Au moins Trevor Linden aura accompli ce que Bob Goodenow et Gary Bettman, deux Américains avec leur ego à caresser ont été incapables de réussir au cours des derniers mois. Discuter de la convention de travail et voir s'il y a une possibilité de rapprocher les deux hommes dont le mandat était pourtant bien clair : celui de créer un solide partenariat entre les joueurs et les propriétaires.

Pour Bettman et Goodenow, il s'agit d'un constat d'échec.

Non seulement s'éloigne-t-on, à chaque jour, de la possibilité d'un partenariat, mais ils ont créé un climat de confrontation avec aucune chance que les deux hommes puissent s'entendre. Alors que doit-on faire?

Prendre des initiatives dans le rôle qu'on remplit et c'est exactement ce que Trevor Linden vient de faire. « Avant que tout s'écroule, peut-on voir s'il y a un moyen de sauver la saison? » Il aurait pu ajouter, y a-t-il suffisamment de temps pour réparer tout le gâchis causé par deux hommes payés annuellement $3 millions?


Qui sont donc les deux profileurs?

TREVOR LINDEN : président de l'Association des joueurs. L'un des athlètes les plus populaires dans l'ouest du Canada, particulièrement en Colombie-Britannique. Il a marqué l'histoire des Canucks de Vancouver et il est un homme qui ne craint pas de relever les défis. Il est très conscient des responsabilités qui incombent à un président d'un association regroupant plus de 700 membres mais qui sont ni plus ni moins des PME. Certains réalisent des revenus plus élevés que plusieurs entreprises importantes.

HARLEY HOTCHKISS : actionnaire des Flames de Calgary, président du bureau des gouverneurs de la Ligue nationale depuis 1995. Il a fait fortune dans l'immobilier, dans le pétrole, et dans l'agriculture. Il est l'un des hommes d'affaires le plus en vus en Alberta et au Canada. Il siège sur plusieurs bureaux de direction autant au Canada qu'aux Etats-Unis et il est un gradué de l'Université du Michigan. Il a vécu l'époque glorieuse des Flames à la fin des années 80 et l'époque difficile des Flames au cours des années 90.

Pas étonnant que Linden ait communiqué avec le président du bureau des gouverneurs, un homme d'affaires astucieux, intelligent mais surtout une personne qui a le respect de tous les propriétaires de la Ligue nationale. On croit fermement que Harley Hotchkiss tendra une oreille attentive aux propos que tiendra Linden. Maintenant, n'allons pas croire que Ted Saskin, les yeux et les oreilles de Goodenow, et Bill Daly, les yeux et les oreilles de Bettman, modifieront leurs positions. Non. Cependant, l'exercice de cette réunion, c'est de trouver une avenue que les deux Américains entêtés refusent carrément d'emprunter afin de ne pas égratigner leur ego.

Linden subit les pressions des joueurs qui de plus en plus sont conscients qu'ils se dirigent carrément vers un cul-de-sac et que, de toute évidence, n'ont plus tellement d'options sauf celle de tout foutre en l'air. Harley Hotchkiss a le mandat d'écouter et de voir s'il n'y a pas un moyen pour rapprocher les deux clans. Peut-être que les joueurs seraient plus sensibles à un plafond salarial si jamais les conditions étaient améliorées, notamment au niveau de l'autonomie, au niveau des contrats garantis? Peut-être que la diminution de 24% des salaires accompagnée de nouveaux règlements au niveau de l'arbitrage pourraient satisfaire une grande majorité de propriétaires? Peut-être qu'un partage des revenus pourrait s'intégrer dans un nouveau plan de partenariat? Peut-être qu'un pourcentage de 62% des revenus pour les salaires des joueurs, comme c'est le cas dans la NFL, pourrait devenir un point de négociation?

Le problème pour Trevor Linden et Harley Hotchkiss, c'est rien de tout ça n'a fait l'objet d'une négociation profonde et intelligente. Ce qu'on a vu depuis le début de ce conflit, ce sont deux Américains qui, sur le dos du hockey professionnel, ont décidé de se faire une guerre sans merci. Tous les deux avec des ambitions bien arrêtées.

Trevor Linden et son comité ont accordé tous les pouvoirs à Goodenow.

Harley Hotchkiss et les propriétaires ont accordé tous les pouvoirs à Bettman.

Mais faut-il attendre que l'industrie se détériore pour prendre des décisions tranchantes et surtout inévitables?

Jusqu'ici et au risque de se répéter, Bob Goodenow et Gary Bettman qui devaient assurer la stabilité financière de la Ligue nationale ont échoué. Les deux ont fait chou blanc parce qu'ils ont commis la même faute. Ils ont laissé leurs émotions menées les négociations. Espérons qu'un joueur qui a à cœur son sport et un administrateur qui a le sens des responsabilités et du devoir pourront redresser la situation.