Les agents de joueurs d'âge junior sont souvent prêts à faire des pieds et des mains pour faire plaisir à leurs clients et leurs familles. Certains poussent même un peu fort sur les exigences faites aux 18 formations de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

"Un agent m'a déjà demandé de fournir un salaire à son joueur durant l'été parce qu'il devait s'entraîner et ne pourrait pas travailler, raconte le directeur général et entraîneur chef des Huskies de Rouyn-Noranda, André Tourigny. J'avais trouvé ça totalement ridicule. C'est tout à fait normal qu'un jeune doive travailler pendant l'été pour avoir de l'argent de poche."

Ce n'est qu'un exemple des exigences que certains agents peuvent avoir envers les équipes du circuit Courteau. Mais il y en a bien d'autres...

Les équipes juniors sont prêtes à défrayer des bourses d'études aux joueurs qui ne feront pas carrière au hockey, une clause qui tombent toutefois lorsqu'un joueur signe un contrat professionnel. Pour certains agents, ça ne s'arrête toutefois pas là...

« On nous demande si on accepterait de transférer la bourse à sa sœur si un joueur fait la Ligue nationale. Mais je pense que si un joueur fait la LNH, avec un salaire minimum de 450 000$, il pourra à ce moment-là aider sa sœur... », raisonne le directeur général de l'Océanic de Rimouski, Yannick Dumais.

« C'est un élément qui est complètement inacceptable », résume le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau.

« J'ai déjà appelé pour m'informer au sujet d'un joueur et son agent a commencé à me dresser la liste de ses demandes, raconte le directeur général du Titan d'Acadie-Bathurst, Sylvain Couturier. Au milieu de la conversation, j'avais interrompu l'agent en lui disant qu'il pouvait arrêter tout de suite. Il m'a dit qu'il n'avait pas fini, mais je lui ai répondu que j'en avais assez entendu! »

"Un agent nous a déjà demandé de payer le salaire du père d'un joueur lorsque celui-ci raterait des journées de travail pour venir voir jouer son fils à Rimouski", témoigne Dumais.

Est-ce normal que les familles, par l'entremise des agents, fassent des demandes quelques fois exorbitantes? Il y a lieu de se poser la question, surtout pour un joueur qui n'a pas encore donné un seul coup de patin dans le circuit.

"En déroulant le tapis rouge à un jeune de 15 ou 16 ans, je ne suis pas certain qu'on l'aide dans sa progression professionnelle", croit l'agent Paul Corbeil.

"Ça peut nuire à un jeune dans le vestiaire, avec ses coéquipiers, va jusqu'à dire un autre agent, Bob Perno. Quand un joueur de 19 ans apprend que le jeune de 16 ans a obtenu des faveurs de l'équipe, ça peut jouer contre lui."

Certains affirment même que les agents sont devenus un gros problème au niveau du hockey junior.

"Les agents se donnent beaucoup trop de pouvoir et c'est un des gros problèmes de la Ligue", n'hésite pas à dire Couturier.

"Les parents, les joueurs et les agents ne devraient pas se mêler de ce genre de choses et les équipes ne devraient pas accepter", tranche Mario Durocher, entraîneur chef et directeur général des Screaming Eagles du Cap-Breton.

Il faut toutefois le dire : dans certains cas, les équipes sont à blâmer elles aussi...

« Des fois, ce n'est pas l'agent qui le demande, c'est le propriétaire qui l'offre, avoue en riant Éric Lavigne, l'entraîneur chef du Rocket de l'Île-du-Prince-Édouard. Ça va des deux côtés."

En conclusion il semble qu'une réglementation plus stricte sur les contrats des joueurs et leurs annexes particulières s'impose et pourrait s'avérer une piste de solution. Les dirigeants du circuit se penchent d'ailleurs sur cette question depuis plusieurs mois et des choses pourraient changer très prochainement.

*D'après un reportage de Stéphane Leroux.