Avant de dire quoi que ce soit contre le jeu des Sénateurs dans les deux premiers matchs de la finale, il faut donner crédit aux Ducks. Ils ont dominé leurs adversaires et continué à jouer selon leur style. Ils m'impressionnent par leur vitesse et leur robustesse. Ils ont quatre trios bien équilibrés avec des attaquants de talent, un gardien de but extraordinaire en Jean-Sébastien Giguère et trois excellents défenseurs en Scott Niedermayer, Chris Pronger et François Beauchemin.

Les Sens pourraient rivaliser avec le jeu des Canards s'ils se servaient mieux de leur vitesse et de leur talent offensif. Parlant d'offensive, je suis déçu de la prestation de Jason Spezza. Il n'est pas un joueur de centre fait sur mesure pour la finale, puisqu'il évite de s'impliquer physiquement et qu'il est souvent mal positionné dans sa zone. À mon avis, Jason Spezza n'est pas assez mature pour évoluer sur le premier trio d'une équipe qui aspire aux grands honneurs.

Dany Heatley et Daniel Alfredsson ont besoin d'un centre capable de distribuer la rondelle, ce que Spezza n'a pas fait avec efficacité dans les deux premiers duels. Quand ton centre ne joue pas bien, tes ailiers boitent. Spezza devra également élever son jeu d'un cran en supériorité numérique. S'il recommence à jouer comme il l'a fait durant la saison, les Sénateurs seront beaucoup plus difficiles à battre. D'ici samedi, certains vétérans devront lui parler pour l'encourager afin qu'il en donne plus.

Hier, Bryan Murray a décidé de démanteler son premier trio, mais comme cela n'a pas fonctionné, il est revenu avec sa ligne d'attaque qui a fait le succès de l'équipe jusqu'ici. J'aurais préféré qu'il commence le match avec son premier trio intact, quitte à changer ses combinaisons en cours de match. C'est sa décision. Il a voulu secouer ses joueurs, dont Alfredsson, qui a été si dominant lors des trois premières rondes, mais cela n'a pas eu les effets escomptés.

Je suis également déçu par la performance des six défenseurs des Sénateurs, qui nous ont habitué à être toujours en mouvement, à faire de bonnes premières passes et à appuyer l'attaque. Plus souvent qu'autrement, ils sont embouteillés dans leur zone et prennent de mauvaises décisions, ce qui cause des revirements. C'est ce qui fait que les Ducks mènent la série 2-0.

Une question d'adaptation

Les Sens doivent s'ajuster s'ils veulent remporter la première Coupe Stanley de leur histoire moderne.

Dans le deuxième match, mercredi, les Sens ont essayé de jouer un style de jeu robuste comme celui des Ducks. En séries, tu ne dois pas changer ton style mais plutôt t'adapter à celui de l'adversaire. Les Sénateurs ne devraient pas tenter d'imiter les hommes de Randy Carlyle, mais plutôt compenser par leur vitesse, effectuer des passes courtes, lancer au but plus souvent et déranger les défenseurs adverses. Faut dire que Chris Neil n'en fait pas autant que lors des séries précédentes.

Les Sénateurs savaient qu'ils allaient se faire brasser, mais ils ne se doutaient pas que les Ducks sont à ce point rapides en plus d'être imposants et robustes. La clé du succès des Ducks est simple : ils frappent et gagnent les batailles à un contre un.

C'est pas fini !

La série est cependant loin d'être terminée. Ce n'est pas pour rien si les Sens se sont rendus jusque-là. Ils ont su réagir à l'adversité.

Les Sénateurs ont tout ce qu'il faut pour l'emporter : du talent, de la vitesse et un bon gardien de but. On ne peut pas en effet accuser Ray Emery pour les deux défaites, mais il devra faire comme Jean-Sébastien Giguère, c'est-à-dire voler un match à lui seul.

Je persiste à dire que cette série sera longue. Ce sont deux excellentes équipes qui s'affrontent.

Pour revenir dans la série, il faut absolument que les Sénateurs remportent leurs deux matchs devant leurs partisans. Le hockey est un sport où la confiance joue un rôle primordial. S'ils réussissent à gagner deux rencontres à la Place Banque Scotia, ils auront la confiance nécessaire pour aller arracher une victoire à Anaheim. S'ils en échappent une, ils seront dans le trouble…

Les Sénateurs doivent semer le doute dans la tête des Ducks. Car ces derniers leur ont envoyé un message au terme des deux premiers matchs : «Nous serons difficiles à battre à domicile. Si nous vous volons un match à Ottawa, la Coupe est à nous !»

Les joueurs des Sens devront s'inspirer de la foule lors du prochain match. Je crois que l'appui des partisans d'Ottawa va leur donner un second souffle.

* Propos recueillis par RDS.ca