui, jusqu'à maintenant, ont fait preuve de prudence et ont majoritairement appuyé le leader syndical.
Si les propriétaires pouvaient gagner l'appui des agents, ils pourraient facilement mettre en place le plan « B » parce qu'ils n'y auraient pas trop d'opposition vis-à-vis les joueurs de remplacement. Vous vous souvenez sans doute que les agents, presqu'à l'unanimité, avaient claironné, après un long entretien avec Goodenow, que jamais ils ne représenteraient des scabs ou des joueurs qui auraient décidé d'aller contre les règlements de l'AJLNH.
Une prise de position qui risque toutefois de s'amenuiser si les joueurs, à leur tour, s'énervent devant la perspective d'un autre saison perdue. On a beau mentionner que l'on avait prévu un long conflit, qu'on avait fait des économies, il reste néanmoins que les athlètes pourraient voir leur carrière amputer d'une autre année et ça ne fait pas l'affaire de nombreux patineurs. C'est la raison pour laquelle, même si les membres de l'AJLNH soutiennent qu'ils appuient entièrement Bob Goodenow et son comité exécutif, qu'on ne peut négliger le fait que les athlètes ont peut-être une obligation morale envers leur association mais ont-ils vraiment une obligation juridique? Et les agents dans ce dossier, quelles sont leurs priorités? L'Association des joueurs ou encore leurs clients? La réponse, vous la connaissez, les agents doivent avant tout servir leurs clients, ce sont leurs patrons et comme me le soulignait l'un d'entre eux, hier, « on va faire ce que nos clients veulent bien faire. » Il s'empresse d'ajouter cependant qu'avant de prendre une décision, l'agent consultera l'AJLNH. Mais, encore là, si un client tient absolument à franchir les lignes de piquetage parce qu'il a besoin de « fric », qu'il a des comptes à payer, une famille à soutenir, l'agent sera confronté à un sérieux dilemme.
Au cours des 10 dernières années, les agents ont fait fortune, comme les joueurs, grâce avant tout à la générosité exagérée des propriétaires et non grâce au flair de Goodenow comme on cherche à le faire croire. Ils ont profité des largesses administratives des équipes bien nanties pour gonfler les revenus de leurs clients. En arrière-scène, il y avait bien Goodenow qui levait le ton quand un agent ne poussait pas les négociations à la limite mais, en bout de ligne, si les propriétaires avaient bien lu la convention de 1994, s'ils avaient été prudents et aussi clairvoyants dans leurs décisions financières, on n'en serait pas dans une impasse totale actuellement.
Alors on peut se poser la question : Les joueurs ont-ils une obligation morale tout aussi importante envers les propriétaires qui leur ont permis gloire et fortune qu'envers leur association?
Une question à laquelle, éventuellement, les agents devront répondre.
BLOC-NOTES : Il y aura au moins un Québécois parmi les dirigeants de l'équipe canadienne. Hockey-Canada a confirmé, hier, que l'excellent Pierre Gervais avait été nommé grand responsable de l'équipement de l'équipe, comme à la Coupe du monde et aux Jeux olympiques de Salt Lake City.
Normalement, un leader en contrôle ne prend une telle décision, il s'assure plutôt qu'il est en parfait contrôle de la situation et, à cet égard, il ne montre pas des signes de nervosité ou encore de signes d'impatience comme vient de le faire le commissaire du hockey. Bettman indique clairement à l'adversaire, en prenant une telle initiative, qu'il n'est pas tout à fait certain que le plan « B » est parfaitement rodé.
Et voila aussi que l'homme de confiance des propriétaires se propose d'attaquer Bob Goodenow sur un autre droit à la liberté, cette fois-ci, dans le cas des agents. Il soutient que l'AJLNH brime le travail des agents en les menaçant d'expulsion des cadres de l'association si jamais ils appuient la décision d'un joueur d'évoluer comme employé de remplacement.
Sur ce point, il faut y voir une stratégie que Bettman veut exploiter au maximum. Peut-être a-t-il eu vent que bien des agents s'impatientent devant la lenteur des négociations et il sait aussi que plusieurs n'endossent pas totalement la stratégie de Goodenow. Aussi, comme bien des observateurs, il sait très bien que les agents ont perdu des revenus imposants au cours des derniers mois. Il faut croire donc que le commissaire aimerait bien gagner la confiance des agents qui, jusqu'à maintenant, ont fait preuve de prudence et ont majoritairement appuyé le leader syndical.
Si les propriétaires pouvaient gagner l'appui des agents, ils pourraient facilement mettre en place le plan « B » parce qu'ils n'y auraient pas trop d'opposition vis-à-vis les joueurs de remplacement. Vous vous souvenez sans doute que les agents, presqu'à l'unanimité, avaient claironné, après un long entretien avec Goodenow, que jamais ils ne représenteraient des scabs ou des joueurs qui auraient décidé d'aller contre les règlements de l'AJLNH.
Une prise de position qui risque toutefois de s'amenuiser si les joueurs, à leur tour, s'énervent devant la perspective d'un autre saison perdue. On a beau mentionner que l'on avait prévu un long conflit, qu'on avait fait des économies, il reste néanmoins que les athlètes pourraient voir leur carrière amputer d'une autre année et ça ne fait pas l'affaire de nombreux patineurs. C'est la raison pour laquelle, même si les membres de l'AJLNH soutiennent qu'ils appuient entièrement Bob Goodenow et son comité exécutif, qu'on ne peut négliger le fait que les athlètes ont peut-être une obligation morale envers leur association mais ont-ils vraiment une obligation juridique? Et les agents dans ce dossier, quelles sont leurs priorités? L'Association des joueurs ou encore leurs clients? La réponse, vous la connaissez, les agents doivent avant tout servir leurs clients, ce sont leurs patrons et comme me le soulignait l'un d'entre eux, hier, « on va faire ce que nos clients veulent bien faire. » Il s'empresse d'ajouter cependant qu'avant de prendre une décision, l'agent consultera l'AJLNH. Mais, encore là, si un client tient absolument à franchir les lignes de piquetage parce qu'il a besoin de « fric », qu'il a des comptes à payer, une famille à soutenir, l'agent sera confronté à un sérieux dilemme.
Au cours des 10 dernières années, les agents ont fait fortune, comme les joueurs, grâce avant tout à la générosité exagérée des propriétaires et non grâce au flair de Goodenow comme on cherche à le faire croire. Ils ont profité des largesses administratives des équipes bien nanties pour gonfler les revenus de leurs clients. En arrière-scène, il y avait bien Goodenow qui levait le ton quand un agent ne poussait pas les négociations à la limite mais, en bout de ligne, si les propriétaires avaient bien lu la convention de 1994, s'ils avaient été prudents et aussi clairvoyants dans leurs décisions financières, on n'en serait pas dans une impasse totale actuellement.
Alors on peut se poser la question : Les joueurs ont-ils une obligation morale tout aussi importante envers les propriétaires qui leur ont permis gloire et fortune qu'envers leur association?
Une question à laquelle, éventuellement, les agents devront répondre.
BLOC-NOTES : Il y aura au moins un Québécois parmi les dirigeants de l'équipe canadienne. Hockey-Canada a confirmé, hier, que l'excellent Pierre Gervais avait été nommé grand responsable de l'équipement de l'équipe, comme à la Coupe du monde et aux Jeux olympiques de Salt Lake City.