Depuis maintenant sept ans, Pascal Vincent vit à Winnipeg. Il a passé cinq ans comme entraîneur adjoint des Jets dans la Ligue nationale et c’est maintenant lui qui dirige le club-école de l’équipe du Manitoba dans la Ligue américaine, le Moose, avec lequel il connaît d’ailleurs une excellente saison. 

 

Avant de faire le saut dans les rangs professionnels, Vincent a passé neuf ans au Cap-Breton avec les Screaming Eagles et trois autres saisons avec le défunt Junior de Montréal entre 2008 et 2011. 

 

C’est à cette période que l’épisode qui suit nous ramène.  

Lorsqu’il a été embauché comme entraîneur-chef et directeur général du Junior de Montréal, Vincent devait se bâtir un personnel d’entraîneurs. Sur la recommandation de Bob Hartley, l’entraîneur de carrière, aujourd’hui âgé de 46 ans, a rencontré Dominique Ducharme, qui dirigeait alors l’Action de Joliette de la Ligue Junior AAA. Ducharme souhaitait faire le saut dans la LHJMQ et dès la première entrevue, le courant a passé entre les deux hommes. C’est par cette porte que Ducharme, aujourd’hui détenteur d’une bague de la coupe Memorial et d’une médaille d’or au Championnat mondial junior, a fait son entrée dans le circuit Courteau. 

 

Pascal Vincent est donc celui qui a donné cette première chance à celui qui est aujourd’hui bien en selle comme DG et entraîneur-chef avec les Voltigeurs de Drummondville. À un certain moment, un autre entraîneur s’est joint au duo Vincent-Ducharme à temps partiel, soit Joël Bouchard, aujourd’hui copropriétaire, directeur général et entraîneur-chef de l’Armada de Blainville-Boisbriand. Bouchard, qui avait été coéquipier de Vincent comme joueur dans la LHJMQ, participait au développement de l’équipe sur une base volontaire et on peut presque dire qu’il le faisait bénévolement. La chimie était bonne entre les trois hommes de hockey qui sont aujourd’hui reconnus parmi les meilleurs qui ont été produits par la LHJMQ ces dernières années. 

 

Avec le recul, il faut admettre que le Junior de Montréal misait sur un personnel d’entraîneur de top-niveau.

 

Des problèmes financiers  

 

À l’aube de la troisième campagne de l'équipe, et ce qui fut la dernière saison du Junior à l’Auditorium de Verdun, il est de notoriété publique que l’équipe a encaissé des déficits importants à ses deux premières années d’opération, en grande partie parce que les foules n’étaient pas au rendez-vous. 

 

Grand patron du département hockey du Junior, Pascal Vincent reçoit l’ordre du propriétaire de l’équipe de réduire le « budget hockey » de 70 000 dollars, une tâche quasi impossible étant donné que la formation roulait déjà au minimum au niveau des dépenses. Subissant la pression de trouver une solution, Vincent se voit même suggérer de remercier ses adjoints Ducharme et Bouchard et de mener la barque seul pour arriver à respecter les coupures imposées, une solution que le principal intéressé juge farfelue et complètement impossible dans la réalité de la LHJMQ.

 

La solution : une baisse de salaire de 33%   

 

Avec sa conjointe qui attend la venue de la cigogne pour le mois de décembre et avec une maison en construction sur la Rive-Sud de Montréal, Vincent n’a d’autre alternative que de renoncer à 33% de son salaire annuel pour pouvoir garder Ducharme et Bouchard avec lui.

 

En rétrospective, cette décision a eu un impact important sur sa carrière, mais aussi sur celle de Dominique Ducharme. Si Vincent avait tenu tête à son patron, il aurait peut-être dû remettre sa démission et qui sait si, l’été suivant, on lui aurait fait signe à Winnipeg. S’il n’avait pas accepté de diminuer son salaire d’une somme importante, il aurait sans doute été contraint de perdre Ducharme en qui il avait une grande confiance. Rendu au mois d’août, pas certain que Ducharme, qui incidemment avait aussi eu à renoncer à une partie de son salaire, aurait trouvé une autre équipe avec laquelle travailler et peut-être ne serait-il pas devenu l’entraîneur-chef des Mooseheads de Halifax le printemps suivant. 

 

On ne le saura jamais.

 

Chose certaine, dans ces moments désagréables et difficiles à vivre, Vincent a fait preuve d’une grande humilité. Il ne savait peut-être pas que l’important sacrifice qu’il s’est imposé à l’aube de la saison 2010-2011 aurait d’aussi grandes répercussions. Comme il le dit lui-même : « Quand tu le fais pour les bonnes raisons, ça finit par payer! »

 

Le jour n’est sans doute pas loin où Ducharme et possiblement aussi Bouchard rejoindront Pascal Vincent dans les rangs professionnels. Dire que tout aurait pu s’effondrer dans un petit bureau de l’Auditorium de Verdun en septembre 2010. Cette fois-ci, on peut dire que le mauvais scénario de film aura eu le mérite de bien se terminer.