Comme ce fut le cas après le premier match de la série finale de la coupe Stanley, je personnifierai Claude Julien pour vous faire part de mon analyse du deuxième match, dans lequel mes Bruins se sont encore inclinés.

De mon poste derrière le banc de mon équipe samedi, j'ai vu un gars qui aurait peut-être dû manquer à l'appel en raison d'une suspension - Alexandre Burrows, pour ne pas le nommer - être le grand responsable de notre deuxième défaite en autant de matchs.

Disons que ça ajoute l'insulte à l'injure.

C'est dur à prendre, mais que voulez-vous? La Ligue a pris une décision et je dois la respecter. Par contre, si je suis capable de vivre avec la gifle en pleine face que représente la performance de Burrows, je trouve ordinaire le geste de Maxim Lapierre, qui en a rajouté en pointant son doigt dans le visage de Patrice Bergeron. Ça fait un bébé, avouons-le. Surtout que selon moi, Lapierre a fait cette pitrerie uniquement parce que Bergeron est Québécois, comme lui.

Ne le dites pas trop fort, mais je ne me serais pas insurgé si Lucic lui avait donné un bon coup de poing sur la margoulette!

Mais cet incident est bien le cadet de mes soucis aujourd'hui. Il est évident que les Canucks sont parvenus à entrer dans la tête de mes joueurs et comme entraîneur, je suis préoccupé. Le troisième match devient un match décisif pour nous.

Avec mes joueurs, je continue à préconiser la fameuse approche « un match à la fois ». Quand on regarde l'ensemble de la série, si tu veux gagner en sept matchs, ça veut dire que tu dois en gagner quatre dans les cinq prochains. C'est trop gros. Il faut simplifier les choses et y aller présence par présence, période par période.

Trouver une façon de marquer

En passant, je n'ai pas peur de le dire, je suis très déçu par le rendement de Tomas Kaberle. On s'attend toujours à ce qu'il se réveille au prochain match, mais ça n'arrive jamais. Je ne veux pas clouer mon directeur général au pilori, mais son acquisition s'avère un flop monumental.

Je ne devrais peut-être pas dire ça publiquement, mais je crois que c'est le temps pour moi de mettre mes meilleurs joueurs au défi. Ce n'est pas un hasard si on s'est rendu aussi loin. On a beaucoup de talent, mais maintenant, il faut la mettre dedans! Deux buts en deux matchs, c'est loin d'être suffisant.

Ça n'a pas besoin d'être beau! Qu'on le bâtisse le but, qu'on le manufacture, comme disent les Anglais! Mais il faut trouver le fond du filet, et tôt dans le match de préférence. Parce que plus la série avance, plus les Canucks jouent avec confiance, Roberto Luongo le premier.

Voir le positif

Comme entraîneur, je ne dois pas m'acharner sur les points négatifs, mais plutôt faire ressortir le positif de toute situation. C'est pourquoi je me ferai un devoir de rappeler à mes joueurs que ce n'est pas la première fois qu'on se retrouve dans une situation inconfortable depuis le début des séries. Les deux premiers matchs contre le Canadien nous avaient échappé en première ronde et le Lightning nous a poussés à la limite en finale de l'Est.

À 0-2, je dois convaincre mes joueurs qu'on est là où on voulait être. Il n'y a pas de problèmes, les gars... il s'agit de gagner le troisième match!

Mon discours est prêt

Samedi soir, on est sorti du deuxième entracte avec une avance d'un but, mais on a été incapable de la protéger. Sans le réaliser, on s'est éloigné de nos bonnes habitudes. Ça devient mental à ce stade d'une rencontre.

J'aurais peut-être dû remanier mes trios et jouer avec le minimum de personnel. J'ai voulu utiliser tout mon monde et ça nous a coûté la victoire.

Mais maintenant qu'on retourne à domicile, c'est moi qui aurai le contrôle sur les affrontements que je veux voir sur la patinoire. Comme mon confrère Alain Vigneault a voulu opposer les frères Sedin au trio de Patrice Bergeron à Vancouver, j'ai choisi d'envoyer ma grosse ligne, celle de Lucic, Horton et Krejci, contre les jumeaux. Mon but est simplement de changer la dynamique de la série.

Mais au-delà de tous les matchups imaginables que je pourrais tenter de provoquer, je n'insisterai jamais assez sur le fait que ce qui prime pour moi, c'est que mes joueurs redécouvrent leur vraie identité. Je veux les voir plus incisifs, plus méchants.

Je crois qu'on aurait intérêt à redevenir les Big Bad Bruins, c'est-à-dire qu'on commence à jouer de façon beaucoup plus robuste. Il faut faire payer le prix aux joueurs des Canucks. Présentement, on est mous et c'est évident que l'adversaire n'est nullement dérangé par notre présence.

Il faut leur montrer, dès le prochain match, qu'ils ne viendront jamais nous battre dans notre domicile. Dans mon discours demain, je vais dire aux boys : « Burrows a mordu Bergeron et nous, on ne fait rien! Aucune riposte! Je sais qu'on vous demande de la discipline, mais à partir de maintenant, il faut faire notre place. Pas question qu'on nous dise quoi faire chez nous! »

*Propos recueillis par Nicolas Landry.