TORONTO - Pas possible. Ma foi, c'est le fonds du baril. Imaginez que les toutous sont plus populaires aux États-Unis que Vincent Lecavalier, Martin St-Louis, Jarome Iginla.

Oui, oui, les toutous. Vous connaissez les émissions sur les plus beaux chiens du monde. Ça passe à RDS et, bien entendu, aux USA. Tout récemment, ESPN qui se fait tirer l'oreille relativement au prochain contrat avec la Ligue nationale de hockey, annonçait récemment que les toutous sont plus regardés que Vincent, Jarome, Martin et compagnie. Les comparaisons au niveau de l'auditoire s'établissent à partir du dernier championnat des toutous et de la série finale de la coupe Stanley, au printemps dernier.

Par conséquent, ça risque d'être un meeting intéressant, demain, alors que les propriétaires se réunissent tous à New York.

Il faut supposer que Gary Bettman profite toujours de l'immunité patronale et qu'il dressera le bilan de sa gestion devant les gouverneurs, les propriétaires de la Ligue nationale, avec confiance et surtout avec assurance.

Mais, cette immunité sera cependant attaquée, du moins c'est à prévoir, par les propriétaires riches qui ont vu fondre une partie de leurs revenus, au cours des derniers mois, le commissaire ne pouvant remplir tout à fait son mandat.

Les riches vont grogner. Les pauvres vont le féliciter. Et, les propriétaires les plus influents auront sans doute des questions à poser sur les solutions de rechange qu'entend adopter Bettman pour sauver la popularité du hockey, ou encore, ce qu'il en reste. Contrairement à Bob Goodenow, le commissaire est dans une position plus intéressante. Il a gagné un point majeur en forçant les joueurs, les membres du syndicat, à reconnaître que la Ligue nationale ne peut plus fonctionner sans un plafond salarial.

Il a obtenu ce compromis de la part des joueurs tout en se voyant offrir un cadeau inattendu, c'est-à-dire une réduction de 24% de tous les contrats signés par les équipes avec leurs patineurs. Une diminution qui, selon l'estimé de l'AJLNH, permettra aux propriétaires, s'ils adoptent une gestion intelligente, de sauver des centaines de millions de dollars, quelque chose comme $500 millions sur trois ans.

Donc, Bettman a rempli une partie de son mandat.

Mais, il a loupé le plus important, celle de se présenter devant ses patrons avec un contrat signé en bonne et due forme avec l'Association des joueurs. Non seulement a-t-il échoué bêtement, il a aussi, et c'est ça qui inquiète les propriétaires, placé le hockey sur le gril. Alors, je suppose que les propriétaires ont une série de questions pour Bettman.

. Comment entend-il reprendre les discussions avec les joueurs à la suite du fiasco d'il y a 10 jours, alors qu'on avait laissé miroiter la très forte possibilité d'un sauvetage à la dernière minute?

. Comment entend-il réparer les dommages collatéraux qu'a subis et que subira le hockey à la suite de l'annulation de la saison 2004-05?

. Comment parviendra-t-il à convaincre le public, déjà très limité, de revenir dans les amphithéâtres après avoir fermé les portes pendant 12 mois pour un stupide conflit, animé et surtout alimenté par deux personnages irrespectueux?

. Croit-il pouvoir obtenir un accord avec l'AJLNH avant le mois de juin alors que les équipes doivent lancer leur plan de marketing attaché à la vente des abonnements saisonniers, attaché à la poursuite des commanditaires que l'on a laissés sur la touche au cours de la dernière année?

. Quelles sont les solutions de rechange si jamais les joueurs s'entêtent à rejeter l'offre de $42.5 millions proposée par Bettman? Va-t-il se tourner du côté des joueurs de remplacement?

. Quelle convention de travail entend-il déposer sur la table des propriétaires dans le cas du recours à l'impasse?

Beaucoup d'interrogations, trop même, pour une ligue qui a perdu ses attributs et qui est devenu un sport mineur dans le grand marché du sport professionnels aux États-Unis. Je suis convaincu que plusieurs proprios se demandent si Bettman peut redresser la situation du hockey une fois qu'une entente sera signée - éventuellement on en viendra à un accord - surtout s'il peut redorer le blason d'un sport qui, depuis 10 ans, voit son produit de dégrader de façon dramatique. Poser la question, c'est pratiquement y répondre!