Les hockeyeuses nord-coréennes débarquent au Sud pour les JO
Jeux olympiques jeudi, 25 janv. 2018. 08:42 jeudi, 12 déc. 2024. 06:54SÉOUL, Corée du Sud - Douze joueuses nord-coréennes de hockey sur glace sont arrivées en Corée du Sud jeudi pour former une équipe unifiée aux prochains Jeux olympiques d'hiver, la première du genre en près de trois décennies.
Les JO de Pyeongchang qui s'ouvrent le 9 février ont permis un rapprochement entre les deux frères ennemis après deux années de crispation due à l'accélération des programmes balistique et nucléaire de Pyongyang.
Mais les efforts de paix du président sud-coréen de centre-gauche Moon Jae-In sont loin de faire l'unanimité au Sud, certains l'accusant de sacrifier sur l'autel de la politique les chances d'athlètes sud-coréens.
Les joueuses vêtues de survêtements siglés « DPR Korea », nom officiel de la Corée du Nord, ont franchi la frontière par la route non loin de Kaesong, la zone industrielle opérée conjointement par les deux Corées jusqu'en 2016.
Leurs nouvelles coéquipières leur ont offert des bouquets de fleurs à leur arrivée à l'installation de hockey sur glace de Jincheon, pour y commencer l'entraînement. « Je suis heureux que le Nord et le Sud se soient unis pour la compétition », a dit l'entraîneur nord-coréen Pak Chol Ho, cité par la presse.
Depuis la division de la péninsule, les deux Corées ont concouru ensemble en 1991 seulement, les joueuses de tennis de table raflant l'or aux championnats du monde au Japon, leurs footballeurs parvenant en quarts de finale de la coupe du monde des moins de 20 ans au Portugal.
Les 12 Nord-Coréennes se joindront aux 23 Sud-Coréennes initialement choisies, aux termes du récent accord trouvé par les Corées et le Comité international olympique.
Chute de popularité
Des voix se sont élevées au Sud pour s'inquiéter que cette addition soudaine d'un nombre imposant de sportives à quelques jours de la compétition – pour laquelle le Sud s'est qualifié en tant qu'hôte plutôt qu'au mérite – ne perturbe l'alchimie de l'équipe.
De hauts responsables sud-coréens ont encore soufflé sur les braises quand ils ont expliqué que de toute façon, l'équipe féminine n'avait guère de chances de médaille.
La controverse a valu à M. Moon un plongeon de sa cote de popularité, à 60%, soit le niveau le moins enviable depuis sa prise de fonctions en mai 2017. Les enquêteurs du sondeur RealMeter imputent ce recul à l'équipe unifiée ainsi qu'au sentiment que le gouvernement a fait trop de concessions pour arracher la participation du Nord.
Les hockeyeuses disputeront un match de préparation contre la Suède le 4 février à Incheon.
Pyongyang, qui avait boycotté les jeux de Séoul en 1988, envoie dix autres athlètes à Pyeongchang, en ski de fond (trois), ski alpin (trois), patinage de vitesse (deux) et patinage artistique (un couple).
Ryom Tae-Ok et Kim Ju-Sik sont les seuls Nord-Coréens qualifiés mais ils avaient raté la date-limite d'inscription.
Une délégation nord-coréenne chargée de préparer l'arrivée des autres athlètes de Pyongyang est également arrivée au Sud jeudi, selon le ministère sud-coréen de l'Unification.
Cette fébrilité fait suite à la main tendue au Nouvel An par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, qui s'est dit prêt à participer aux JO après des mois de mystère.
Le Nord a publié une adresse rarissime « à tous les Coréens » pour appeler à la réunification, objectif que les Nord-Coréens avaient tenté de réaliser par la force en envahissant le Sud en 1950.
« Menons une campagne énergique pour désamorcer les tensions militaires exacerbées et créer un climat pacifique sur la péninsule », dit le texte publié par l'agence officielle KCNA. Il faut « effacer la méfiance et l'incompréhension mutuelles » en multipliant les contacts.
Tout contact civil est prohibé entre les deux Corées, toujours techniquement en guerre car le conflit s'est achevé en 1953 sur un armistice plutôt qu'un traité de paix.
M. Kim a saisi l'occasion des JO pour faire descendre la température, apaisant du même coup les craintes des pays participants pour la sécurité de leurs athlètes.
Le Nord est soumis à de multiples sanctions de l'ONU. En 2017, il a mené de multiples tirs de missiles et testé ce qu'il a présenté comme une bombe à hydrogène tandis que M. Kim et le président américain Donald Trump échangeaient insultes personnelles et menaces belliqueuses.
M. Moon, qui a toujours prôné le dialogue, souhaitait la présence du Nord aux JO pour ouvrir la porte à un éventuel dialogue sur le désarmement nucléaire.
Faire venir le Nord est « un investissement d'avenir », souligne la présidence sud-coréenne. Mais de nombreux analystes doutent que cet élan pacifique durera au-delà des JO, étant donné que Pyongyang assure être devenu un Etat nucléaire à part entière.