Le moins que l’on puisse dire, c’est que Michel Therrien prend tous les moyens à sa disposition pour relancer Brendan Gallagher, Max Pacioretty et Tomas Plekanec.

Pour un troisième match consécutif, l’entraîneur-chef du Canadien a réuni les trois grands léthargiques de son équipe. Pour un deuxième match de suite, les léthargiques en ont profité pour marquer. Après Pacioretty qui a enfilé le but de la victoire jeudi, aux dépens des Hurricanes de la Caroline, c’était au tour de Brendan Gallagher de secouer sa guigne offensive samedi à Detroit. Gallagher a nivelé les chances 1-1 en troisième période. C’était son premier but en 16 matchs. Son premier depuis le but gagnant enfilé contre les Flyers de Philadelphie le 24 octobre dernier. Mettez-en que c’est long.

Une victoire avant le périple dans l'Ouest

Cette attente – bien involontaire – explique pourquoi les léthargiques se sont autant amusés jeudi et encore samedi après ces buts qui devraient normalement contribuer à les relancer et à adoucir, au moins un peu, les critiques acerbes à leur égard.

L’ennui pour les léthargiques, c’est que la générosité que leur témoigne Michel Therrien ne plaît pas à tout le monde.

Au grand désespoir de nombreux partisans, Plekanec (18 :42) et Pacioretty (18 :25) ont été les deux attaquants les plus occupés du Canadien. Encore! Ils ont passé près de deux minutes de plus sur la patinoire qu’Alex Galchenyuk et Alexander Radulov qui sont pourtant les pivots de l’attaque du Tricolore depuis le début de la saison. Ce sont d’ailleurs Pacioretty et Plekanec qui ont amorcé la prolongation sur la patinoire.

De fait, Galchenyuk, avec un but splendide sur une passe plus splendide encore de Radulov, a permis au Tricolore d’amorcer son long voyage de cinq matchs sur une note positive en donnant la victoire à son équipe lors de sa toute première présence de la prolongation.

Doit-on crier à l’injustice? Au scandale? Réclamer la tête de Michel Therrien – dont l’équipe affiche un dossier de 16-4-2 et occupe toujours la première place au classement général – pour autant?

Ce serait absurde. Mais bon…

Mises en jeu et unités spéciales

On l’a expliqué plusieurs fois déjà, le fait que Plekanec – vous pouvez ajouter le nom de Torrey Mitchell – dispute plus de mises en jeu que Galchenyuk contribue à ce déséquilibre qui donne de l’urticaire à bien des partisans du Canadien. Surtout aux fans de Galchenyuk et de Radulov.

Les échos de vestiaire

Ajoutez à l’équation le fait que le Plekanec, Pacioretty – et Gallagher – ont partagé presque également le temps d’utilisation en avantage numérique avec le duo Galchenyuk-Radulov (avec Andrew Shaw), mais que les deux Alex sont cloués au banc lors des désavantages numériques alors que Plekanec et Pacioretty ont passé 2 :18 à écouler des pénalités et vous avez l’ensemble des explications.

Des explications qui en satisferont certains. Des explications qui sont toutefois loin de satisfaire une majorité de fans qui voudrait, en plus de célébrer des victoires, se gaver des prouesses de Galchenyuk et Radulov qui sont les deux joueurs les plus spectaculaires du Canadien cette saison.

Je l’ai écrit jeudi, je vais le réécrire encore samedi : Michel Therrien est payé pour gérer ses effectifs. Il est payé pour jongler avec les trios et surtout avec le temps d’utilisation qu’il leur accorde. Que cela plaise ou non aux joueurs et à leurs partisans.

Michel Therrien sait qu’il aura besoin d’une contribution régulière de Pacioretty bien sûr, mais aussi de Gallagher et de Plekanec, pour continuer à gagner avec régularité lors des 60 parties encore à disputer en saison régulière. D’où l’importance de leur offrir des occasions de qualité. Car s’il est sans doute bien content de voir ses léthargiques s’amuser enfin sur la patinoire, Michel Therrien ne sera bien davantage lorsqu’on ne pourra plus leur accoler le titre de léthargique.

