À ses 17 premières années d'existence, la Ligue de hockey midget AAA n'a jamais compté plus de huit équipes en ses rangs. Des tout débuts en 1976 jusqu'à la saison 1992-93, le circuit midget québécois fournissait en moyenne 3,5 joueurs par année à l'équipe nationale junior.

Puis, ce fut les deux premières expansions, qui sur une période de 12 ans, ont fait passer le nombre d'équipe de 8 à 10 et finalement à 12. En 2005, la ligue a ajouté quatre autres formations pour porter son nombre total à 16.

Le constat ne pourrait toutefois être plus clair : autant d'équipes sont ajoutées, autant le nombre de nos représentants diminue au sein d'Équipe Canada junior. Le fond du baril a d'ailleurs été atteint cette année, puisqu'aucun représentant du circuit jadis identifié comme l'un des meilleurs au monde n'a été retenu.

« Il y a tellement de bénévoles qui s'impliquent, que ce serait ridicule de dire que c'est uniquement de leur faute », indique l'entraîneur adjoint du Junior de Montréal et analyste au Réseau des Sports Joël Bouchard. « C'est peut-être l'encadrement qui est à questionner. »

Lorsqu'on jette un coup d'œil aux statistiques des recrues de la Ligue de hockey junior majeur du Québec cette saison, on se rend compte que 7 des 10 premiers marqueurs ne sont pas issue du circuit midget québécois.

Parmi les meilleures recrues québécoises, on retrouve Guillaume Asselin de Montréal, qui jouant dans le midget AAA l'an passé. Mais pour son équipier Pier-Antoine Dion et lui, il serait trop facile de blâmer le circuit midget québécois.

« C'est ma responsabilité de me préparer si je désire un jour jouer dans la Ligue nationale de hockey », avoue Asselin. « Et le Junior me donne tous les outils pour y arriver. »

« C'est vraiment du cas par cas », ajoute Dion. « L'équipe nous trace une voie et c'est à nous de travailler pour la suivre. »

Bouchard, qui a évolué avec ÉCJ en 1993 et 1994, soutient pour sa part que la Ligue de hockey midget AAA a peut-être vu trop grand avec ses expansions. Le produit s'est dilué et le talent s'est inévitablement beaucoup moins développé.

« L'important, pour le développement de n'importe quel athlète, c'est de le faire jouer avec les meilleurs », explique-t-il. « Il faut placer les athlètes dans un univers où seuls les plus talentueux survivront. C'est triste, mais c'est la réalité. »

Est-ce que la solution serait de réduire le nombre d'équipes pour améliorer le produit et ainsi favoriser le développement des jeunes âgés de 15 et 16 ans? Peut-être bien…

« Les dépisteurs de la LNH me disent souvent que les jeunes ne sont pas assez avancés dans la compréhension globale du hockey », conclut Bouchard.

Le débat est lancé et la solution aux problèmes de notre hockey réside probablement dans un paquet de facteurs. Il faudra y voir, sinon le phénomène risque d'empirer au cours des prochaines années.

*D'après un reportage de Stéphane Leroux