MONTREAL - Si jouer au hockey s'avère un exercice difficile pour la plupart d'entre nous, se lancer sur la glace tout en étant aveugle relève carrément de l'exploit.

Or, pour prouver que le hockey n'est pas incompatible avec le handicap visuel, mais surtout pour amasser des fonds afin d'offrir des services aux enfants aveugles, la Fondation des aveugles du Québec propose l'événement sportif "24 heures de hockey".

Vingt-quatre équipes se succéderont sur la patinoire pour y jouer une partie de hockey traditionnel, mais aussi pour évaluer leurs habiletés en hockey "sonore", qui se joue non pas avec une rondelle, mais avec une canette de jus de tomate vide recouverte de peinture noire.

Jean-Michel Dufaux, porte-parole de l'événement, mettra sur pied une équipe composée d'artistes et de personnalités, dont l'ancien joueur du Canadien Stéphane Quintal.

L'animateur ne cache pas son admiration pour ces joueurs qui se lancent sur la glace en n'y voyant pratiquement rien. "Malgré leur handicap, ils jouent au hockey, ils vont au bout de leur passion, alors que nous, quand nous avons un peu de buée dans la visière, nous sommes complètement perdus sur la glace."

Son équipe ouvrira l'événement, qui se tiendra les 23 et 24 mai au Sportsplex de Pierrefonds, dans nord-ouest de l'île de Montréal. Les joueurs qui le souhaiteront pourront évoluer les yeux bandés et compter sur les conseils des "Hiboux", des joueurs atteints de handicap visuel qui ont créé leur propre équipe il y a 29 ans. Une équipe dont fait partie le président de la Fondation des aveugles du Québec, François Beauregard.

"J'avais arrêté de jouer au hockey il y a 17 ans, quand ma vue avait décliné à un tel point que je ne pouvais plus jouer dans une ligue ordinaire", explique-t-il. "J'ai cru pendant de longues années que je n'avais plus d'avenir au hockey, jusqu'à ce que je découvre l'existence des Hiboux de Montréal il y a trois ans."

L'équipe, singulière au Québec, regroupe environ 25 joueurs, dont le degré de cécité varie. Ceux qui voient davantage occupent en général les positions d'attaquants, alors que les défenseurs et les gardiens de but sont plus atteints par le handicap.

Stéphane Quintal, pour qui ce sera la première expérience de hockey "sonore", se dit impressionné par le degré de rapidité et de précision de ces joueurs aveugles. Il n'est cependant pas certain de vouloir se faire bander les yeux avant de sauter sur la patinoire. "J'ai trop de craintes de foncer dans la bande", lance-t-il en riant.

Les équipes qui souhaitent s'inscrire peuvent le faire pour la somme de 2000 $, qui seront versés à la Fondation des aveugles du Québec. Les fonds amassés seront consacrés à l'organisation d'activités pour les jeunes handicapés visuels de 6 à 18 ans qui, trop souvent, vivent dans l'isolement.

Près de 110 000 personnes sont atteintes de cécité totale ou partielle au Québec, selon les chiffres de la Fondation. La majorité d'entre elles vit sous le seuil de la pauvreté.