À Galchenyuk de réagir

Tant que Galchenyuk ne prendra pas les moyens pour améliorer ses chances de réussite aux cercles des mises en jeu, il donnera raison à Michel Therrien d’éviter de l’envoyer sur la patinoire pour disputer des duels à la gauche ou à la droite de Carey Price. Ou à tout le moins des minutions qui permettront à son coach de répliquer aux critiques qui lui sont lancées.

Avec des coéquipiers aussi efficaces que Plekanec et Mitchell, avec surtout la présence de Kirk Muller qui était un as dans l’art de prendre tous les moyens possibles pour gagner des mises en jeu, je ne peux comprendre que Galchenyuk ne réclame pas davantage de leçons privées afin d’améliorer cette facette du jeu. Car une amélioration se traduira automatiquement avec une hausse de deux à trois minutes de son temps d’utilisation. Ce qui mousserait d’autant ses chances de contribuer offensivement.

À moins qu’il soit satisfait de son temps d’utilisation actuel.

Cela dit, si Galchenyuk doit s’aider un brin pour améliorer cette lacune à son jeu, Michel Therrien pourrait aussi miser plus souvent sur son meilleur attaquant dans certaines occasions.

Lorsque le Canadien tente de protéger une courte avance dans le cadre d’un match âprement disputé – je fais ici référence à la victoire aux dépens des Hurricanes jeudi dernier au Centre Bell –, je peux comprendre qu’on favorise le duo Pacioretty-Plekanec.

Mais lorsque le Canadien a besoin d’un but pour niveler les chances ou d’un autre pour prendre les devants, il me semble qu’on pourrait prendre des risques calculés en revenant plus souvent avec les deux Alex et Paul Byron ou tout autre joueur choisi pour évoluer avec eux. Surtout que ces risques rapportent gros depuis le début de la saison. On a en eu une autre preuve samedi.

Pacioretty avec les deux Alex

Pour satisfaire tout le monde, ou une majorité, car il est impossible de satisfaire tout le monde quand on est entraîneur-chef dans la LNH, surtout quand on dirige le Canadien de Montréal, il me semble que Michel Therrien devrait offrir quelques présences à Max Pacioretty en compagnie de Galchenyuk et Radulov. Le meilleur franc-tireur du Canadien – ou celui qui devrait l’être – bénéficierait des passes sensationnelles offertes par Radulov qui aurait deux cibles vers qui s’exécuter.

Si cette option déplaît à l’état-major qui a certainement déjà débattu de cette possibilité 100 fois si ce n’est pas 1000 fois depuis le début de la saison, il me semble qu’on pourrait au moins tenter l’expérience en avantage numérique.

J’aime bien Andrew Shaw et je comprends qu’il travaille fort devant le filet lors des supériorités numériques, mais il ferait très bien l’affaire au sein de la deuxième vague avec Plekanec et Gallagher, mettons.

Surtout qu’avec Pacioretty en complément d’une première unité composée de Galchenyuk, Radulov, Weber et Markov, la deuxième unité serait moins sollicitée en raison des succès anticipés de la première.

C’est du moins mes prétentions.

En terre hostile

Après une nuit passée à Detroit, le Canadien s’envolera dimanche matin vers la Californie. La victoire arrachée aux Red Wings est importante puisqu’elle permet au Canadien d’ajouter deux points à sa fiche et un de plus devant un rival de division. Mais elle est plus importante encore, car elle donne l’occasion au Canadien de débarquer en terre hostile – ce n’est jamais facile de croiser les Kings, les Ducks et les Sharks surtout lorsqu’on les croise en Californie sans oublier que les Blues sont eux aussi dangereux – avec un gain qui l’assure de ne pas rentrer bredouille à la maison.

Ça ne rendra pas le voyage dans l’Ouest facile pour autant. J’en conviens. Mais ça le rendra moins difficile ou moins menaçant si vous voulez. La nuance est importante…

Bon dimanche!