MONTRÉAL – Comme à peu près tout le monde au Québec qui possède un compte Twitter pour suivre autre chose que le #District31, Elliot Desnoyers a cru qu’il ne finirait pas la semaine avec les Mooseheads de Halifax.

Le week-end dernier, des journalistes à la réputation sans tache ont commencé à faire circuler une information à l’effet qu’une transaction envoyant Desnoyers chez les Sea Dogs de Saint John était imminente. Le quotidien Le Soleil de Québec rapportait qu’un espoir de premier plan et un choix de première ronde avaient été le prix à payer par les hôtes du prochain tournoi de la coupe Memorial pour mettre la main sur le représentant d’Équipe Canada junior.

« Quand tu as des gars comme Mikaël Lalancette et [Jeff Marek] de Sportsnet qui sortent des échanges à l’avance, tu ne te poses pas trop de question, racontait Desnoyers jeudi après-midi lorsque joint par RDS. Je savais que je pouvais être un joueur convoité par des équipes. Il y avait eu des rumeurs, ce n’était pas la première fois que j’entendais qu’il y avait des chances que j’aille à Saint John. Mais quand c’est eux autres qui l’écrivent, c’est un peu plus officiel, disons. »

Desnoyers a voulu avoir l’heure juste auprès de son directeur général Cam Russell et de son entraîneur-chef Sylvain Favreau. Ils lui ont répondu que ce genre de chose était hors de son contrôle, qu’il était toujours un membre des Mooseheads et qu’il allait le rester jusqu’à ce qu’on l’appelle pour lui dire le contraire. Cet appel n’est finalement jamais venu.

Pour ce qui devrait être sa dernière saison au niveau junior, l’espoir des Flyers de Philadelphie tentera donc d’aider l’une des plus jeunes formations de la LHJMQ à jouer les trouble-fête et à faire tomber des têtes en séries éliminatoires.

« Pour moi, il n’y a aucune déception aujourd’hui, assure l’auteur de 36 points en 23 matchs cette saison. Je pense qu’il n’y a pas une plus belle organisation dans la ligue que Halifax. C’est un honneur de voir qu’ils ont voulu me garder et qu’ils veulent pousser avec moi pour les playoffs, qu’ils me font confiance en tant que capitaine là-bas. »

« Je pense vraiment qu’il n’y a pas une équipe qui fonce pour la Coupe qui va vouloir nous affronter en séries, renchérit-il. Malgré le fait qu’on va certainement être sous-estimés, je pense qu’avec notre groupe, on peut certainement causer des belles surprises. »

Déjà, à la mi-saison, les Mooseheads occupent une position que peu leur prédisait en début de saison. Grâce à la contribution attendue de Desnoyers et de Zachary L’Heureux ainsi qu’à l’émergence du jeune Jordan Dumais, l’équipe de la Nouvelle-Écosse occupe le troisième rang du classement de l’Association Est derrière les puissances annoncées de Charlottetown et Québec.

L’enjeu devrait monter d’un cran dans la deuxième portion du calendrier. Les ténors des Maritimes ont tous fait des ajouts considérables durant le récent mercato tandis qu’à Halifax, Russell a finalement opté pour le statu quo. Ce conservatisme apparent alors que tout le monde bougeait autour ne déçoit pas Desnoyers.

« Au niveau des échanges, c’est terminé, mais je pense qu’on n’est jamais à l’abri d’une surprise, d’un agent libre ou d’un joueur qui aurait pu aller jouer NCAA. Je ne serais pas surpris de voir Cam et Sylvain nous arriver avec quelque chose. »  

Le mauvais film

Son 6 janvier, Elliot Desnoyers l’avait longtemps imaginé avec une médaille d’or au cou, effectuant un retour triomphal dans l’est du pays après avoir réalisé son rêve de représenter le Canada au Championnat du monde de hockey junior. L’annulation subite du tournoi en raison d’une éclosion incontrôlable de COVID-19 a brutalement mis fin à ses rêveries.

Celui qui a terminé l’année 2021 en alimentant le jeune prodige Connor Bedard a commencé 2022 en congé forcé au domicile familial de Saint-Hyacinthe.

« Au début, ça nous a tous vraiment fessés. On s’attendait à quelque chose en voyant les cas monter, mais on ne s’attendait pas à ce que ça soit aussi drastique. C’est sûr qu’hier, j’étais chez moi en train d’écouter un film au lieu de jouer le match pour la médaille d’or. C’est une réalité qui est assez décevante. »

Avant de reprendre la route d’Halifax, Desnoyers tentait de lâcher prise sur l’incontrôlable et de garder les choses en perspective. La reprise potentielle du tournoi à l’été l’allume, mais comme un chat échaudé craint toujours l’eau chaude, il préfère sagement attendre avant de s’emballer.

« Je garde espoir, mais je ne me fais pas trop d’attentes non plus. Ça va être difficile, au niveau du timing, de tout mettre ça en place, mais je garde espoir. Je ne vais pas nécessairement y penser à chaque jour, mais je serai prêt. Je vais être le premier à vouloir me préparer pour ça. »