Les deux grands quotidiens montréalais publiaient ce matin une nouvelle à l’effet que le commissaire de la LHJMQ Gilles Courteau se serait inscrit au registre des lobbyistes avec l’objectif de faire amender la loi sur les normes du travail du Québec. 

Dans quel but? Soustraire les joueurs de la LHJMQ aux lois concernant le salaire minimum. Il est de notoriété publique dans les cercles du hockey junior que les trois dirigeants de la Ligue canadienne de hockey (Courteau, Dave Branch et Ron Robinson) travaillent sans relâche depuis plus de deux ans sur cet épineux dossier. J’ai appris de bonnes sources que plus de deux millions de dollars ont déjà été dépensés en frais d’avocat pour préparer la LCH à un recours collectif de 180 millions de dollars intenté en 2014 par deux anciens joueurs junior, dont le principal impliqué, Sam Berg, fils de l’ex-joueur des Maple Leafs Bill Berg.

Au cours des derniers mois, trois provinces canadiennes où l’on retrouve 13 des 60 équipes de la LCH (la Colombie-Britannique, la Saskatchewan et la Nouvelle-Écosse) ont déjà accepté de modifier la loi sur le salaire minimum pour soustraire les joueurs junior à cet état de fait. Selon une lettre obtenue par le quotidien La Presse, il appert que Gilles Courteau a eu une rencontre avec la ministre du Travail Dominique Vien à cet effet en avril dernier afin que le Québec emboîte le pas et soustrait, lui aussi, les joueurs de la LHJMQ aux lois du salaire minimum.

Ce dossier traîne en longueur et a débuté à l’automne 2012 alors qu’une prétendue association des joueurs de la LCH a tenté, en vain, de voir le jour. Une syndicalisation des joueurs junior pourrait avoir des conséquences néfastes sur la viabilité de plusieurs concessions à travers le pays. S’il est vrai que les Hitmen de Calgary, les Knights de London ou les Remparts de Québec attirent des foules qui permettent de croire qu’une refonte du système économique du hockey junior se ferait sans trop de heurts, il faut se poser des questions sur les conséquences qu’un tel réaménagement aurait sur des concessions comme Kootenay, Prince Albert, Swift Current, Owen Sound ou, ici au Québec, à Val-d’Or, Baie-Comeau, Rouyn-Noranda ou encore Bathurst au Nouveau-Brunswick.

Le fameux salaire minimum 

Sauf erreur, aucun joueur actuel de la LHJMQ ne s’est plaint du traitement qu’il reçoit. Est-ce qu’il voudrait avoir plus d’argent dans ses poches que le 50-75 $ par semaine qu’il obtient? Assurément. Mais est-ce que les joueurs juniors seraient plus heureux avec le salaire minimum en vigueur pour par la suite devoir débourser leurs frais de logements et d’études avec ce salaire? Pas sûr! 

Il est facile de dire qu’un joueur de la LHJMQ « travaille, s’entraîne ou voyage » 45-50 heures par semaine. Pour cela, il reçoit une allocation de joueurs qui n’est pas élevée, mais il reçoit beaucoup plus que cela en fait. L’équipe junior paye d’abord sa pension (plus ou moins 125 $/semaine), le joueur est aussi pris en charge au niveau scolaire, et s’il termine son stage junior en ayant poursuivi ses études, il peut recevoir jusqu’à 30 000 dollars en bourses pour le niveau universitaire. L’équipe offre aussi à tous ses joueurs l’équipement de premier plan ainsi que les services de nutritionniste, spécialiste en conditionnement physique, conseiller pédagogique, psychologue, etc. Faites le calcul au bout de quatre ans et vous constaterez que la « paye » du joueur est pas mal plus élevée que le « 10,75 $ » de l’heure.

Les joueurs junior, que je sache, et faites-le-moi savoir si c’est le contraire, ne se plaignent pas de leurs conditions. Ils vivent le rêve de jouer dans un niveau de jeu extrêmement relevé devant des foules parfois très importantes et aussi devant les caméras de télévision. Ils sont adulés dans leur milieu respectif et ont une chance de vivre une école de vie assez incroyable, et qui sait de peut-être se rendre au niveau professionnel.

J’ai lu des blogues et entendu des commentaires au cours des dernières années à l’effet que les joueurs junior étaient « exploités ». Si c’est le cas, ils n’ont qu’à tirer leur révérence et aller jouer dans un autre niveau ou avec leurs amis à l’aréna du coin. Ils ne sont pas des esclaves retenus de force à leurs dépens. J’aime à penser que les joueurs de la LHJMQ sont des privilégiés d’un système qui certes peut encore s’améliorer mais qui est loin d’être aussi déficient que certains l’avancent. 

J’ai personnellement eu deux enfants qui ont étudié à l’extérieur du domicile familial et les emplois d’étudiants qu’ils ont obtenus (au salaire minimum) n’incluaient pas les frais de leur appartement, de leur épicerie et de leurs manuels scolaires… Loin de là. Et au terme de leur stage de trois ans au cégep, ils n’ont pas non plus obtenu de bourses universitaires de 30 000 dollars,,, Pourtant ils étaient payés au salaire minimum.

Je m’adresse à vous joueurs de la LHJMQ : je crois sincèrement que vous êtes dans une situation où plusieurs de vos amis gagnant le salaire minimum en n’étant pas joueur de hockey échangeraient de place avec vous. 

Je sais que ce n’est pas VOUS qui réclamez des changements, ce sont des gens de l’externe ou des anciens joueurs qui se sont dit que ce serait sans doute une bonne idée d’essayer de faire de l’argent sur le dos des équipes qui, dans la plupart des cas, ont bien de la difficulté à joindre les deux bouts dans leur marché respectif pour tenter de VOUS donner le meilleur encadrement possible!